Alors que la grève des médecins généralistes a été reconduite pour une semaine ce mardi 3 janvier, loin de s’essouffler, le mouvement social des laboratoires prend de l’ampleur. Désormais, ils sont appelés à ne plus faire remonter les données des tests Covid.
Non seulement la grève des laboratoires n’en finit plus, mais en plus, elle se durcit. Elle a commencé en novembre 2022 puis a repris un mois plus tard.
Un bras de fer qui oppose les laboratoires au gouvernement qui leur demande de faire des économies.
"On a fait des investissements colossaux en termes d’équipements et de ressources humaines pour réaliser tous ces tests 24h/24"
Si les laboratoires ont vu leur chiffre d'affaires exploser avec la crise sanitaire et les tests Covid-19, ils ne comprennent pas les économies que veut leur imposer le gouvernement.
Certes, selon l’assurance maladie, leur chiffre a bondi de 85% entre 2019 et 2021, mais au prix d’un travail intensif, de la mise en place de nouveaux équipements et d’un recrutement qui ne leur aurait pas permis de faire les bénéfices qui leur sont reprochés.
Ce que présente Monsieur Attal, c'est que nous avons gagné 7 milliards d’euros en mélangeant allègrement chiffres d'affaires et bénéfices. Mais on a fait des investissements colossaux en termes d’équipements et de ressources humaines pour réaliser tous ces tests 24h/24.
Docteur Hervé Fontanet, biologiste médical Eurofins Labazur Nice et représentant du syndicat des biologistes médicaux
Reportage à Nice ce 3 janvier :
Une véritable bataille des chiffres
Le chiffre d'affaires généré de 7 milliards d’euros est très loin du bénéfice estimé aujourd’hui à 850 millions d’euros. Aujourd’hui, le gouvernement demande aux laboratoires de faire des économies, un effort financier d’1 milliard 300 millions d’euros.
Pour les biologistes, ce n’est pas raisonnables et ils sont prêts à faire des efforts à hauteur de 685 millions d’euros, pas plus. Conséquence de ce mouvement social, ils ont mis leur menace à exécution : ils ne font plus remonter les résultats des tests Covid-19 qui permettraient au gouvernement de suivre l’évolution de l’épidémie.
Un dialogue au point mort et de graves répercussions
Après des mois de discussions et de vaines négociations, les laboratoires ont finalement mis leur menace à exécution : ne plus faire remonter les résultats des tests Covid au Gouvernement, ce qui empêchera ce dernier de suivre l’évolution de l’épidémie.
La conséquence est le retard que nous allons prendre par rapport à l’émergence potentielle de certains variants et de la pression de contamination et de de contagiosité des souches qui sont impliquées dans la population générale.
Professeur Michel Carlès Chef du service infectiologie CHU Nice
« Il est absolument nécessaire qu’on continue à avoir autant d’informations possibles sur le développement de l’épidémie » rajoute-t-il.
Les biologistes estiment que la demande l’État menacerait les petits laboratoires de disparition, entrainerait une surcharge des hôpitaux et menacerait 10 000 emplois au niveau national.