"Etranglés, asphyxiés", les restaurateurs de la Côte d'Azur craignent 30% de faillites d'ici mars

Avec deux confinements en 2020, un couvre-feu anticipé dans les Alpes-Maritimes en 2021, pas facile d'être restaurateur. Certains s'adaptent en faisant de la vente à emporter mais cette crise pourrait toucher 30% des restaurants. L'annonce d'un mois de janvier avec le rideau baissé n'arrange rien.

Le torchon brûle avec les restaurateurs. Le ministre de la santé Olivier Véran l'a annoncé : "nous ferons également ce point de situation avec les restaurateurs, les propriétaires de bars et salles de sport pour qui, malheureusement, la perspective d’une réouverture en janvier n’est pas réaliste et sera reportée à minima jusqu’à la mi-février."

Toutes les activités et tous les équipements aujourd’hui fermés le resteront encore jusqu’à la fin de ce mois

a annoncé Jean Castex lors de cette conférence ce 7 janvier

La perspective d'une réouverture s'éloigne donc encore. 

Une livraison, ce n'est pas gratuit

Avec la mise en place du couvre-feu à 18 heures dans les Alpes-Maritimes, il était déjà de plus en plus difficile de faire de la vente à emporter. Pour ceux qui n'ont pas de système de livraison, impossible de continuer à travailler en soirée. Seuls ceux qui sont affiliés à Uber Eats ou Deliveroo peuvent continuer à livrer à domicile. 

Mais à quel prix ? Une livraison, ce n'est pas gratuit pour le restaurant et le client, cela représente 30% du prix de vente.

Cette solution s'avère peu, voire pas du tout rentable pour les restaurateurs.

"On est en apnée, jusqu’au mois d’avril"

Dans ce secteur, la crise pourrait être particulièrement sévère. Invité de nos confrères de France Bleu Azur, Christophe Souques, vice-président de l’UMIH 06 (Union des Métiers et des Industries de l'Hôtellerie) , analyse ce nouveau coup dur dans la profession. 

On est toujours dans de la promesse. Les compensations pour les salaires des apprentis ne sont toujours pas payés depuis le mois de septembre.

Christophe Souques, vice-président de l’UMIH 06

Les paiements de chômage partiel de novembre ne sont toujours pas remboursés (...)  on est étranglés, asphyxiés. Les fameux 20% du chiffre d'affaires ce n’est toujours pas en cours. Le décret n’est pas signé. (...) On est en apnée, jusqu’au mois d’avril."

30% de faillites parmi les restaurateurs

Selon lui, il y aurait 30% de faillites parmi les restaurateurs d'ici mars 2021. Un désastre financier qui pourrait profiter à des investisseurs qui ont les moyens d'attendre la fin de la crise. Certaines affaires se vendent, même en pleine crise sanitaire. 

Le quartier du Suquet à Cannes, et un des lieux les plus connus pour se restaurer dans la ville :

A Cannes, Robert La Spina est toujours aux fourneaux de son restaurant Le Cosi.

Installé depuis 20 ans dans le quartier du Suquet, il doit payer son bail et les charges. Il explique : « moi je fais du click and collect tout seul. C’est la seule force qui me reste aujourd’hui." Le couvre-feu anticipé ? Cela représente encore une perte de chiffre d'affaires car "forcément, de 18h à 19h il y avait encore des clients". Mais il est trop tôt encore pour évaluer son impact.

Sa carte n'est plus la même. Les tarifs non plus. Oubliées les "Saint Jacques rôties et foie gras poêlé au beurre de cidre" (entrée à 28 euros) ou encore les "fricassées de homard en sauce civet asperges rôti et légumes croquant"(plat à 55 euros) qui figuraient sur les menus d'avant Covid.

Robert La Spina s'est adapté : "Je pratique des prix bas pour attirer des clients du quartier, 9 euros le plat et 3 euros la garniture. J’ai transformé le restaurant gastronomique en restaurant de quartier. Sinon, il n’y aurait pas assez de demande, ce ne serait pas rentable."

Pour Noël, il a joué le jeu et préparé un menu de réveillon avec bûches et petits fours. 

Le bouche à oreille fonctionne bien

Seul moyen de le joindre, par téléphone ou par Facebook. Heureusement, le bouche à oreille fonctionne bien dans le quartier ! Avec la vente à emporter, il ne fait pas de bénéfices. Pas besoin de regarder, il est "sûr de ne pas réaliser plus de 50 % de son chiffre d'affaires de l'année dernière."

Le restaurateur, qui avait anticipé la deuxième vague du confinement, ne voit pas d'amélioration avant mars prochain. 

 

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