Marc Phalip était sur la Promenade des Anglais à Nice, le soir du 14 juillet 2016. Formé comme pompier volontaire, il a porté secours aux victimes de l'attentat tout de suite après le passage du camion. Les images qu’il a vues ce soir-là ne le quittent plus. Il témoigne.
Marc Phalip a mis très longtemps à se considérer lui-même comme une victime de l’attentat du 14 juillet 2016 à Nice. Six ans plus tard, il commence seulement à admettre que cet événement l’a affecté bien plus qu’il ne voulait l’admettre au départ.
Ce pompier volontaire était venu sur la Promenade des Anglais le soir du 14 juillet non pas pour voir le feu d’artifice mais simplement pour manger une glace avec son épouse.
Il a vu le camion passer sur la Promenade des Anglais et a tout de suite compris que quelque chose n’allait pas : “Je sais que les véhicules ne doivent pas passer, même les moyens de secours, et au bout d’un moment j’ai compris, je me suis dit ça y est, c’est ce soir.”
Dans un climat inquiétant après les attentats de Paris en janvier puis en novembre 2015 puis avec l’Euro de football qui venait d’arriver pendant lequel les forces de sécurité étaient sur le qui-vive, Marc comprend qu’il assiste à un attentat.
Il sauve la vie d’un Américain
Il a immédiatement le réflexe d’aller porter assistance aux victimes. Il va jusqu’à transporter deux victimes à l’hôpital dans sa propre voiture avec l’accord de leur famille. Une jeune fille ne survivra pas à ses blessures et décédera à l’hôpital par la suite.
Toutefois, Greg Krentzman, un Américain, aurait pu mourir si Marc Phalip n’était pas intervenu.
Après lui avoir posé un garrot, Marc l’a amené aux urgences de l’hôpital Pasteur et est reparti pour continuer à porter secours aux victimes. Greg Krentzman a fait des efforts pour tenter de retrouver son “sauveur”. Ils se sont finalement rencontrés six mois plus tard, dans un grand moment d’émotion.
Un traumatisme qu’il a mis longtemps à s’avouer
Les visions cauchemardesques durent plusieurs jours pour Marc qui ne compte pas les heures qu’il a passées à aider les secours le soir du 14 juillet et les jours qui ont suivi. Sur le moment, personne n’est allé vers lui pour lui demander s’il avait besoin d’une assistance psychologique. “Je ne suis pas quelqu’un qui se plaint, alors je ne me suis pas senti de parler du traumatisme lié à ce que j’avais vu. J’avais peur d’en parler aux gens”, dit-il à France 3 Côte d’Azur.
Et aujourd’hui, il se retrouve hanté par des images gravées dans son esprit.
Je me revois encore conduire sur la Promenade pour sauver les gens, je conduisais parmi les corps… Vous pouvez prendre des médicaments, aller voir des psys, ce que vous voulez... Mais ça ne s'effacera pas. C'est comme une cicatrice. Vous l'avez, vous la gardez à vie.
Marc Phalip
Ce Niçois s’est toujours baladé sur la Promenade des Anglais. “C’était magnifique et maintenant, je n’arrive plus à voir les images de mon enfance, j’ai des images gravées dans la tête”, confie-t-il. “Je n’ai plus le goût de vivre”, souffle-t-il.
Marc n’avait pas fait de demande pour le Fonds de garantie des victimes. Il ne se sentait pas non plus légitime à porter plainte.
Toutefois, quelques mois avant le procès, il a décidé de se porter partie civile pour aller témoigner. Pour le moment, sa demande n’a pas abouti.