"Ça mérite un carton jaune", le gouvernement de Monaco tape du poing sur la table contre la suppression des TER la nuit

Du dimanche au jeudi, jusqu'au 26 juin, plus aucun TER ne circule sur la ligne littorale Nice-Vintimille entre 21h et 6h du matin. Mis devant cet état de fait, le gouvernement de la principauté et la Région réclament des réponses d'urgence de la part de la SNCF.

Jeudi 19 septembre, l'AS Monaco recevra Barcelone au stade Louis II dans le cadre de la Ligue des champions. 18 000 spectateurs sont attendus. Ce soir-là, exceptionnellement, les TER desserviront Monaco jusqu'à 22 h 45, pour permettre aux supporters de se rendre au match, et surtout d'en revenir.

C'est, à l'heure actuelle, quasiment la seule concession arrachée à SNCF Réseau par la principauté de Monaco et la Région Paca, après l'annonce de la suspension du trafic TER de nuit pour cause de travaux.

La SNCF l'a annoncé la semaine dernière : en raison d'un chantier de modernisation de la ligne ferroviaire entre Nice et Vintimille (Italie), les trains ne circulent désormais plus la nuit entre le dimanche et le jeudi. Horaires initialement annoncés : de 21h à 6h du matin, et ce... jusqu'à la fin du mois de juin !

Un report des travaux à 22h ?

Nous avons pris un tacle par-derrière, et ça mérite un carton jaune. Il n'est pas possible d'apprendre ça comme ça.

Didier Guillaume, ministre d'Etat de Monaco

au micro de France 3 Côte d'Azur

En filant la métaphore footballistique, Didier Guillaume, le nouveau ministre d'État de Monaco, a mis les points sur les i sur ce sujet brûlant, lors de sa toute première conférence publique post-nomination ce mardi.

"Nous finançons les travaux avec la Région. Monaco ne doit pas être le bailleur de fonds des travaux et subir les conséquences de cela", a-t-il poursuivi, tout en reconnaissant certaines avancées lors des deux premières réunions qui ont eu lieu avec la Région et SNCF Réseau."On a gagné en première mi-temps, on verra en deuxième mi-temps si nous y arriverons".

Concrètement, le gouvernement princier a déjà obtenu, pour les premiers jours des travaux, un report de l'heure de début de 21h à 22h. La Principauté demande maintenant à SNCF Réseau de péréniser cet aménagement :

"Nous attendons que les travaux soient décalés à 22h et non 21h -comme déjà obtenu cette semaine- afin de gérer les grands événements de type matchs de foot ou de basket, et pouvoir évacuer les personnes présentes en grand nombre à ces moments-là. C'est un travail d'équipe avec la Région", nous a expliqué la ministre de l'Équipement, de l'Environnement et de l'Urbanisme, Céline Caron-Dagioni.

Le Conseil national de Monaco était lui-aussi monté au créneau dès l'annonce du plan de suppressions de trains la semaine dernière : 

Des cars de substitution en trop petit nombre

Dans son plan initial, la SNCF n'a prévu qu'un nombre réduit de bus de substitution au départ de Monaco :

• Chaque soir, un seul car de substitution part de la gare Sainte Dévote à destination de Vintimille (22h), de Menton (23h15) et de Nice (23h30).
• Pour les abonnés TER/ZOU ! uniquement, deux cars partent chaque soir de la gare de Monaco (à 22h et à 23h30) pour rejoindre le port de Nice en desservant les mêmes arrêts que le TER.

C'est largement insuffisant pour la Principauté qui pointe les difficultés pour les nombreux touristes, mais aussi travailleurs frontaliers qui chaque jour se déplacent en train.

Les salariés frontaliers, premiers pénalisés

C'est le cas en premier lieu des salariés de l'hôtellerie-restauration et du secteur de l'industrie qui travaillent en horaires décalés.

À l'image d'Ilaria, cheffe de salle d'un restaurant monégasque. Chaque soir, elle termine son service à 23h et rentre chez elle à Menton.

Il faudra trouver des solutions : des collègues qui ont une voiture, ou un taxi... Ou alors il faudra que j'achète un scooter parce que je ne peux pas payer le taxi tous les soirs.

Ilaria, salariée monégasque habitant à Menton

Une nouvelle réunion prévue ce vendredi

"Une nouvelle réunion de travail se tiendra vendredi après-midi. Elle sera consacrée à l'examen des scenarii alternatifs de travaux que SNCF Réseau s'est engagé à mettre à l'étude et à proposer à la principauté et à la Région", précise la Principauté dans un communiqué.

Ces dernières semaines, la SNCF a déjà été mise sur la sellette en raison d'une autre interruption de trafic, totale cette fois, sur la ligne Nice-Tende, pour travaux, et pour une durée de 16 mois.

Sur la sellette également en raison de la récente étude de l'association UFC-Que Choisir plaçant Provence-Alpes-Côte d'Azur comme la pire région de France en matière de ponctualité des TER.