Les réseaux sociaux sont un espace d'échanges formidable, où règne la liberté d'expression. C'est aussi "une toile qui tisse la haine". Particuliers, entreprises, politiques, sportifs de haut niveau, personne n'est à l'abri et pour la première fois, le tournoi de tennis de Roland Garros fait appel à la startup niçoise Bodyguard pour protéger ses joueurs de tennis.
A Roland Garros, pendant les deux semaines que dure le tournoi de tennis et la semaine qui suit, le premier du Grand Chelem, les joueurs ne devraient pas être la cible de cyberharceleurs.
Pourquoi ? Parce qu'à Nice, une startup du nom de Bodyguard -garde du corps en français- veille au grain. Contenus haineux, insultes, menaces, harcèlement sur les réseaux sociaux, l'entreprise est spécialisée dans la modération des messages publiés sur les réseaux sociaux.
Les sportifs en sont souvent victimes et en font parfois état, comme l'Avignonnais Benoît Paire, battu au 1er tour par le Coréen Kwon au tournoi d'Estoril et copieusement insulté. C'était en avril 2022.
Un QR code et le tour est joué
Concrètement, cette année et c'est une première, les joueurs de Roland Garros n'ont qu'un QR code à scanner avec leur portable. Voilà leurs comptes immédiatement connectés à l'application Bodyguard. La suite, c'est l'analyse du commentaire en temps réel, à la fois par l'intelligence artificielle et par une modération humaine. Il sera immédiatement supprimé s'il relève de cyberharcèlement.
Une première pour un événement mondial
C'est donc la première fois qu'un événement sportif mondialement suivi opte pour ce dispositif et choisit ainsi de protéger ses athlètes. Car le mental est un élément essentiel dans la performance.
Yann Guérin est directeur des sports à Bodyguard et décline l'activité de l'entreprise chiffres à l'appui.
On travaille beaucoup avec le monde du sport, soit en direct avec les athlètes , soit avec les clubs, les fédérations, les ligues dans le monde du basket, du foot, du rugby, du sport automobile et maintenant du tennis.
Yann Guérin, directeur des sports à Bodyguard
Et pour la tennis woman française Alizé Cornet, cette protection des sportifs dans le cadre d'un tournoi est une excellente nouvelle. Dès août 2021, elle avait dénoncé les messages haineux dont elle faisait l'objet.
Matthieu Boutard est le président de Bodyguard. Spécialiste de la sécurité informatique, il explique la philosophie de sa société. Dans un monde très agressif, il convient de "conforter un débat sans excès".
Notre mission, c'est de protéger le plus de personnes et d'entreprises de la toxicité en ligne. Notre vision est de permettre des échanges sains entre les individus, les communautés et les entreprises.
Matthieu Boutard, président de Bodyguard
Bodyguard, une success story
Nous sommes en 2018 : Charles Cohen, niçois, a un peu plus de 20 ans et un bac en poche. Après un fait divers lié au cyberharcèlement d'une enfant, il a une idée : créer un système qui filtrerait les commentaires, et préserverait les utilisateurs de contenus haineux, toujours traumatisants.
Six ans plus tard, Bodyguard emploie 50 salariés et a déménagé dans le quartier de l'Arénas à Nice.
On protège nos clients car on filtre le contenu de 2,3 milliards de followers sur tous les continents. On a dépassé le milliard de messages bloqués depuis la création de la startup.
Yann Guérin, directeur des sports à Bodyguard
Désormais, la modération établie par l'entreprise permet de bloquer les discours de haine, les insultes mais plus seulement. Les arnaques en ligne, robots pornographiques, spams ou liens frauduleux sont également détruits.
Enfin, tout commentaire pénalement répréhensible peut être signalé au client, avec identification de l'auteur du message.
Comment réagir en cas de harcèlement en ligne ? La Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL) indique la procédure à suivre.
Comment bloquer ses comptes, réaliser une capture écran des messages et porter plainte. Tout est indiqué ici.