La désignation du président à l'UMP tourne à la foire d'empoigne. Les proches de Copé affirment avoir constaté des "irrégularités" à Nice, fief des fillonistes Christian Estrosi et Eric Ciotti.
Le vote des adhérents pour désigner un nouveau président à l'UMP tourne à la foire d'empoigne, Jean-François Copé et François Fillon revendiquant chacun de leur côté la victoire, pendant que leurs camps s'accusent de fraudes.
A 23H30, alors qu'une pluie d'annonces de contestations s'était abattue sur le scrutin, Jean-François Copé a le premier revendiqué la victoire au siège de l'UMP, prenant son rival de vitesse.
"Les militants et les militants de l'UMP viennent aujourd'hui de m'accorder la majorité de leurs suffrages et ainsi de m'élire comme président de l'UMP", a-t-il lancé devant ses partisans. Un de ses proches a assuré que Jean-François Copé avait "1.000 voix" d'avance sur François Fillon.
Peu après, c'était au tour de l'ancien Premier ministre de venir annoncer sa "courte victoire de 224 voix", tout en prévenant que ses résultats devaient être officialisés par la commission interne du parti, la Cocoe."Je ne laisserai pas la victoire échapper aux militants", a-t-il averti, reprenant une phrase lancée en 2008 par Ségolène Royal lors du délétère congrès du PS à Reims, où elle contestait la victoire à sa rivale Martine Aubry.
Cette guerre des nerfs, dont l'UMP se serait bien passée, s'est doublée d'accusations de fraudes mutuelles entre les deux camps.
Dans la soirée, les proches de Jean-François Copé ont affirmé avoir constaté des "irrégularités" à Nice, fief des fillonistes Christian Estrosi et Eric Ciotti, et à Paris, où François Fillon est élu.
Dans la 1ère circonscription des Alpes-Maritimes, comme dans le XVIe arrondissement de la capitale, c'est le décalage entre les bulletins comptabilisés et les émargements qui a jeté le trouble.
"Intox", a répondu Eric Ciotti, assurant qu'il n'y avait qu'une seule voix d'écart entre bulletins et émargements dans sa ville.
"Nous formulerons un certain nombre de contestations, bien supérieures à celles de Jean-François Copé", a rétorqué de son côté le député Bernard Debré, proche de François Fillon, laissant augurer une bataille difficile. Le parlementaire a notamment évoqué des procurations suspectes et parlé d'"anomalies très flagrantes".
"Nous sommes allés porter plainte auprès de la Cocoe", a aussi affirmé le député Patrick Ollier, soutien de François Fillon.
Cette ambiance tendue risque de gâcher le premier grand exercice de démocratie interne pour l'UMP, dix ans après sa fondation. Pourtant, tout avait bien commencé, avec une bonne mobilisation parmi les quelque 300.000 adhérents, la participation semblant dépasser largement les 50%.
L'enjeu est d'importance. Le vainqueur, qui sera président de l'UMP jusqu'en 2015, aura une longueur d'avance pour la présidentielle de 2017 même si l'échéance décisive sera la primaire de 2016 et si Nicolas Sarkozy pourrait vouloir troubler le jeu.
Devant ce spectacle, les adversaires de l'UMP à droite ne pouvaient que se réjouir. "On vit en direct le crash de l'UMP (...) quel que soit le président (...) il n'aura aucune légitimité, puisqu'on a un parti qui est brisé en deux", s'est réjoui le vice-président du FN, Florian Philippot.
"Ce parti sombre dans le ridicule", a renchéri le leader de Debout la République, Nicolas Dupont-Aignan, qui a appelé les adhérents de l'UMP à rejoindre son mouvement souverainiste.
"Je ne peux pas me réjouir de cette situation", a au contraire réagi le porte-parole du PS, David Assouline. Selon lui, "ça ne peut pas être une bonne nouvelle que de voir que la droite est à ce point en situation de se marginaliser sur le plan de sa crédibilité".
Avant la clôture du scrutin, François Fillon et Jean-François Copé avaient fait part tous deux de leur "confiance", se félicitant de la "mobilisation".
Favori des sondages réalisés auprès d'un public plus large - les sympathisants UMP - François Fillon a achevé sa tournée en Vendée en invitant les militants à se poser une seule question: "Qui est le mieux placé pour rassembler les Français autour de l'UMP ?"
De son côté, Jean-François Copé, a mené campagne tambour battant jusqu'à la dernière minute en avalant les kilomètres - Eure, Seine-Maritime et Yvelines - et en envoyant un message audio, par téléphone, à chacun des adhérents pour les appeler à faire le choix d'un chef d'une opposition de "résistance", sur sa ligne d'une "droite décomplexée".
En fin de campagne, le ton s'était durci entre les deux camps. François Fillon a accusé son adversaire d'emprunter "tous les virages à droite", tandis que Jean-François Copé a raillé son opposition "en pantoufles" et son côté "Hollande de droite".
Pas de divergences politiques fondamentales entre les deux hommes, qui revendiquent toutefois leurs "différences".
Après 5 ans passés à Matignon, M. Fillon se pose en "homme d'Etat" et se projette déjà dans le rendez-vous présidentiel de 2017. Jean-François Copé revendique d'être "le premier des militants", promet une "vague bleue" aux municipales de 2014 et recourt aux formules-chocs ("racisme anti-Blancs", appel à manifester).
Outre l'élection du président, les adhérents UMP devaient reconnaître officiellement les "courants", une première à droite.