Deux financeurs investissent dans la permaculture. Sur 9 hectares de terrain près du village de La Penne dans les Alpes-Maritimes, ils veulent recréer une grande ferme où le seul professeur sera la nature. Nom du projet : la Plume. Tout un programme.

C'est une grande bâtisse, appelée couramment le château, et en contrebas 9 hectares qui s’étendent à perte de vue. Un terrain de jeu fantastique pour créer les projets les plus fous. Ce sera celui de la permaculture. La permaculture ? Une école de la nature, certains jardiniers en font sans le savoir, ça s’appelle le "bon sens." Un bon sens parfois oublié, y compris dans les campagnes. 

Professeur nature

A l’origine de cette folie, Clara Gaymar et Gonzague de Blignières. Ce ne sont pas des paysans, ce sont des financeurs qui veulent investir autrement. Sur ces 9 hectares de terrain près du village de La Penne, ils veulent recréer une grande ferme où le seul professeur sera la nature.

Lutter contre la nature ce n'est pas le bon chemin. La natrure c'est le plus centre de recherche au monde parce que ça fait 14 milliards d'années qu'elle s'améliore et aujourd'hui plein d'agriculteurs ont des choses à nous apprendre, à nous transmettre. Clara Gaymar

Clara Gaymar, co-fondatrice de Raise

Oiseau et écrivain

Ce projet, il lui fallait un nom. Situé à une heure de Nice (cf.carte), le village de la Penne, c’est aussi le nom de la plume principale d’un oiseau. Le projet s’appelle la Plume, une évidence. Un mot qui se rapporte aussi bien à l’oiseau qu’à l’écrivain. Et ça tombe bien car ces doux rêveurs veulent à la fois nourrir les corps et les esprits ! 

Pour faire de ce rêve une réalité et pas seulement une lubie post-68, ils sont allés chercher un Autrichien passé maître dans l’art du potager écolo. Au milieu des champs en friche et des pelleteuses, Joseph Holzer est le chef d’orchestre de ce projet. Considéré comme une référence mondiale en matière d’agriculture naturelle, ce grand blond a surtout les pieds sur terre. Ici, comme chez lui en Autriche, la clé de voûte de cette ferme, c’est l’autonomie en eau.

Rizières asiatiques

Cinq étangs sont en train d’être creusés pour recueillir les eaux de pluie et de ruissellement. Ces vastes retenues d’eau seront l’unique source d’arrosage. 

Nous voulons protéger la ressource, ne pas perdre d'eau par évaporation, ne pas la gaspiller.

Joseph Holzer, spécialiste de la permaculture

En Autriche, cet agriculteur rebelle a réussi à transformer un désert de sapin en terrasses fertiles, sur le modèle des rizières asiatiques. Il a prouvé que l'on pouvait cultiver de tout sur ces hauteurs, à condition d'être ingénieux, d'être un observateur attentif de la nature et d'avoir beaucoup de volonté. Nous voulons protéger la ressource, ne pas perdre d'eau pa r évaporation, ne pas la gaspiller"

Cerisiers, citronniers et kiwis

Résultat, sur ces terres froides, il parvient à cultiver des cerisiers, des citronniers et des kiwis ! Pour beaucoup, sa ferme est devenue un modèle. Il a démontré que plus il y avait de variétés de plantes, moins il y avait de parasites et plus les sols devenaient fertiles. Une façon d'empêcher aussi la dangereuse érosion des sols. Voici une vidéo sur son terrain de jeu en Autriche, dans le Kramterhof, une terre d'alpages située à 1500 mètres d'altitude.

Il a prouvé que l'on pouvait cultiver de tout sur ces hauteurs, à condition d'être ingénieux, d'être un observateur attentif de la nature et d'avoir beaucoup de volonté. Résultat, sur ces terres froides, il parvient à cultiver des cerisiers, des citronniers et des kiwis ! Sa ferme est devenue un modèle. Il a démontré que plus il y avait de variétés de plantes, moins il y avait de parasites et plus les sols devenaient fertiles. Une façon d'empêcher aussi l'érosion. 

Le rêve d'un potager bio

Une expérience qui a fait des petits. En Normandie aussi on s'est lancés dans la permaculture il y a quelques années. Le rêve d'un potager bio et autonome est devenu réalité. Certains sont devenus des professeurs de permaculture. Des théories nourries exclusivement de leur pratique quotidienne. 

Les pieds dans la boue et les mains dans le compost

A la Penne, le château est lui aussi en pleine rénovation. Les quatre appartements, des meublés de tourisme, sont actuellement transformés en 17 chambres, une cuisine et plusieurs salles de réunion. L'investissement ne sera peut-être pas rentable. L'essentiel est ailleurs. A la Plume, on organisera des séminaires pour les chefs d’entreprises. Des patrons que les propriétaires connaissent par cœur et qu’ils veulent inciter à penser différemment en leur mettant les pieds dans la boue et les mains dans le compost.

 

Notre souhait c'est que le grand patron qui vient avec son comité de direction ne mange pas des fraises en hiver. (...) On ne veut donner de leçon à personne mais on veut que les gens aient le coeur qui change.

Gonzague de Blignières, co-fondateur de Raise

Ecrivains en herbe

Ces financiers parisiens, habitués à peaufiner des projets d’entreprise, n’oublient pas les habitants. Des événements culturels seront organisés à la Plume et ouverts à tous. Des stages pour des écrivains en herbe sont aussi prévus. Une ‘fertilisation croisée’ entre des mondes qui se fréquentent rarement.

Un retour à la terre qui fait de plus en plus d'adeptes. Il existe des groupes d'échanges de savoir, de conseils et des formations sur les réseaux sociaux, comme 'Permacultive' qui rassemble plus de 1700 abonnés. 

La Plume, cette expérience de la nature, de la terre à l’assiette et de la fourche à la plume de l’apprenti écrivain devrait débuter cet été. Si le virus le permet... Tous les 'parasites' ne sont malheureusement pas bénéfiques.

 

Quels sont les visages de l’agriculture d’aujourd’hui ? Pour les découvrir, cliquez sur un point, zoomez sur le territoire qui vous intéresse ou chercher la commune de votre choix avec la petite loupe. Bonnes balades au cœur du monde paysan.

 

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