Précarité énergétique : ils ont du mal à se chauffer et ça s'aggrave

En plus du loyer, le gaz et l'électricité peuvent constituer un poste important de dépense pour un foyer. Avec l'augmentation cet hiver de ces factures, certaines familles ont du mal à se chauffer convenablement, voire, décident de ne plus le faire. Rencontre avec ces précaires énergétiques.

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Paula Toledo a 71 ans. Retraitée, elle vit seule dans un HLM à Antibes. Elle touche 1190 euros de retraite. Avec un loyer à 360 euros sans charges. L'hiver, si elle allume son chauffage, elle paye 150 euros de gaz et d'électricité. Calculs effectués, elle a décidé de réduire l'impact de cette facture dans son budget et a arrêté de se chauffer. Elle devra débourser, ainsi, 58 euros de gaz et d'électricité.

"Pour le moment, ne nous plaignons pas, mais j’attends décembre, janvier, février, ce sont les mois les plus froids. Donc c'est grosses chaussettes, survêtement, robe de chambre et au lit à 21h sous la couette pour ne pas avoir froid." 

Elle s'autorise juste à allumer son petit chauffage d'appoint dans la salle de bain, quinze minutes avant sa douche. Le chauffage mural de sa chambre et celui du salon, elle n'y touche pas. " Je ne l’allume jamais, car je n’ai pas envie d’avoir un surplus d’électricité à payer. Avec 1190 euros par mois, si on me prend 150 euros fin novembre, c’est un budget assez lourd, avec la mutuelle, le loyer, l’assurance maison et tout le reste. 1190, c’est un peu au-dessus de la précarité qui est à 990 euros, je crois. Ça ne rentre pas dans mon budget."

L'angoisse de la facture d'électricité

L'an dernier, Paula Toledo a touché un chèque énergie de 48 euros. Elle espère que celui de cette année sera bien de 100 euros, et que son électricité n'augmentera pas, comme son fournisseur le lui a promis. "Ma maman est en Corse, je voulais aller la voir, mais je ne pars pas. J’ai peur de cette note d’électricité. Je me dis, "s'il me tombe 150 euros..." J’avais prévu d’épargner 10 euros par mois. C’est dur avec la covid, j’aimerais bien retourner un peu au resto avec mes copines, mais ça me fait un peu peur. Je me dis que si le chèque énergie n’est pas versé fin décembre, ça va me faire un gros trou dans le budget."

C'est une habitude, chaque prise est débranchée quand elle part. Aucun appareil n'est laissé en veille. Mais certaines dépenses sont incompressibles : "le gaz, c’est une nécessité pour moi, c’est pour l’eau chaude, la vaisselle, me laver. Qu’il soit cher ou pas, je l'utilise. L’électricité, je l’allume en dernier recours, j’ai horreur d’être dans le noir, je mets des petites lampes LED pour ne pas allumer le gros plafonnier, je fais attention. Mais le gaz, je ne pourrais pas m’en passer, ce n'est pas possible." 

Bénévole au Secours populaire, Paula Toledo voit chaque jour des gens dans "une situation bien pire que la mienne" et refuse de se plaindre. 

La hausse des prix aggrave la situation 

Katalina Gharbi est femme de ménage et gagne 1100 euros par mois. Elle habite avec son mari, sans emploi, dans le centre-ville de Cannes. A proximité du boulevard Carnot, ils occupent un appartement de 70 mètres carrés qu'ils louent 800 euros par mois. Chaque mois, ils payent 105 euros de charges. Et pourtant, ils ont froid. 



"Il n’y a plus de chauffage. Dans la chambre, dans la salle de bain, la cuisine, le salon. Ils ne fonctionnent pas. Et quand il pleut, l’humidité s’infiltre. Il pleut dans la salle de bain." Leur logement est quasiment insalubre. Les démarches auprès de leur propriétaire n'aboutissent pas et l'hiver arrive. "Nous avons un chauffage d’appoint, mais il fait exploser nos factures d’électricité. Et il faut rester à côté pour être au chaud. On a froid dans la maison, donc on s’habille, chaussettes, vestes…c’est difficile."

Alexandra, la fille de Katalina, est désemparée devant la situation de sa mère. Elle, qui travaille à plein temps, n'arrive pas à vivre correctement de son travail. " La facture revient trop cher pour le foyer modeste que mes parents occupent. Le budget est très serré. Je n’attends pas à ce qu’on ait de l'aide de l’Etat, on a essayé de faire des démarches pour en avoir, mais ils disent qu’on a le droit à rien du tout car ma mère travaille."



Tous les ans la même angoisse : le froid. Mais cet hiver, la hausse des prix rajoute une nouvelle appréhension. 

"On a entendu que ça allait augmenter, donc ma mère s’inquiète un peu plus. À la fin de l’année, lors du réajustement de l’échéancier, si cela augmente, ça va être problématique. On arrivera plus à payer. J’espère au moins que les tarifs n’augmenteront pas ce qui nous permettrait de continuer à gérer la situation."

Le prix du gaz a augmenté de 12% le 1er octobre dernier. Le Premier ministre Jean Castex avait promis que ce serait la dernière augmentation avant le printemps. L'exécutif souhaite plafonner l'augmentation de ces tarifs à 4% en 2022. 

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