Renforcement de l'offre TER en PACA : la région va-t-elle revoir ses ambitions à la baisse ?

Les ambitions annoncées étaient fortes. À l'horizon 2025, un train tous les quarts d’heure, toute la journée, entre Cannes, Nice, Monaco et Menton, ainsi que des trains plus fréquents entre Nice et Marseille. Mais, faute de matériel reçu à temps, la région PACA devra sûrement revoir sa copie. Une bien mauvaise nouvelle au moment où la ponctualité des trains, dans notre région, est épinglée par une association de consommateurs.

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Plus de trains, davantage à l'heure, en PACA ? Et si ce rêve ne devenait finalement pas réalité ?

Lors d'une conférence de presse organisée mercredi 9 octobre, le président de la région Paca, piqué au vif, a souhaité faire des "mises au point" pour tenter de calmer le jeu.

Cela a commencé par un article de l'association UFC-Que Choisir qui, dit-on dans les couloirs du conseil régional, n'a pas été très apprécié : seuls 84,7% des TER sont à l'heure dans notre région et, si le chiffre peut sembler correct, c'est le plus mauvais de France, rien que ça !

Ce sur quoi Renaud Muselier fait amende honorable et confie : "en 7 ans, 10 points de régularité ont été gagnés pour atteindre 90% en 2022 après être montés à 92% en 2021. Toutefois, il a été observé une dégradation de la ponctualité des trains régionaux en 2023".

Lourdes amendes

C'est comme si la Région était impuissante et n'était que spectateur d'une telle situation.

  • Réponse du Conseil régional envoyée le 14 octobre :

"En 2015, le taux de régularité était de 80%. La Région a immédiatement imposé un nouveau contrat avec l’opérateur et un contentieux afin de rectifier ces chiffres. En l’espace de 7 ans, 10 points de régularité ont ainsi été gagné, pour atteindre 90% de régularité des trains en 2022 après être monté à 92% en 2021. Toutefois, en 2023, la Région a constaté que la qualité du service offert aux voyageurs s’est dégradée, en perdant 2,5 points de régularité. La Région a ainsi demandé à l’opérateur SNCF un nouveau plan d’actions : « Impact TER » qui a porté ses fruits les 6 premiers mois de l’année 2024.
Cependant, les chiffres de régularité sont repassés sous la barre des 90% à l’été et au mois de
septembre. La Région a donc immédiatement convoqué le PDG de la SNCF ainsi que les deux directeurs territoriaux de TER et de SNCF Réseau. Elle a également appliqué des pénalités à l’opérateur :
- 3 millions d’€ en 2023 + un abattement de 2,2 millions d’€ sur la rémunération du contrat TER
- 1 million d’€ en 2024
- Et dans les nouveaux contrats, un déplafonnement à 8 millions d’€ du montant maximum des
pénalités inscrit.
Lors de la conférence de presse, Renaud Muselier, Président de la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Président délégué de Régions de France, a rappelé qu’il ferait appel à ses pénalités à chaque fois que cela sera nécessaire pour obtenir le service payé par la Région, s’élevant à 450 millions d’€ par an à la SNCF, et le service attendu par les voyageurs.
L’action de la Région va au-delà avec un investissement exceptionnel dans les infrastructures
ferroviaires et en ouvrant à la concurrence l’exploitation des TER régionaux."

Un train toutes les 15 minutes

Autre écueil et pas des moindres, la densification des trains entre Nice (Alpes-Maritimes) et Marseille (Bouches-du-Rhône) et un train toutes les 15 minutes, dès mi-décembre, entre Cannes et Menton/Vintimille (Italie) semble avoir du plomb dans l'aile. Logiquement, de nouvelles rames devaient entrer dans la course avec la mise en place du concurrent à la SNCF, Transdev.

Le constructeur a fait savoir qu'il ne pourra peut-être pas honorer son contrat. Inacceptable pour Renaud Muselier, le président de la Région Paca : "la Région exige le respect strict des engagements contractuels et mettra tout en œuvre pour garantir la mise en place du nouveau plan de transport dans les délais impartis. Des pénalités pourront être appliquées allant de 10.000€ à 100.000 € par jour selon le pourcentage de réalisation du contrat signé".

Et comme pour ne rien arranger, sur cette ligne, la plus fréquentée de France après l'Île-de-France, le trafic voyageur est en hausse de 10% depuis 1 an, avec un million de voyageurs transportés chaque semaine dans la région.

