Le premier tour de Roland Garros se poursuit ce mardi, avec l'entrée en lice des vétérans tricolores Gaël Monfils et Richard Gasquet. Le Russe Daniil Medvedev lance également sa quinzaine, tout comme la Polonaise Iga Swiatek. Mais saviez-vous que sous leurs chaussures, il y a un peu de la Côte d'Azur ?
La Niçoise Diane Parry (79e) a surpris 6-2, 6-3, l'Ukrainienne Anhelina Kalinina, 26e joueuse mondiale ce mardi au premier tour de Roland-Garros.
A 20 ans, elle a dominé son adversaire, récente finaliste du WTA 1000 de Rome, imposant son tennis fait de variations et de changements de rythme pour signer une victoire autoritaire sur la terre battue de Roland-Garros.
Mais en bonne Azuréenne, sait-elle que sa région natale à un lien avec cette fameuse poudre rouge qui colle tant aux baskets des joueurs ?
On vous dit tout sur son histoire qui a traversé la France entière, de Vallauris dans les Alpes-Maritimes à la briquerie de Waziers dans le nord.
Deux lords anglais à l’origine de la terre battue
Initialement, le tennis, c'était le jeu de paume joué par les aristocrates au 18e siècle. Un sport qu’ils pratiquaient sur gazon avec des clous pour délimiter le terrain.
Jusqu’à l’arrivée à Cannes des jumeaux Renshaw en 1878. Ces lords sont des passionnés de tennis et très vite, ils invitent leurs amis, font construire des terrains et organisent des compétitions. Mais jouer sur l’herbe ne leur convient pas, notamment à cause de l’ensoleillement et de la sécheresse. Lors d’une visite à Vallauris toujours dans les Alpes-Maritimes, ils découvrent le travail des potiers qui se servent de cette poudre de terre cuite, cette fameuse terre rouge.
Ils décident alors de répandre cette matière première sur un sol avec, puis sans herbe pour faire de la terre battue.
À Roland Garros, c'est Philippe Vaillant qui dirige l’entretien des courts depuis cinq ans et cette terre que l'on dit être "la meilleure au monde." Dans ses mains : 40 tonnes de belle terre ocre.
Pendant le tournoi, c’est une véritable "armée" qui arrive en renfort pour entretenir ces 32 courts. Le mot est à peine trop fort. Les 200 employés sont reconnaissables à leur tenue bleue la semaine, blanche le week-end.
On retrouve des cailloux pour former la couche drainante, des mâchefers pour une réserve d'eau, la chape en calcaire compactée et au-dessus, la brique pillée pour le contraste visuel. Cela permet aussi bien de la glisse et des appuis pour les joueurs. Ne cherchez pas la terre, il n'y en a pas !
Philippe Vaillant, en charge des terrains à Roland Garrosau micro de France Info.
L'avis des Niçois
Le Nice LTC a été fondé en 1890 au Parc Impérial à Nice quand la terre battue a commencé à recouvrir les courts. Avec ses 18 cours en terre battue, et ses nombreuses compétitions, les équipements du Nice Lawn Tennis Club sont ici surveillés de très près. Il ne se passe pas un jour sans que des agents, formés avec des spécialistes des cours de Roland-Garros, s’en occupent.
La terre battue est une matière vivante dont il faut s’occuper quotidiennement,
Ici, on joue toute l’année. Il est donc très important que les terrains répondent aux attentes des joueurs. Que ce soit le chaud ou le froid, ces températures détériorent les terrains.
►Voir le reportage de France 3 Côte d'Azur sur la préparation de la terre battue pour l'Open de Nice Côte d'Azur le 7 mai 2012 :
C’est pourquoi chaque soir, tous les cours de tennis sont quasiment inondés pour faire face à la sécheresse et au climat méditerranéen. Il faut procéder à un arrosage très important pour conserver l’humidité, surtout durant la période estivale.
Si c’est nécessaire, c’est régulièrement que des réflexions sont engagées pour refaire complètement des cours. En 2020, la Fédération Française de Tennis (FFT) ne recense plus que 16% de courts en terre battue. On recense 4 963 terrains en terre battue.
Dans une interview de 2017, le responsable des équipements à la FFT expliquait la baisse du nombre de terrains en ocre :
Elle s'explique par "l’opération '10 000 courts' engagée dans les années 80 et qui a permis majoritairement le développement des courts en dur". Mais aujourd'hui, la FFT et ses dirigeants souhaitent avec le programme fédéral redonner toutes leurs lettres de noblesse aux courts en terre traditionnelle et aux clubs. D'abord parce que cette surface présente de nombreuses qualités.
Pour soutenir cette surface qui on l'a compris est délicate en terme d'entretien et favoriser son développement, une association se propose même de la défendre ! C'est l'ADTB : association de défense de la terre battue.
Quant à la Fédération Française de Tennis, la FFT, son "service équipement" offre un service gratuit à l’ensemble des clubs affiliés, via les ligues, afin de les conseiller et de les accompagner, de l’entretien des terrains existants à la construction de nouveaux équipements. Des financements sont même possibles.
Quant à "l'or rouge" de Roland-Garros, reste à savoir si qui en sera le roi cette année.