Ils sont des métiers de l'ombre et la pandémie de Covid-19 les a touchés de plein fouet. Les grossistes fournissant le matériel aux hôtels et aux restaurants sont dans la peine. Avec la fermeture de leurs clients, les pertes sont importantes, et le soutien de l'Etat insuffisant.
Ils fournissent les boissons aux bars, hôtels, discothèques, mais aussi aux hôpitaux, aux maisons de retraite, aux collectivités locales pour la restauration scolaire.
Pour d'autres, ce sont les meubles, ou l'ingénierie quand il y a rénovation des établissements. Pour ces grossistes, l'activité est quasiment à l'arrêt depuis presque un an. Deux confinements, des établissements fermés, un couvre-feu, la pandémie de Covid-19 a un effet direct sur leur activité.
Dans les Alpes-Maritimes, cinq grosses entreprises travaillent dans ce secteur, ce qui représentent 300 emplois.
On est en train de mourir
Ces professionnels lancent un véritable cri d'alarme.
Dans les Alpes-Maritimes, fondée en 1888, la Maison Bonifassi, désormais située au Broc, est une institution. Elle est grossiste en boissons.
Durant l'année 2020, on a perdu 90% de notre chiffre d'affaires. Les restaurants ont été fermés une grosse partie de l'année, nous ne travaillons que pour les EHPAD, hôpitaux, collèges, certaines collectivités.
Autre conséquence : dans une entreprise qui compte 45 salariés, 98% sont en activité partielle.
Sans aide, on met en grand danger nos entreprises, nous avons des charges fixes très importantes, et nous dépendant de nos clients et de décisions nationales.
Même constat pour Serfi, entreprise familiale basée à Nice.
Depuis 30 ans, cette PME fournit du mobilier, de la literie, des salles de bain aux hôtels, aux résidences et toute l'ingénierie quand il y a rénovation. Jusqu'en 2020, tout allait bien, avec 50 salariés, 3.500 clients, un chiffre d'affaires annuel de 10 millions d'euros. Mais l'épidémie de Covid est passé par là.
Aucune lisibilité pour l'année 2021
Anne Saint-Léger a repris l'entreprise en 2017, elle ne cache pas son désarroi après une année quasiment blanche. Et pour elle, difficile d'être optimiste en ce début 2021, il n'y a aucune lisibilité par rapport à l'activité économique, entre les établissements fermés et la flambée de l'épidémie.
Nous étions en très forte croissance: nous allions faire 13 millions d'euros en 2020, mais nous n'avons travaillé que deux mois et demi. Cela me désole : nous sommes plus que freinés dans notre développement, nous sommes dépendants de nos clients aujourd'hui fermés et qui ont du stock. Ils attendront quand ils rouvriront de refaire un peu de trésorerie avant de commander.
Un sentiment d'injustice
Au niveau national, les professionnels sont regroupés en une fédération (soit près de 1000 entreprises et 15 000 emplois). Et tous font le même constat. Ils estiment qu'ils doivent être traités comme leurs clients en matière d'aide. C'est loin d'être le cas.
Quand un hôtel perd 70% de son chiffre d’affaires, le dispositif renforcé du fonds de solidarité lui octroie une indemnité égale à 20% de son chiffre d’affaires mensuel jusqu’à 200 000€, montant qui devrait même être revu à la hausse. Le fournisseur de l’hôtel, dépendant à plus de 90% de l’hôtellerie, n’a, quant à lui, le droit qu’à 10 000€ maximum, même s’il réalise plusieurs millions ou dizaines de millions de chiffre d’affaires. C’est un non-sens.
La Fédération Nationale des Boissons en appelle au président de la République et au Ministre du travail pour que restaurateurs, hôtels et leurs fournisseurs ou grossistes figurent dans le même secteur S1 du fonds de solidarité.
Un consortium local
Quant aux entreprises locales, elles en appellent aux élus pour faire remonter leurs revendications. Elles sont créé un consortium comprenant 14 entreprises au total, car l'union fait la force.
Le fonds de solidarité pourrait être élargi pour bénéficier notamment aux commerces de gros de boissons ou alimentaires, aux viticulteurs ou encore aux résidences de tourisme, a indiqué ce mardi le ministre de l'Economie Bruno Le Maire, promettant une annonce imminente. Du coup, les grossistes en boissons ont renoncé à manifester partout en France le 19 janvier, comme c'était prévu.
Les entreprises attendent et espèrent être entendues, Anne Saint Léger en tête. Le plus vite possible, leur survie en dépend.