  • Réponse du Conseil le 14 octobre :

"La Région Sud a été pionnière en ouvrant à la concurrence ses lignes TER, offrant ainsi aux voyageurs un service renforcé :
- Sur la partie Alpes-Maritimes et Principauté de Monaco avec Sud Azur : 1 train par ¼ h dès le
15 décembre 2024 entre Nice, Cannes, Monaco et Menton avec un engagement à un taux de
régularité de 98%. Cette ligne n’est pas concernée par un potentiel retard de livraison des
trains. L’offre sera respectée avec 39 trains dont la maintenance sera assurée par le nouveau
technicentre financé par la Région à hauteur de 62 millions d’€.
- Sur la partie Marseille, Toulon et Nice avec Transdev Rail Sud Inter-métropoles : doublement
de l’offre de transport, avec 15 liaisons aller-retour, par jour, soit 1 train par heure et par sens
avec un engagement à un taux de régularité de 97%. C’est cette ligne qui est concernée par un
possible retard de livraison des nouvelles rames.
Renaud Muselier a donc rappelé une nouvelle fois chacun à ses responsabilités lors de la conférence de presse donnée mercredi dernier : la fourniture des rames dans les temps relève du contrat entre Transdev et son fournisseur Alstom. La Région sera inflexible sur le respect des engagements pris.
La Région met des moyens importants pour des trains neufs, à hauteur de 250 millions d’€ et pour la maintenance de ceux-ci, à hauteur de 102 millions d’€ pour les nouveaux sites de maintenance de Nice.
Elle veille au respect des engagements pris, des sanctions financières seront prises en cas de non respect du plan de transports allant de 10 000 € à 100 000 € par jour, selon le pourcentage de
réalisation du contrat signé."

Moins de places dans les nouveaux trains 

Pour les usagers qui ont pu tester le train tous les quarts d'heure lors d'une opération grandeur-nature le 26 septembre dernier, la promesse semblait encore loin à atteindre. Même si l'initiative était saluée.

Côté associations de voyageurs, on fait un amer constat : "ils sont bien embêtés à la Région", confie Jean-Michel Pascal, secrétaire général de la Fnaut Marseille, la Fédération nationale des associations d'usagers des transports.

Le nombre de places sera divisé par deux dans les futurs trains reliant Nice à Marseille.

Michel Pascal, secrétaire général de la Fnaut

à France 3 Côte d'Azur

Pour cette association, il est certain que l'offre ne sera pas au rendez-vous, à commencer par la liaison Nice-Marseille : "actuellement, on a des corails qui ont une capacité de 616 places, avec les nouveaux trains confiés à Transdev on sera sur une capacité de 352 places seulement !"

Il y aurait bien la solution de doubler les trains mais, faute de matériel suffisant, cela ne devrait pas être possible : "16 rames ont été commandées, ça ne sera pas assez", ajoute Jean-Michel Pascal.

  • Réponse du Conseil :

"Le nombre de places dans les nouveaux trains ne sera pas divisé par 2 :
- Actuellement, sont en circulation 5 rames Corails avec une capacité de 600 places, à un
cadencement deux fois inférieur à celui prévu en 2025.
- La Région a commandé 16 nouvelles rames d’une capacité unitaire de 400 places,
- Ces nouvelles rames permettent une offre doublée de 15 aller/retours contre 7 aller/retours
aujourd’hui. De ce fait l’offre et la capacité de transport seront très largement étendus.
- La Région prévoit également de mettre en place des unités multiples, c’est-à-dire des trains
doubles d’une capacité totale de 800 places, aux heures de forte affluence.
La Région rappelle également que ces trains neufs à propulsion électrique proposent des services
nouveaux qui correspondent aux attentes exprimées par les voyageurs et usagers actuels : accès PMR,
emport à vélo, espace de restauration, équipés du wifi, de prises électriques et USB."

Quant aux trains à une fréquence de chaque quart d'heure, là encore cela risque d'être compliqué car il n'est pas question, pour la Région, d'acquérir de nouveaux matériels.

Malgré tout, la Région veut croire que l'offre sera à la hauteur dans le futur et notamment en 2030 pour les Jeux Olympiques, avec la promesse d'une modernisation du réseau d'ici là permettant de gagner en efficacité.

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