Des élus Europe-Écologie-Les-Verts de Nice ont fait la demande d'un changement de nom d'un lycée de la ville auprès de la région Paca. Ils reprochent à l'établissement de porter le nom d'un soutien du Maréchal Pétain, du dictateur Franco et d'être un ancien membre du GUD. Son nom : Thierry Maulnier.
Certains élèves étaient bien étonnés de voir du raffut - dont ils n'étaient pas les instigateurs - devant l'entrée de leur établissement, le lycée Thierry Maulnier à Nice ce mercredi 4 octobre. Des élus de gauche distribuaient des tracts pour rappeler l'histoire de cet homme aux lycéens.
Un passé "peu honorable"
Thierry Maulnier, de son vrai nom, Jacques Talagrand est un écrivain au passé trouble entre nazisme, fascisme et colonialisme.
En 1937, il est le cofondateur d'un hebdomadaire satirique antisémite appelé L'insurgé politique et social. Puis, il soutient la dictature de Franco en Espagne et devient un acteur d'Action Française, un regroupement nationaliste d'extrême droite. Dans les années 1940, Thierry Maulnier se montre comme soutien au Maréchal Pétain.
Un peu plus tard, au moment de la décolonisation française, il se prononce contre. Durant toutes ces années, il est un ami proche de Robert Brasillach, un collaborateur antisémite connu dans les années 1930 et 1940 pour son travail dans la presse. Robert Brasillach a été condamné à mort pour "intelligence avec l'ennemi" en 1945.
Enfin, en 1977, il prend position en faveur du GUD (Groupement Union Défense, une organisation étudiante d'extrême droite connue pour ses actions violentes), pour des étudiants militants de ce groupement arrêtés après des troubles créés à la faculté d'Assas à Paris.
Mais alors pourquoi ce lycée porte-t-il son nom ?
Thierry Maulnier et ses frères ont fréquenté un lycée niçois lorsqu'ils étaient jeunes. Après le divorce de leurs parents, leur père, professeur, est affecté dans un lycée à Nice. Par ailleurs, à la fin des années 50, il est honoré par le grand prix de la littérature de l'Académie Française avant d'y siéger lui-même. Écrivain, journaliste et académicien passé par ce lycée, il n'en a pas fallu davantage pour choisir le nom en 1990, deux ans après sa mort, lorsque le lycée a vu le jour.
Pour Juliette Chesnel-Le Roux, présidente des élus écologistes à la métropole de Nice, impossible de laisser les choses telles qu'elles sont. Avec d'autres élus de gauche, elle a adressé un courrier à la région et au ministre de l'Éducation Nationale pour faire une demande de changement de nom du lycée.
"Il est connu pour avoir fait dans sa vie peu honorable, des actions contre la République, déclare-t-elle. Alors donner son nom à un lycée, un lieu où on apprend notamment les bases des valeurs républicaines, cela fait contresens."
Une réponse négative du président de région
La distribution de tracts le mercredi 4 octobre a permis aux élus d'informer les élèves sur le nom de leur lycée. "Certains étaient très choqués", assure Juliette Chesnel-Leroux. Un groupe aurait même émis l'idée de donner la parole aux lycéens pour trouver un nouveau nom pour l'établissement.
Cela pourrait être un débat intéressant avec leur professeur d'histoire par exemple : Qu'est-ce que cela représente de donner le nom de quelqu'un à une rue ou un lycée ? Est-ce que cela a un sens ou est-ce juste une indication géographique ? Pour nous, c'est bien plus que ça, ça veut dire qu'on lui donne les honneurs de la République.
Juliette Chesnel-Leroux, élue écologiste
Les élus avec qui elle s'est mobilisée ont fait plusieurs propositions pour changer le nom du lycée : la résistante corse Danielle Casanova ou bien Charlotte Delbo, elle aussi résistante, ou encore Arnaud Beltrame ou Samuel Paty...
Les possibilités sont multiples, ils ne manquent pas d'inspiration.
Interrogé par France 3 Côte d'Azur, Renaud Muselier, président de la région, en charge des lycées, a déclaré pour l'instant :
Ils peuvent manifester mais pour l'instant c'est Thierry Maulnier, ça restera Thierry Maulnier.
Renaud Muselier, président de la région Paca
"Si la région refusait officiellement, il faudrait qu'il donne une bonne raison, rétorque Juliette Chesnel-Leroux. Je trouverai ça scandaleux qu'ils refusent de considérer la question."
D'autres lycées ont déjà changé de nom en France, comme le lycée Anatole de Monzie (un homme politique soutien au régime de Vichy) à Bazas en Gironde, devenu le lycée Gisèle Halimi en 2021.