Cet ancien militant des "Gilets jaunes" rencontre un certain succès sur les réseaux sociaux. Cette semaine, il a encore fait parler de lui lorsqu'il a répondu au maire de Nice en vidéo alors que Christian Estrosi désapprouvait les manifestations anti-pass sanitaire.
"J'ai horreur du mot leader", assure Oliv Oliv. Pourtant, dans les faits, il admet qu'il peut s'apparenter à une figure de meneur dans le cadre du mouvement des anti-pass sanitaire. Interviewé ce 24 septembre par téléphone, il nous dit préférer rester modeste : "J’ai pu donner l’envie à certains de se mobiliser et de nous rejoindre sur le terrain, oui, je pense."
Cet homme de 37 ans, qui habite à Cagnes-sur-Mer dans les Alpes-Maritimes et travaille dans le bâtiment, fait de plus en plus parler de lui. Suivi par plus de 130.000 personnes sur sa page Facebook, Olivier Rohaut, de son vrai nom, publie régulièrement des vidéos "coups de gueule" en réaction aux décisions gouvernementales.
D'où lui vient ce succès ?
A mon avis, s'il y a beaucoup de gens qui me suivent, c’est que beaucoup de personnes sont d’accord avec moi.
Sa notoriété en ligne lui a même valu une place sur le plateau télévisé de Cyril Hanouna. Un espace qu'il apprécie car "comme c'est en direct, on peut vraiment échanger. En plus, on arrive à toucher une autre catégorie de personnes qui n'est pas forcément sur les réseaux sociaux."
Et le vaccin ?
Concernant le vaccin, il dit ne pas être "contre la vaccination" mais "il faut laisser la liberté de chacun de se vacciner ou non". Il semble craindre que les personnes vaccinées soient elles aussi admises régulièrement en réanimation. "J'ai besoin de vrais résultats de santé, de vrais retours du gouvernement", indique-t-il.
Pourtant, le ministère de la Santé a indiqué au début du mois d'août que 87% des patients en réanimation ne sont pas vaccinés, démontrant ainsi que le vaccin empêche de contracter des formes graves du Covid-19.
De bonnet rouge à anti-pass
Olivier Rohaut a commencé à militer avec les "Bonnets Rouges" en Bretagne, lors de la fronde contre l'écotaxe en 2013. "J'ai continué avec la loi travail à Paris, raconte-t-il. Puis, c'est au début du mouvement des Gilets jaunes que j'ai commencé à faire des vidéos." S'il s'est depuis éloigné de l'étiquette "Gilets jaunes", ses abonnés ont continué à le suivre.
Dès que la notion de pass sanitaire est entrée en jeu, il a su qu'il était contre. "Ça enlève nos libertés individuelles à chacun", argumente-t-il. Il participe alors à toutes les manifestations depuis le premier samedi de mobilisation.
Mais pas toujours à Nice, près de son domicile.
"Je suis beaucoup sollicité, explique Oliv Oliv. Souvent, ce sont des collectifs de soignants, de pompiers qui me sollicitent pour venir dans telle ou telle ville pour donner un peu de visibilité aux choses, parce qu’on a de la chance d’être beaucoup suivis sur ma page." Ce samedi 25 septembre, par exemple, il participera à la manifestation depuis Vichy où il a été appelé.
Pourtant, après les événements de cette semaine, on aurait pu l'attendre à Nice. Ce mercredi, Christian Estrosi, le maire de la ville, s'est exprimé contre les manifestations anti-pass hebdomadaires à Nice qui "paralysent le centre-ville", selon lui.
"Les Niçois n'en peuvent plus", a-t-il dit au micro de France 3, ce jeudi 23 septembre. Il accuse les manifestants de ne pas organiser la marche avec l'accord de la préfecture et de causer une perte de chiffre d'affaire aux commerçants.
Il souhaiterait que ces manifestations soient statiques.
Ces actions contraignent les Niçois à subir les conséquences néfastes de leur désorganisation. Ces manifestants improvisent le trajet au dernier moment sans en prévenir les autorités. Or, tout rassemblement sur la voie publique doit faire l’objet d’une déclaration préalable.
— Christian Estrosi (@cestrosi) September 22, 2021
Olivier Rohaut a répondu au maire de Nice par le biais d'une vidéo virulente. "A travers vos annonces, vous avez insulté des milliers de Niçois", dit-il. Et d'ajouter : "Je vais vous expliquer monsieur Estrosi, ce qui n'est pas bon pour le commerce niçois, c'est votre pass sanitaire !"
Il explique que lors des manifestations, des vidéos filment l'ensemble du cortège passer. "Au plus haut du mouvement, ces vidéos durait 19 minutes. Ça veut dire que les manifestants peuvent pénaliser un commerçant pendant 19 minutes au maximum dans la journée."
?Réponse du #giletjaune #OlivOliv à Christian #Estrosi qui veut interdire les manifestations contre le #PassSanitaire à #Nice (extrait)? Toute la vidéo : https://t.co/bsud9lmSRj@cestrosi #NonAuPassDeLaHonte #Manifs25septembre #Français #Macron pic.twitter.com/DOQl8SCPv9
— Tata Suzanne (@TataSuzanne0) September 23, 2021
"J'ai l’impression que Christian Estrosi s’est tiré une balle dans le pied", nous dit Olivier Rohaut, lors de notre échange.
"Ça fait 9 semaines que ça dure à Nice sans aucun désordre, poursuit-il. Toutes ces manifestations se sont passées dans le calme, de manière totalement pacifiste. Si Christian Estrosi avait réagi comme ça parce qu’il y avait du désordre, tout le monde aurait pu le comprendre, moi le premier." Mais selon lui, la déclaration du maire ne va faire que "renforcer les choses" : "Plus on interdit, plus les gens veulent le faire".
Une cause qui lui tient à coeur
Quand on parle de son engagement dans la cause, Olivier Rohaut est rapidement ému.
Toutes les personnes que je rencontre en manifestation, ça me fait plaisir de pouvoir marcher avec elles. Mais en même temps, ça m’attriste parce que quand j’écoute leur parcours et ce qu’ils vivent en ce moment, il y a vraiment une détresse sociale. Ça ne me réjouit pas de voir des infirmières, des pompiers, bref des citoyens, en pleurs à cause des décisions gouvernementales.
Une sensibilité soulignée par son avocate, Maître Sylvia Stalteri, qui voit en lui "un homme vrai, spontané, qui a le courage d’assumer tout haut ce qu’il pense". "Tout un chacun peut s’identifier à Olivier et c’est pour ça qu’il arrive malgré lui à fédérer autant de monde", dit-elle.
Pour la suite, Oliv Oliv a décidé de se "laisser porter".
Pour le moment, lors de ses passages télévisés, il préfère rester sur le sujet du pass sanitaire et de la vaccination. "J'essaie de garder les pieds sur terre et la tête sur les épaules", confie-t-il.