La sonde spatiale Juice s'apprête à s'envoler pour la planète géante du système solaire et ses lunes glacées, en quête d'environnements extra-terrestres favorables à la vie. L’Observatoire de la Côte d’Azur est l’une des parties prenantes de cette grande mission grâce à deux chercheurs qui vont y être impliqués.
Destination : Jupiter. Durée du voyage : 8 ans. Départ : ce jeudi 13 avril.
La sonde spatiale Juice (pour Jupiter Icy Moons explorer), fabriquée à Toulouse, s'apprête à s'envoler pour la planète géante. Cette sonde robotique, dont le lancement est prévu pour ce jeudi 13 avril à 14 h 15, passera au moins trois ans à étudier Jupiter et trois de ses plus grandes lunes : Ganymède, Callisto et Europe.
Juice doit s'élancer depuis Kourou en Guyane française à bord d'une fusée Ariane 5, dont ce sera l'avant-dernier vol avant d'être remplacée par Ariane 6.
Spectacle à suivre en direct sur les réseaux sociaux :
Juice atteindra sa destination finale en 2031, à quelque 628 millions de kilomètres de la Terre. Un voyage long et sinueux car la sonde n'a pas assez de puissance pour atteindre Jupiter par une
trajectoire directe.
Et Nice dans tout cela ?
L’Observatoire de la Côte d’Azur est l’une des parties prenantes de cette grande mission grâce à deux chercheurs qui vont y être impliqués.
Agnès Fienga, astronome au Laboratoire GéoAzur (Université Côte d'Azur, Observatoire de la Côte d'Azur) est co-investigateur de l'instrument radio science 3GM à bord de la mission JUICE.
3GM mesurera les champs de gravité des satellites de Jupiter et sondera leur structure interne pour caractériser notamment l'océan d'eau de Ganymède.
Quant à Pierre Henri, il est chercheur CNRS au Laboratoire Lagrange (Université Côte d'Azur, Observatoire de la Côte d'Azur, CNRS) et responsable de l’expérience embarquée MIME (Mutual Impedance Measurement) à bord de la mission.
"Cet l’instrument qui mesurera - à la manière d’une station météo - la densité et la température des hautes couches - dites ionisées - des atmosphères ionisées des lunes de Jupiter : Europe, Callisto et Ganymède", nous précise l'astrophysicien.
MIME mesurera la densité et la température autour des lunes de Jupiter, en particulier dans les couches ionisées de la haute atmosphère de Europe, Callisto et Ganymède.
C’est certainement la mission spatiale la plus ambitieuse pour l’exploration de Jupiter et de ses lunes, avec un accent particulier sur le concept d’habitabilité : des conditions propices à l’apparition de la vie auraient-elles pu se développer sur les lunes de Jupiter ?
Pierre Henri d u laboratoire Lagrange, Observatoire de la Côte d'Azur (OCA), CNRS, UCA
À la manière d'une catapulte
L'engin spatial devra en passer par de complexes manoeuvres d'assistance gravitationnelle, qui consistent à utiliser la force d'attraction d'autres planètes, à la manière d'une catapulte.
Par un survol Lune-Terre d'abord, puis de Vénus (2025), puis à nouveau de la Terre (2029), avant de prendre son élan vers le mastodonte du système solaire et ses lunes glacées.
JUICE arrivera à Jupiter en 2031, pour survoler ces lunes, puis être mise en orbite autour de Ganymède en 2035. La communauté scientifique traitera ces données pendant la période 2031-2040 pour explorer ces lunes.
Elle passera neuf mois en orbite autour de la lune glacée Ganymède pour analyser sa composition et son évolution, caractériser son océan sous la glace et étudier son habitabilité potentielle.
La mission a d'abord pour but de trouver des environnements habitables, c'est-à-dire propices à des formes de vie.
Il s’agit de la plus grosse lune de Jupiter (elle est plus grosse que Mercure), la seule connue du système solaire à avoir un champ magnétique propre (comme la Terre). Elle hébergerait également un océan d’eau liquide en sous-surface.
Pierre Henri.
D'un coût total de 1,6 milliard d'euros, Juice est la première mission européenne à s'aventurer dans le système solaire externe qui démarre après Mars.
Avec AFP