Le fondateur et gérant du site internet Coco.fr a été placé mardi en garde à vue, six mois après la fermeture de cette plateforme utilisée notamment dans l'affaire des viols de Mazan.
Dominique Pelicot recrutait des hommes pour venir violer sa femme Gisèle Pelicot via une annonce, postée sur le site Internet Coco.fr Son fondateur et gérant a été placé mardi 7 janvier en garde à vue. Il est "entendu en garde à vue dans une enquête de la Juridiction nationale de lutte contre la criminalité organisée (Junalco), sous la direction d'un juge d'instruction, qui appréciera les suites à donner", a indiqué mardi le parquet de Paris à l'AFP, confirmant une information du Parisien.
"Cette plateforme Coco avait été utilisée pour la commission de nombreuses infractions, notamment celles jugées dans l'affaire dite Pelicot", a rappelé le parquet.
Selon une source proche du dossier, le fondateur et gérant du site, Isaac Steidl, s'est rendu à une convocation des gendarmes de l'Unité nationale cyber (UNCyber).
Le site fermé en juin 2024
Le site Coco, connu selon le parquet de Paris "depuis de nombreuses années comme étant un facilitateur de commission de diverses infractions, notamment des actes de pédocriminalité, de proxénétisme, de prostitution, de viols, de vente de stupéfiants, de guet-apens, voire d'homicides", a été fermé par les autorités en juin 2024.
Après six mois d'enquête préliminaire, les investigations ont été confiées le 28 juin 2024 à un juge d'instruction. L'information judiciaire porte "notamment sur l'infraction de fourniture d'une plateforme en ligne pour permettre une transaction illicite en bande organisée", qui fait encourir 10 ans d'emprisonnement et 500 000 euros d'amende, mais aussi "sur le blanchiment des sommes qui en ont été retirées", avait précisé en juin la procureure de la République de Paris, Laure Beccuau.
"Des comptes bancaires ont été gelés en Hongrie, Lituanie, Allemagne, Pays-Bas. Plus de 5 millions d'euros ont été saisis", avait encore souligné la procureure.
Isaac Steidl, âgé de 44 ans, soupçonné d'être l'administrateur du site, avait été entendu en juin en Bulgarie. Des enquêteurs de l'Office national antifraude (Onaf) et de l'UNCyber ainsi qu'un magistrat du parquet de Paris avaient assisté à son audition en tant qu'observateurs.
Trois de ses proches, soupçonnés d'avoir "exercé un rôle actif dans l'administration de la plateforme ou tiré profit des infractions", avaient aussi été entendus en France et laissés libres à l'issue de leur interrogatoire.
Puis fin juillet 2024, deux modérateurs du site avaient été interpellés à Oignies (Pas-de-Calais) et Limoges, avait indiqué une source policière à l'AFP.
L'enquête préliminaire du parquet de Paris avait débuté en décembre 2023 avec la "centralisation des procédures de 71 parquets, au préjudice de plus de 480 victimes".
"Au total plus de 23.000 faits ont été dénoncés comme ayant été commis par l'intermédiaire de Coco", avait fait savoir Mme Beccuau.
"Repaire de prédateurs"
Pour entrer sur le site, qui se présentait comme un "site de chat sans inscription", il suffisait de renseigner son genre, son âge, son code postal et de créer un pseudo, sans aucun contrôle.
Immatriculé sur l'île anglo-normande de Guernesey, il se présentait sous un visuel des années 80 qui rappelait le Minitel.
Des associations alertaient depuis des mois sur le danger que pouvait représenter ce site, un "repaire de prédateurs", et appelaient à sa fermeture.
Le site Coco a ainsi été au centre de plusieurs affaires criminelles ces derniers mois, dont le retentissant procès des viols de Mazan.