Interpellés ces derniers jours à Nice, Cannes ou Grasse lors des épisodes de violences urbaines, les premiers prévenus se retrouvent face à la justice. Ce lundi le juge des enfants de Grasse a prononcé une première sanction à l'encontre d'un mineur.
Il n'a que 14 ans. Lundi après-midi, un adolescent habitant Mougins dans les Alpes-Maritimes, au casier judiciaire vierge, a été présenté au juge des enfants de Grasse pour dégradation par incendie, après s'en être pris à une poubelle de l'avenue Jean Médecin, à Nice ce week-end.
Le juge l'a placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction de participer à des manifestations sur la voie publique, respect d'une prise en charge éducative et interdiction de quitter son lieu de résidence entre 21h et 6h.
Ce mardi doit avoir lieu devant le tribunal correctionnel de Grasse la première comparution immédiate d'un jeune majeur interpellé dans le cadre des violences des derniers jours dans les Alpes-Maritimes.
Il a été interpellé dans la nuit de dimanche à lundi à Cannes La Bocca, suite au jet d'un cocktail Molotov sur la façade du poste de police.
À Nice, les comparutions immédiates programmées lundi ont finalement été renvoyées en raison de la grève nationale des greffiers. Trois jeunes hommes étaient présents sur le banc des prévenus. Tous trois ont un casier judiciaire vierge. Tous trois étaient en détention provisoire depuis samedi soir et risquaient de la voir prolongée jusqu'au jour de l'audience.
Vladimir, un jeune apprenti cuisinier, est poursuivi pour avoir participé au pillage du magasin K-Way, rue Alphonse-Karr à Nice. La vitrine a été brisée samedi soir par une jeune fille avant que d'autres jeunes ne s'engouffrent avec elle dans la boutique. Vladimir était là. Il a emporté deux vêtements.
Nathan, 22 ans, est poursuivi pour un incendie de poubelle et un outrage, un doigt d'honneur, en direction d'une caméra de vidéosurveillance. Il était sur le point de commencer un emploi de serveur. En guise d'excuse, il déclare :
Je n'avais pas l'intention de casser quoi que ce soit. J'ai été entraîné par la force du groupe.
Nathan, prévenu
Le troisième prévenu, Lorenzo, a à peine 18 ans, il est un sportif de haut niveau, champion de France de VTT. Dans la nuit de samedi à dimanche, il aurait mis le feu à une poubelle et portait un couteau au moment de son interpellation.
Tous trois ont vu leur dossier renvoyé aux 2 et 30 août prochains. Ils échappent d'ici là à la détention provisoire pourtant requise par le parquet. Ils seront soumis à un contrôle judiciaire, assorti d'une obligation de formation ou de travail, et pour certains une interdiction de se rendre à Nice.
60 interpellations en six jours
Dans les principales villes des Alpes-Maritimes, les violences ont débuté dès le lendemain de la mort de Nahel à Nanterre.
Entre le mercredi 28 juin et le lundi 3 juillet, 60 personnes ont été interpellées dans le département, principalement dans les communes de Nice, Cannes, Le Cannet et Grasse, pour des violences et des dégradations.
Au bilan matériel, 15 véhicules et plus de 80 containers à ordures ont été incendiés. Pas de blessé grave, mais un blessé léger pris à partie à Grasse.
Le pic des violences a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche, où 33 interpellations ont eu lieu. Parmi ces 33 personnes figurent 22 mineurs, a précisé le préfet des Alpes-Maritimes Bernard Gonzalez, invité lundi matin sur France Bleu Azur.
Sur France bleu Azur, le préfet souligne la jeunesse d'une grande partie des interpellés :
On a des quinze, seize ans, mais aussi quatorze ans. Mais de nos jours, les adolescents sont physiquement bien constitués.
Bernard Gonzalez, préfet des Alpes-MaritimesFrance Bleu Azur
Dispositif de sécurité prolongé jusqu'à vendredi
"Chaque nuit entre 600 et 800 personnes sont mobilisées côté forces de l'ordre", précisait également Bernard Gonzalez. Aux policiers, gendarmes et pompiers se sont ajoutés des CRS et des membres du Raid.
Dès dimanche soir, la tendance générale était à l'accalmie. Le préfet a malgré tout décidé lundi de prolonger les mesures de sécurité dans les Alpes-Maritimes :
- interdiction de transport et de port sans motif légitime d'armes de catégorie B, C et D et d'armes par destination
- interdiction de vente, transport et utilisation des produits combustibles et de l'acide chlorhydrique et de vente, détention et utilisation de fusées et artifices
- l'utilisation de drones par les forces de l'ordre pour la captation d'images est autorisée sur certains secteurs de la ville de Nice.
Ces mesures restent en vigueur jusqu'au vendredi 7 juillet.