Le procureur de la République de Nice a ouvert une enquête "violences volontaires en réunion" et "provocation publique à la haine". Deux hommes âgés d'une vingtaine d'années ont été placés en garde-à-vue.
Des jets d'eau, le jeu de la "chaise électrique", des cris, des "pranks" (pièges vidéos) humiliants... Ces vidéos violentes ont été diffusées sur Kick, une plateforme de streaming, c'est-à-dire de diffusion de vidéos en direct. Le 15 décembre dernier, Mediapart a publié un article sur l'une des chaînes de cette plateforme, qui rassemble 160.000 abonnés.
Derrière cette chaîne de vidéos se cachent quatre personnes : Naruto, Safine, Jean Pormanove (dit JP) et Coudoux (un ancien fan qui a rejoint les vidéastes). "Les deux premiers ciblent volontairement les deux autres", décryptent nos confrères. "JP, un ancien militaire, subit de nombreuses violences -strangulations, jets d'eau et de peinture. Coudoux, un homme handicapé sous curatelle, est également régulièrement frappé."
Des vidéos qui rapporteraient, grâce aux abonnements et aux dons des internautes, plusieurs milliers d'euros par mois.
Au lendemain de l'article de Mediapart, le procureur de la République de Nice, Damien Martinelli, a ouvert une enquête préliminaire pour provocation publique à la haine ou à la violence à l’égard d’une personne ou d’un groupe de personnes à raison de leur handicap, violences volontaires en réunion sur personnes vulnérables ayant entraîné une interruption temporaire de travail (ITT) inférieure à 8 jours et diffusion d’enregistrement d’images relatives à la commission d’infractions d’atteintes volontaires à l’intégrité de la personne.
Deux interpellations et une perquisition
"Les premières investigations confirmaient des éléments présentés dans l’article du 15 décembre 2024 notamment quant à la localisation des personnes réalisant et diffusant ces vidéos", précise Damien Martinelli, dans un communiqué de presse. Ces dernières, "identifiées comme étant nées en 2002 et 1998 à Nice", sont "domiciliées à Nice et dans ses environs".
Ce mercredi, deux personnes ont été interpellées et placées en garde à vue. Le local de tournage situé à Contes a été perquisitionné et "du matériel informatique et audiovisuel [a été] saisi". "Parallèlement, les personnes apparaissant comme victimes des violences et d'humiliations [ont été] entendues", poursuit le procureur de la République.
Tant les personnes susceptibles d’être mises en cause que [les] victimes [ont contesté] la commission d’infractions.
Damien Martinelli, procureur de la République de Nicedans un communiqué de presse
Les deux personnes placées en garde à vue ont été relâchées. Les enquêteurs de la police judiciaire de Nice poursuivent leurs investigations, pour notamment exploiter le matériel et les vidéos saisis lors de la perquisition.