La polémique est née d'un tweet ce jeudi 15 avril du syndicat étudiant de droite UNI. Il y reprend le mail d'un professeur indiquant décaler un examen pour permettre la rupture du jeûne pour certains étudiants de l'Université Côte d'Azur à Nice.
Tout est parti d'un QCM et d'un tweet. À l’Université de Côte d’Azur, un professeur a envoyé un message à ses étudiants en Maths appliquées aux sciences (MIASHS) afin de décaler l’horaire d’un examen sous la forme d'un QCM, questionnaire à choix multiple. Un motif religieux en serait la cause : l'enseignant aurait ainsi voulu permettre la rupture du jeûne pour ces étudiants de Nice.
Le syndicat UNI interpelle la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal "jusqu'à quand devrons nous tolérer cela"? Joint par téléphone, son président Andrea Orabona explique la motivation du syndicat. "Des étudiants nous ont transmis le mail, ils nous ont clairement exprimé leur désaccord. On trouve ce motif complètement scandaleux alors on a posté le mail sur les résaux sociaux pour alerter les pouvoirs publics".
À l’@Univ_CotedAzur certains partiels sont décalés par « accommodement avec la rupture du jeûne du #Ramadan ». @VidalFrederique jusqu’à quand devrons nous tolérer cela ?
— UNI 06 (@uni_nice) April 15, 2021
Pourquoi les étudiants doivent ils subir les règles religieuses d’une communauté ? #islamogauchisme pic.twitter.com/Ji7dDufpCW
Un tweet très vite relayé par les personnages politiques de droite du département comme le député LR et conseiller départemental Eric Ciotti. Il déclare :
Si cette information est vraie, elle est extrêmement choquante et contraire à tous nos principes républicains. Je demande des explications à la ministre et si cela est confirmé, d’intervenir pour combattre de telles dérives
Le Vauclusien et eurodéputé du Rassemblement national, Thierry Mariani a également réagi via le fil Twitter : "alors que le Gouvernement fait voter une loi "confortant le respect des principes de la République", à l’université de Nice, des partiels sont décalés à cause de la rupture du jeûne du ramadan. La fermeté de façade de Macron est visiblement déjà aux oubliettes."
Dans un communiqué, l'organisation syndicale dénonce elle "l'islamo-gauchisme":
Cette énième signe de soumission de l'enseignement supérieur aux exigences d'une communauté religieuse est honteux.
Une polémique "infondée"
Pour Méline, étudiante en 3e année de Maths appliquées aux sciences, soumise elle même à ce QCM, il n’y a pas lieu de polémiquer. Concernée par ce changement d'horaire, l'examen n'a pas été décalé seulement pour le Ramadan.
Si notre prof a proposé de faire ce QCM qui dure une heure sur une plage horaire plus large, c’est tout simplement parce que nous sommes en stage en journée ! Donc, chacun pouvait ainsi mieux s’organiser pour composer. Ceux qui voulaient diner avant ou après pouvaient donc le faire !
Selon elle et plusieurs étudiants de cette promotion de 66 jeunes, ce professeur est une "personne ouverte et très appréciée". "Cette polémique n’est pas fondée, cela partait d’une bonne intention de sa part. L’idée a été détournée, on trouve tous que cela est minable" regrette la jeune femme. "Cette histoire ne vient pas de la classe", précise Méline ce vendredi après-midi.
Dans son mail, le professeur indique bien "suite à plusieurs demandes, je décale le QCM de 20h à 22h30, notamment pour accomoder la rupture du jeûne du Ramadan". Le jeûne ne serait donc pas l'unique raison du décalage.
Le syndicat à travers son président indique "l'examen a été décalé à 22h30 à la place de 20 heures, c'est bel et bien à cause du Ramadan !". "Non !" répond Méline, "il a bien commencé à 20h (jusqu'à 22h30) à la place de 19h car certains finissent entre autres leur stage à cet horaire".
> Le département de mathématiques est un des départements d'enseignement de la Faculté des Sciences de l'Université Nice Sophia Antipolis sur le campus Valrose à Nice :
Examen reporté ou effectué ?
De son côté, l’Université Côte d’Azur a demandé le report de l'examen et indiqué sa position dans un communiqué :
L’Université Côte d’Azur vient d’être informée d’une initiative individuelle ayant abouti à réorganiser un examen à un horaire inadéquat pour des raisons que nous ne pouvons pas cautionner
Une reprogrammation incompréhensible pour le syndicat de droite :"c'est pénaliser encore plus les étudiants. L'examen aurait dû avoir lieu hier soir" explique Andrea Orabona, président de l'UNI 06.
Pourtant, selon Méline, l'examen a bien eu lieu à l'horaire indiqué par le professeur :"on a tous fait l'examen et tout s'est très bien passé". Encore un élèment discordant.
Selon l'Université, le contexte sanitaire est aussi complexe en ce moment pour l’organisation des examens :"l’Université a été contrainte de passer en distanciel les examens prévus en présentiel mais n’a évidemment jamais demandé à qui que ce soit d’organiser ces examens en dehors des horaires de travail", précise le porte-parole de l’université.