Novak Djokovic, numéro un mondial, a assuré s'être blessé à force de glisser sur le court Philippe Chatrier, où il n'y avait pas assez de terre battue selon lui, ce lundi 3 juin. Saviez-vous que l'histoire de la terre battue commence dans les Alpes-Maritimes ?
La terre battue de Roland-Garros fait parler d'elle. Qualifié pour son quinzième quart de finale de rang à Roland-Garros, Novak Djokovic a failli abandonner en huitièmes de finale face à Francisco Cerundolo, lundi 3 juin.
La faute à une blessure contractée dans le deuxième set. Novak Djokovic a pesté contre l'état du court Philippe Chatrier, responsable selon lui de cette blessure : "À cause des conditions plus sèches, plus chaudes, qui ont affecté le terrain, il est devenu très glissant. Je me suis blessé au genou aujourd'hui à cause de cela, parce que j'ai glissé. Tout le monde glisse sur la terre battue, c'est sûr. Mais j'ai glissé trop souvent. C'est inhabituel."
On vous dit tout sur son histoire qui a traversé la France entière, de Vallauris dans les Alpes-Maritimes à la briquerie de Waziers dans le Nord.
Deux lords anglais à l’origine de la terre battue
Initialement, le tennis, c'était le jeu de paume joué par les aristocrates au 18 e siècle. Un sport qu’ils pratiquaient sur gazon avec des clous pour délimiter le terrain.
Jusqu’à l’arrivée à Cannes des jumeaux Renshaw en 1878. Ces lords sont des passionnés de tennis et très vite, ils invitent leurs amis, font construire des terrains et organisent des compétitions. Mais jouer sur l’herbe ne leur convient pas, notamment à cause de l’ensoleillement et de la sécheresse. Lors d’une visite à Vallauris toujours dans les Alpes-Maritimes, ils découvrent le travail des potiers qui se servent de cette poudre de terre cuite, cette fameuse terre rouge.
Ils décident alors de répandre cette matière première sur un sol avec, puis sans herbe pour faire de la terre battue.
À Roland Garros, c'est Philippe Vaillant qui dirige l’entretien des courts depuis de nombreuses années et cette terre que l'on dit être "la meilleure au monde." Dans ses mains : 40 tonnes de belle terre ocre.
Pendant le tournoi, c’est une véritable "armée" qui arrive en renfort pour entretenir ces 32 courts. Le mot est à peine trop fort. Les 200 employés sont reconnaissables à leur tenue bleue la semaine, blanche le week-end.
On retrouve des cailloux pour former la couche drainante, des mâchefers pour une réserve d'eau, la chape en calcaire compactée et au-dessus, la brique pillée pour le contraste visuel. Cela permet aussi bien de la glisse et des appuis pour les joueurs. Ne cherchez pas la terre, il n'y en a pas !
Philippe Vaillant, en charge des terrains à Roland GarrosFranceinfo.
L'avis des Niçois
Le Nice LTC a été fondé en 1890 au Parc Impérial à Nice quand la terre battue a commencé à recouvrir les courts. Avec ses 18 cours en terre battue, et ses nombreuses compétitions, les équipements du Nice Lawn Tennis Club sont ici surveillés de très près. Il ne se passe pas un jour sans que des agents, formés avec des spécialistes des cours de Roland-Garros, s’en occupent.
"La terre battue est une matière vivante dont il faut s’occuper quotidiennement," selon Didier Frantz, ancien directeur des sports au Nice LTC.
"Ici, on joue toute l’année. Il est donc très important que les terrains répondent aux attentes des joueurs. Que ce soit le chaud ou le froid, ces températures détériorent les terrains", selon Didier Frantz, ancien directeur des sports au Nice LTC
►Voir le reportage de France 3 Côte d'Azur sur la préparation de la terre battue pour l'Open de Nice Côte d'Azur le 7 mai 2012 :
C’est pourquoi chaque soir, tous les cours de tennis sont quasiment inondés pour faire face à la sécheresse et au climat méditerranéen. Il faut procéder à un arrosage considérable pour conserver l’humidité, surtout durant la période estivale.
Si c’est nécessaire, c’est régulièrement que des réflexions sont engagées pour refaire complètement des cours. En 2020, la Fédération Française de Tennis (FFT) ne recense plus que 16% de courts en terre battue. On recense 4 963 terrains en terre battue.
Dans une interview de 2017, le responsable des équipements à la FFT expliquait la baisse du nombre de terrains en ocre :
Elle s'explique par "l’opération '10 000 courts' engagée dans les années 80 et qui a permis majoritairement le développement des courts en dur". Mais aujourd'hui, la FFT et ses dirigeants souhaitent avec le programme fédéral redonner toutes leurs lettres de noblesse aux courts en terre traditionnelle et aux clubs. D'abord parce que cette surface présente de nombreuses qualités.
Pour soutenir cette surface qui on l'a compris est délicate en terme d'entretien et favoriser son développement, une association se propose même de la défendre ! C'est l'ADTB : association de défense de la terre battue.
Quant à la Fédération Française de Tennis, la FFT, son "service équipement" offre un service gratuit à l’ensemble des clubs affiliés, via les ligues, afin de les conseiller et de les accompagner, de l’entretien des terrains existants à la construction de nouveaux équipements. Des financements sont même possibles.
Quant à "l'or rouge" de Roland-Garros, reste à savoir si qui en sera le roi cette année.