Il est le seul à avoir gagné Roland-Garros, c'était le 5 juin 1983, il y a 40 ans. Le joueur s'entraînait au club de tennis de Nice. Retour sur les raisons d'une victoire inégalée avec le directeur et son ancien camarade d'internat.

C'est une victoire qui a marqué toute une génération... et même au-delà.

Pour le public, comme pour les professionnels, Yannick Noah reste le seul joueur français à avoir remporté Roland-Garros depuis 40 ans.

Son ancien camarade d'internat, Gilles Moretton, actuel président de la Fédération française de Tennis et Franck Balabanian, le président du Nice Lawn Tennis Club se souviennent des débuts du champion.

Gilles Moretton se remémore ces instants en sport-études à Nice : "Dans mes souvenirs, je revois Yannick Noah très jeune à Nice, s'entraîner plus que tout le monde et avoir cette hargne qui l'a amené là où il a été."

Yannick Noah, est né à Sedan (Ardennes), son père Zacharie est joueur de football à l'UA Sedan-Torcy. Mais il se blesse et part au Cameroun avec toute la famille. Il se reconvertit dans la banque, la mère de Yannick, Marie-Claire, elle est enseignante.

Dans une interview, le tennisman explique comment est née cette passion du tennis : "J'ai suivi mon père. Quand il jouait au foot, je jouais au foot et quand il jouait au tennis, je jouais au tennis. J'avais 8 ans et j'adorais ça et puis j'étais le meilleur de mon club."

Des débuts difficiles au club pour un élève "déraciné"

Il quitte le Cameroun à 13 ans et entre au collège du parc impérial qui est accolé au Nice LTC, une section collège tennis avait été créée par Patrice Beust, entraîneur de renom qui a notamment coaché Guy Forget, Fabrice Santoro, Christophe Casa ou encore Sébastien Grosjean.

Le jeune Yannick débarque et doit s'adapter à sa nouvelle vie à Nice loin de ses parents et de son pays.

Sur la radio locale France Bleu Azur, Franck Balabanian, se souvient d'un élève "déraciné" qui reste seul le week-end : "Ça se passe difficilement, il rentre à Noël, il ne veut plus rentrer et puis il a un déclic. Il avait l'envie et la détermination de jouer au tennis."

Finalement, il reviendra à Nice pour poursuivre sa formation intensive avec l'ambition de devenir un des meilleurs joueurs de tennis. 

Plus tard, le directeur se rappelle que Yannick voulait même arrêter le lycée, il voulait jouer au tennis tout le temps. Le directeur technique national (DTN) a été dépêché sur Nice pour parler avec Yannick et l'inciter à poursuivre ses études. 

En 1980, le tournoi du Carré d'As rassemble déjà les meilleurs joueurs de tennis à Nice.

"Yannick était à fond tout le temps"

Une détermination et une ambition sans faille qui vont le mener à cettre fameuse victoire. 

Gilles Moretton explique les entraînements : "J'étais plutôt un garçon sérieux à l'entraînement, mais – et c'est l'analyse que je fais avec du recul – j'étais souvent à 90%, c'est-à-dire que je n'étais pas au bout de mes possibilités. Yannick était à fond tout le temps, dans ses entraînements, dans la façon d'aborder les choses. En revanche, il avait une capacité à déconnecter, à faire la fête, c'est-à-dire à débrancher de temps en temps."

Avant Roland-Garros, Gilles Moretton a même peur qu'il se blesse !

Gilles Moretton garde en tête les préparatifs pour le tournoi parisien : "À ce Roland-Garros, Yannick Noah est physiquement très fort. Il a des défauts techniques, mais les connaît. Patrice Hagelauer l'a magnifiquement entraîné et préparé. Il arrive avec un capital confiance assez énorme. Cette force qu'il avait sur les adversaires, dans le regard, dans le changement de côté... À mon avis, rien ne pouvait l'arrêter cette année-là.

"Il aimait se faire mal sur le court"

Franck Balabanian n'a pas oublié non plus ! "En 83, je le revois faire des aces face à Wilander, mais à 7h30 du matin il s'entraînait… "Je pense que c'est ce qu'il souhaitait plus que tout, que c'était son rêve et il ne rate pas le rendez-vous. Alors que quelques semaines avant, ça se passe plutôt mal à Monte Carlo."

Il ajoute : "Avec le recul, je me rends compte que c'est quelqu'un qui aimait se faire mal sur le court. Il avait cette notion de dépassement.(...) si iI perdait un match, il repartait sur un cours pour s'entraîner à nouveau."

En attendant une nouvelle victoire d'un joueur français à Roland-Garros, Franck Balabanian a prévu de baptiser le court central du club niçois à son nom.

Un hommage à l'ancien interne déraciné, devenu l'éternel gagnant de Roland-Garros. 

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