VIDÉO. Réchauffement climatique : comment les animaux tentent de s'adapter dans le Mercantour

C'est à travers l'objectif d'un photographe animalier, et avec l'aide des agents du Parc National du Mercantour, que nous avons tenté de comprendre à quel point la hausse des températures en montagne rend plus vulnérables certaines espèces animales.

Il faut passer le cap des 2000 mètres pour croiser Cédric Robion. La montagne, il la parcourt depuis toujours. Avant même de photographier les animaux qui peuplent les forêts d'altitude, il les a scrutés. Longuement. Il était alors adolescent, et la passion de l'observation animalière en montagne ne l'a jamais quitté.

Parmi les animaux qu'il a beaucoup croisés sur sa route : le lièvre variable. Variable, parce que son pelage change au fil des saisons : l'hiver, il devient blanc, pour se fondre dans les paysages de neige, et ainsi échapper à ses prédateurs. 

Ce sont des animaux très confiants en leur camouflage, qui peuvent se laisser approcher de très près, pensant qu’on ne les voit pas. Donc leur stratégie de survie c’est l’immobilisme, contrairement aux autres espèces qui ont tendance à fuir.

Cédric Robion, photographe animalier, co-auteur du livre "Mercantour sauvage"

Il raconte comment il parvient à approcher au plus près des animaux qu'il parvient à immortaliser dans son objectif.

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S'adapter ou disparaitre : c'est le choix imposé aux espèces animales qui peuplent nos montagnes, face au réchauffement climatique. ©FTV - Cédric Robion

Des animaux plus vulnérables

Mais que se passe-t-il quand le lièvre ne peut plus se loger dans son grand manteau blanc, faute de neige ? 

Dans le Parc du Mercantour, on étudie un autre animal appartenant aux espèces "artico-alpines", c'est-à-dire venues du froid : le lagopède.

Comme le lièvre variable, le lagopède alpin devient blanc l’hiver pour se camoufler. Mais ce qui était jusqu'à présent sa force face aux prédateurs pourrait devenir sa faiblesse, selon Clémentine Dentz, 
responsable du secteur Haut-Var/ Cians au Parc National du Mercantour. 

L’espèce a son cycle, donc elle fait sa mue à un moment donné : en octobre, novembre, elle va passer en pelage d’hiver et si la neige n'est pas encore là, l’espèce va être hyper visible, (...) elle va se retrouver blanche sur de la roche ou sur de l’herbe, et donc elle est beaucoup plus vulnérable, beaucoup plus sensible à la prédation.

Clémentine Dentz responsable du secteur Haut-Var/ Cians au Parc National du Mercantour

Selon cette spécialiste, c'est une conséquence indéniable du changement climatique et un danger pour la survie de l'espèce. Pour cette raison, elle scrute l'évolution du lagopède. Grâce à des balises bioacoustiques réparties sur son territoire d'étude, elle arrive à localiser et recenser ces oiseaux de montagne.

Suivre le lièvre variable s'avère plus compliqué. Il adore brouiller les pistes pour semer ses prédateurs en faisant des tours sur lui-même. Alors, il faut le suivre à la trace. Toutes les traces. 

Pour les étudier, on utilise tout un tas d’indices de présence (...) Les crottes du lèvre variable, c’est notamment ça qu’on va collecter, et qui va permettre de faire des analyses génétiques.

Clémentine Dentz responsable du secteur Haut-Var/ Cians au Parc National du Mercantour.

Protéger les animaux sauvages là où il y en a encore

Le lièvre d’Europe vit sur le même secteur. Plus habitué aux températures douces, pourrait-il menacer son congénère, le lièvre variable ? Les équipes du Parc ont modélisé leur présence sur une carte géographique et émettent deux hypothèses : soit le lièvre variable subsiste en se réfugiant dans des altitudes plus élevées, tout en cohabitant en partie avec le lièvre d'Europe, soit son habitat se raréfie jusqu'à potentiellement disparaître, et lui avec.

On n’en est pas encore là, mais il faut être vigilants, il faut protéger les espaces, il faut protéger les animaux sauvages là où il y en a encore.

Cédric Robion, photographe animalier

Amoureux et spécialistes de la montagne le savent : en cinquante ans, les Alpes ont perdu un mois d'enneigement. Les forêts alpines restent un espace naturel exceptionnel mais fragile. Si la tendance au réchauffement n'est pas au moins freinée, c'est la vie même qui est menacée.

-Avec Magali Roubaud-Soutrelle

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