PACA: Appel aux pharmaciens pour tester la vente de médicaments à l'unité

Quatre régions, dont PACA ont lancé un appel aux pharmaciens pour expérimenter la vente à l'unité de certains antibiotiques avec pour objectif d'obtenir des économies pour la Sécurité sociale et lutter contre la mauvaise utilisation des médicaments.

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Les agences régionales de santé (ARS) d'Ile-de-France, Provence-Alpes-Côte d'Azur, Lorraine et Limousin ont été désignées par le ministère des Affaires sociales pour recruter des volontaires.


Jusqu'au 31 août 

Les candidats ont jusqu'au 8 septembre pour se manifester, indiquent trois d'entre elles sur leur site internet, le délai étant fixé au 31 août pour la région Paca. L'idée avait été lancée en septembre 2013 par la ministre des Affaires sociales Marisol Touraine, lors de la présentation du budget de la Sécurité sociale.

"Il y a un certain nombre de pays où l'on vous donne exactement le nombre de pilules ou de cachets dont vous avez besoin", avait-elle souligné,

assurant que cette pratique permettait d'éviter "qu'on se retrouve avec des armoires à pharmacie pleines de médicaments qu'on ne consomme pas" ou "mal".


1,5 kilo de médicaments à la maison

Selon elle, chaque Français conserve en moyenne 1,5 kilo de médicaments chez lui. La mesure est plutôt bien accueillie par l'opinion: 83% des Français estiment qu'elle peut réduire le gâchis.
Toutefois, certains syndicats de pharmaciens se montrent plus réservés, à l'heure où la grogne monte contre le gouvernement qui prévoit de libéraliser leur profession.
Pour ce premier test, un objectif national de 100 pharmacies a été fixé: 25 sont appelées à être "témoins", c'est-à-dire qu'elles continueront à délivrer des boîtes, et 75 dites "expérimentatrices" vendront seulement le nombre de pilules nécessaires à la durée exacte du traitement.

Reportage: PO Casabianca, B. Loth et C. David

Intervenants:

  • Jacques Valéro Pharmacien
  • Pascale Aumont Pharmacienne

Surconsommation

Les patients devront également donner leur accord en remplissant un formulaire. Une rémunération spécifique sera versée aux officines participantes: jusqu'à 1.500 euros par an pour les "expérimentatrices" et jusqu'à 300 euros pour les "témoins".
L'ARS Ile-de-France a indiqué avoir déjà reçu "quelques réponses" de pharmaciens, sans être en mesure d'avancer un chiffre. L'expérimentation sera ensuite évaluée par l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), avant une possible généralisation.

"A terme, il s'agit de lutter contre la surconsommation ou la mauvaise consommation des médicaments.


Si ça marche, il n'y a pas de raison que ce ne soit pas élargi, mais l'expérimentation vise à vérifier la faisabilité et les impacts", souligne la Direction générale de la santé (DGS).

Philippe Besset, vice-président de la fédération des syndicats pharmaceutiques de France (FSPF, majoritaire), favorable à la mesure, fait valoir que la vente à l'unité existe déjà en France pour la morphine ou pour les traitements destinés aux enfants hyperactifs.

"C'est un enjeu de santé publique car il s'agit de voir si cette pratique permet de lutter contre la résistance (de certains patients) aux antibiotiques", souvent liée à un mauvais usage du médicament, relève-t-il.


Toutefois, son syndicat est "défavorable à une extension à tous les médicaments parce que ça va coûter plus cher" et que les erreurs seront plus difficiles à tracer.
En revanche, pourquoi ne pas l'étendre à certains patients comme les personnes âgées parfois désorientées? interroge-t-il.

"Ne servira à rien"

Gilles Bonnefond, secrétaire général de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), est lui hostile à cette expérimentation qui "ne servira à rien".
La quantité des médicaments dans une boîte est "parfaitement adaptée à la durée des traitements" préconisée par les autorités sanitaires mais selon lui, certains médecins prescrivent parfois des jours en plus ou en moins.

De plus, "on sait très bien que quand il reste des médicaments dans une armoire, c'est parce que le patient a arrêté son traitement trop tôt".


"Si nous voulons lutter efficacement contre les résistances aux antibiotiques, il faut renforcer la coopération pharmaciens-médecins et communiquer auprès des patients".

Quant à la rémunération prévue, elle est "symbolique au regard du travail que cela va représenter: découper des boîtes, retranscrire les notices, les indications sur les boîtes, en plus de la posologie, ce n'est pas notre boulot. Et c'est une façon assez décevante de concevoir notre métier de pharmacien", déplore-t-il.
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