Les assises des guides de haute- montagne viennent de se dérouler à Nice. Selon le syndicat national, cette profession serait la plus dangereuse de France avec un taux de mortalité très élevé. Des risques sont intimement liés au climat.
Les guides de montagne, réunis à Nice pour des Assises de la sécurité en montagne inédites après une année 2018 particulièrement dramatique, ont débattu sans fard vendredi des moyens de réduire le risque d'accidents -plus nombreux en France qu'ailleurs-, accru désormais par le réchauffement climatique.
Page spéciale sur ces dangers avec Jean-Philippe Demaël Conseiller syndicat guides de haute montagne invité du journal de vendredi 23 novembre :Le réchauffement des températures, deux à trois fois plus rapide dans les zones de montagne qu'à l'échelle planétaire, n'est cependant pas à l'origine de tous les risques.
David Ravanel, guide à Chamonix, n'en revient toujours pas: il a vécu un été inédit avec des guides contraints à l'inactivité en plein mois d'août et des itinéraires classiques, comme le Couloir du Goûter conduisant au Mont-Blanc, rendus impraticables par les chutes de pierre à répétition.
"Beaucoup de course ne sont plus faisables, l'été principalement. Mais l'hiver, le fait qu'il y ait globalement moins de neige est aussi source de danger car l'activité va se concentrer à des moments précis et la saison sera moins étalée", redoute-t-il.
"Depuis deux ans, on voit bien qu'on ne peut pas continuer comme ça", explique Christian Jacquier, président du SNGM, décidé à faire bouger ses collègues, sous
la pression des assureurs et des juges.
Le réchauffement des températures mis en cause
Le réchauffement des températures, deux à trois fois plus rapide dans les zones de montagne qu'à l'échelle planétaire, n'est cependant pas à l'origine de tous les risques.
Culture de l'exploit sportif, tabou sur les causes d'accidents: plusieurs guides ont témoigné lors des assises tandis que des intervenants extérieurs à la profession n'ont pas hésité à prendre les guides présents à rebrousse-poil.
Alain Duclos, ancien guide et aujourd'hui expert en avalanches auprès des tribunaux, a, lui, raconté comment après un accident en 1994, il a, à l'époque, reçu comme consigne de se taire:
Je n'ai pas raconté, j'ai été condamné, on est resté sur des rumeurs et aucune leçon n'a été tirée.
L'année 2018 a déjà fait 17 morts parmi des groupes accompagnés d'un guide. Sur la dernière décennie, les guides français ont enregistré cinq fois plus de décès que leurs collègues suisses.
Le syndicat prévoit aussi un jour de formation continue par an, qui serait à terme obligatoire et le recours à des formateurs venus de secteurs variés capables de parler de la gestion des risques dans leurs métiers (médical, aéronautique, industrie) ou d'autres thèmes comme la relation aux clients.