"Le cri de liberté", c’est le nom de l’exposition de l’été proposée par le musée Marc Chagall. Moins biblique et plus politique, elle nous plonge dans la traversée du 20ᵉ siècle par un artiste juif né en Russie.
Inauguré en 1973, le musée Marc Chagall est au cœur de Nice et propose régulièrement des expositions sur le travail de cet artiste né en 1887 en Biélorussie.
Avec l’exposition « Le cri de la liberté », c’est une tout autre histoire de Marc Chagall qui nous est dévoilée, entre persécution, exil et consécration.
39 ans après sa mort, il délivre un message universel
C’est une lecture très inédite et méconnue du parcours de Marc Chagall qui est proposée avec cette nouvelle exposition. Grâce à elle et au prêt de 33 œuvres du Centre Pompidou, Marc Chagall a enfin pu délivrer son message 39 ans après sa mort à Saint-Paul-de-Vence dans les Alpes-Maritimes.
Enfin, il peut pousser ce cri de liberté qui a façonné toute sa carrière.
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Entre créations permanentes et fuite d'un régime nazi qui le poursuivait sans cesse, Marc Chagall n'a jamais eu le temps pour une réelle introspection.
Chagall a connu plusieurs exils. Les pogroms en Russie, la révolution Russe, l’exil aux Etats-Unis à cause des persécutions nazies. Toute sa vie, Chagall a été bouleversé et cela se reflète dans son art.
Anne Dopffer, conservateur général du patrimoine Directrice des musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimesà France 3 Côte d'Azur
Un tableau décrié par les nazis avant d’être vendu à un collectionneur privé
L’histoire de Marc Chagall est marquée par des épisodes tantôt dramatiques, tantôt caustiques. Une toile appelée « Pourim » en est la preuve édifiante. Peinte en 1916, elle est une rescapée de l’exposition « Art Dégénéré » conçue par les nazis pour dénigrer la modernité d’artistes juifs, bolcheviques.
Devant le succès remporté par cette œuvre, les nazis se ravisent et la vendent à un collectionneur privé qui en fait don au musée de Philadelphie.
D’avoir dans son musée un tableau qui a été touché par les nazis qui ont monté cette exposition épouvantable pour dénigrer et stigmatiser, c’est particulièrement émouvant.
Anne Dopffer Conservateur général du patrimoine Directrice des musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimesà France 3 Côte d'Azur
Une traversée digne d’une odyssée avec ses encombres et ses victoires
D’échecs en brimades, Marc Chagall n’a jamais baissé les bras. Ce peintre Biélorusse juif a traversé un 20ᵉ siècle marqué par l’antisémitisme et la haine sans jamais arrêter d’y croire. Même en lorsque sa demande naturalisation est jugée « sans intérêt national » en 1943.
Toutes ces déceptions et ces rejets n'empêcheront pas la tenue d'expositions à travers le monde ainsi que la création de son musée à Nice.
Finalement le musée inauguré à Nice en 1973 devient un musée au message biblique et surtout un musée avec un manifeste pour la paix prônant l’entente entre tous les peuples et véhiculant un message de tolérance. C’est vraiment une maison pour tous.
Grégory Couderc, responsable scientifique des collections du musée national Marc Chagall – Niceà France 3 Côte d'Azur
Marc Chagall quitte la France en 1940 pour se réfugier avec sa famille à New-York pendant la Seconde Guerre mondiale. En 1966, il fait don à l’État français des œuvres du cycle Message Biblique, qui conduit à la création du Musée national Message Biblique Marc Chagall.
Il est décédé le 28 mars 1985 à Saint-Paul de Vence. Il était grand-croix de la Légion d’honneur.
Ce Marc Chagall plus politique s'expose jusqu'au 16 septembre à travers l'exposition "Le cri de la liberté".
"Chagall politique, le cri de la liberté"
Jusqu'au 16 septembre au Musée Chagall à Nice
Tarifs : Plein tarif : 10 € / Tarif réduit : 8 €
Exposition ouverte tous les jours, sauf les mardis, de 10h à 18h
Site internet
Avec Nathalie Jourdan.