C'est un procès d'envergure qui s'est ouvert ce lundi matin devant le tribunal correctionnel de Nice. Neuf prévenus, tous Azuréens, poursuivis pour un vaste trafic de drogue (résine de cannabis et cocaïne) entre l'Espagne, Paris, Marseille et Nice et association de malfaiteurs. Les enquêteurs y ont mis un terme à la mi-2020.
Ils ont la vingtaine, ont grandi dans le quartier des Moulins à Nice, portent barbes et coiffures soignées. Leur décontraction apparente contraste avec la gravité des faits qui leur sont reprochés : transport et importation de cannabis et cocaïne.
Premier appelé à la barre, Omar G. C'est le doyen de ce dossier. La nuit du 11 février 2020 au péage du Capitou à Fréjus dans le Var, les douaniers découvrent derrière la banquette du fourgon qu'il conduit depuis l'Espagne trois sacs de sports bourrés de résine de cannabis.
"J'avais des dettes, besoin d'argent"
Devant ses juges, il assume "j'avais des dettes, besoin d'argent, j'ai accepté de faire le voyage en connaissance de cause, pour l'appart du gain. C'est une grosse erreur..."
"C'est lui qui est à l'origine de l'ouverture de cette instruction", précise Me Kim Camus, avocate d'Omar G. Et d'ajouter : "On lui reproche d'avoir transporté de la résine de cannabis à hauteur de 90 kg, d'Espagne vers la France."
Dans ce dossier, il n'y pas de principal protagoniste, car c'est un dossier dans lequel on a réuni toutes les petites mains et les gros protagonistes sont eux absents.
Me Kim Camus, avocate d'Omar G.
Il est beaucoup question d'un certain "Grand du quartier" que tous redoutent. En réalité il s'agit de plusieurs caïds, dont l'un réfugié au Maroc.
C'est dans sa villa que Boumedienne B. aurait volé, dit-il, 15 000 € en liquide.
Quelques semaines plus tard, trois hommes menaçants l'attendent en bas de son immeuble. Pour rembourser sa dette, il devra jouer les transporteurs entre Paris et Nice.
"Mon client est originaire d'un quartier sensible de Nice, les Moulins. Dans ce quartier, le trafic de stupéfiants prospère. Il avait contracté une dette avec un voyou notoire. Par contrainte, il a dû réaliser certaines missions de convoi d'argent et notamment de stupéfiants.
Me Kada Sadouni, avocat de Boumedienne B.
Il sera interpellé lors de son troisième voyage. Dans une cache aménagée à l'arrière du monospace, se trouvent deux pains de cocaïne - 2,6 kg de drogue - et un pistolet 9 mm chargé.
Jusqu'à 5 ans ferme
Dans cette affaire, les prévenus risquaient 10 ans de prison, 20 ans pour ceux en état de récidive.
Mercredi 27 septembre, le tribunal correctionnel de Nice a rendu son jugement :
- 5 ans de prison ferme (avec mandat d'arrêt) et 5.000 euros d'amende pour Ossama A., considéré comme le cerveau de l'opération. L'homme était absent à l'audience ;
- 2 ans ferme, déjà couverts par la détention provisoire, pour Omar G. ;
- 3 ans dont deux ferme, déjà couverts par la détention provisoire, ainsi qu'un an de sursis probatoire avec interdiction de paraître aux Moulins pour Moiz B. ;
- 8 mois ferme, déjà couverts par la détention provisoire, et 1.500 euros d'amende pour Jérome B . ;
- 1 an ferme pour Olivier T., considéré comme une nourrisse. Il est ressorti libre sous bracelet électronique pour 8 mois ;
- 1 an ferme et 1.500 euros d'amende pour Michael T., considéré comme une nourrisse. Il est ressorti libre sous bracelet électronique pour 6 mois ;
- 2 ans ferme, déjà couverts par la détention provisoire, et 1.000 euros d'amende pour Boumedienne B. ;
- Relaxe pour Toufik H. ;
- 1 an ferme, déjà couvert par la détention provisoire, et 1.500 euros d'amende pour Montassar H..
Aucun prévenu ne devrait faire appel de cette décision.