Entre démarche résiliente et récolte de fonds pour des associations telles que le Ruban Rose et Princesse Paloma, trois amies et habitantes de Contes ont effectué le trek Rose Trip au Maroc.
Trois roses des sables pour un défi 100% féminin et solidaire. Marjorie, Angélique et Fabienne sont amies, elles se sont lancées dans un challenge singulier, celui de conjuguer leur engagement associatif au plus-que-parfait.
Elles ont atterri à l'aéroport de Nice, le soir du 2 novembre, fatiguées mais épanouies. Elles reviennent alors de lointaines contrées dont elles ont rêvé pendant 2 ans, et qu’elles n’ont cessé de fouler pendant une semaine. Elles racontent cette aventure, humaine et sportive. Celle de trois habitantes de Contes au sein de la troisième édition du trek Rose Trip qui s'est déroulé au Maroc du 28 octobre au 2 novembre, aux couleurs de la lutte contre le cancer du sein.
Une idée folle
Tout commence autour d’une table. Angélique Masseglia se remémore un repas avec ses deux comparses, bien avant la crise sanitaire, il y a de cela presque 2 ans. C’est ce qui les a mis en marche. « Un jour nous étions en train de déjeuner toutes les trois et Marjorie a dit qu’elle voulait faire le Rally des Gazelles. Je lui ai répondu que j’avais une amie qui avait fait le Trek Rose trip. Elle ne connaissait pas. Fabienne était là, nous étions toutes les trois. Le soir, Marjorie m’a harcelée pour l’inscription et on a décidé de le faire, c'est un acte de résilience, pour aller de l’avant. Et faire une bonne action pour soutenir la Ligue contre le cancer. »
Cette capacité à dépasser les chocs traumatiques, Angélique l’effleure dans un souffle. Au début de l’année 2014, deux enfants sont retrouvés morts après l’effondrement, en pleine nuit, de dizaines de mètres cubes de roche sur un chalet d’Isola 2000. Les mères de ces deux garçons sont Angélique et Fabienne, elles étaient sur place au moment du drame.
Li Ratapignata est le nom de leur groupe pour le trek. Elles se sont fait appeler ainsi pour faire écho à l’un des emblèmes nissart méconnu. Alors que l’aigle incarne la lutte en pleine lumière, les chauves-souris, Li Ratapignata, en niçois dans le texte, représentent la résistance dans l’ombre. Tout un symbole.
Le temps de la préparation
S’aventurer en plein désert, à pied, ne s’improvise pas. C’est même vivement déconseillé. Un avis que nos trois Azuréennes ont quelques fois entendu, sans jamais l’écouter. Quand on leur demandait avant de s’envoler pour le Maroc, si, un jour, elles avaient envisagé un tel périple, Marjorie répondait : « Jamais ! Nous sommes novices en plus, même dans la randonnée, dans la marche. Nous nous y sommes mises, les filles un peu plus que moi » concède-t-elle. Et de rajouter : « La préparation a été compliquée mais du coup on s’est mise à la randonnée. Le défi était là, on y est allé en mode guerrières ».
Un régime alimentaire sain a été engagé, avec légumes et poulet, en préparation du trek. « On a fait une énorme randonnée avec beaucoup de dénivelé, le dernier week-end avant notre départ. » précise Angélique.
Le trek Rose Trip est avant tout une course d’orientation, qui est composée d’étapes d’une vingtaine de kilomètres. Une difficulté surmontée grâce aux proches de Li Ratapignata détaille Marjorie : « On s’est entraîné à la boussole, à la carte, car c’est vraiment une course d’orientation. On ne savait pas se servir d’une boussole ou d’un rapporteur topographique. Pour cela, le mari de Fabienne nous a bien coaché, il nous a fait faire des exercices. »
Préparer une telle échappée a demandé au trio une année de préparation. Pratiquement tous les week-ends dans ce lapse de temps ont été impactés par la préparation du trek. Il faut compter au moins 6000 euros, pour 3 personnes, afin de vivre une telle aventure. Le plus dur étant de trouver des partenaires, entreprises et proches qui jouent le jeu du mécénat. « On a eu de la chance d’être hyper sponsorisés, on a eu un soutien incroyable », concède Marjorie.
Place à la course
Après un premier vol de Nice vers Paris, Fabienne, Angélique et Marjorie connaissent un faux départ. Le 28 octobre, leur avion pour le Maroc en début de matinée est reporté dans l’après-midi. Pas de quoi entamer la volonté des trois Azuréennes. « Les filles ont pris un petit souvenir de leur garçon, mon fils m’a fait aussi un petit dessin que l’on a accroché sur nos sacs. » précise Marjorie.
Vendredi 29 octobre, la première étape est bouclée. L’équipe décrit des paysages époustouflants et une ambiance unique. Elles devaient parcourir 19,05 km, elles en ont fait 20,66. Là où la température atteint 25°C le matin. Le trio se classe à la 30ème place à l'issue de cette première boucle dont la préparation a été contrariée par un vol retardé la veille pour le Maroc.
Les kilomètres s'enchainent, rien ne décourage Li Ratapignata. Les premières blessures se font sentir, mais le moral est bon. Toutes se surprennent à oublier la douleur et les courbatures pour avancer sur un horizon qui s'étale dune après dune, à perte de vue. Deuxième boucle achevée à la 21ème place. Du mieux. L'esprit de compétition reprend le dessus pour ces trois Azuréennes qui s'émerveillent du changement de paysage à chaque borne franchie.
« On en prend plein les yeux et nos pieds souffrent » commentent-elles sur les réseaux sociaux. Quelques bobos sont aussi à déplorer, et le sentiment de dépassement de soi se fait plus présent.
Dernière étape, dernière boucle en ce dimanche 31 octobre, la plus dure, la plus émouvante, la plus longue et la plus chaude. Franchie avec succès. « Nous avons dû puiser dans nos ressources pour aller jusqu'au bout. Nous avons dépassé nos limites et sommes épuisées mais tellement fières et heureuses » écrivent-elles. Une montée au classement qui récompense cet effort dominical, avec une belle 5e place. Au classement général, Li Ratapignata termine 10e.
Des femmes solidaires
Ultime étape solidaire, et hors classement, durant laquelle toutes les candidates se sont lancées à l'assaut de la plus haute dune de Merzouga, à l'unisson, pour soutenir le Ruban Rose, l'association dédiée à l'information sur le cancer du sein et le dépistage précoce.
TOUTES UNIES CONTRE LE CANCER DU SEIN?
— Trek Rose Trip (@Trekrosetrip) November 1, 2021
Ultime effort sportif pour les équipages qui ont dépassé leurs limites pour gravir l’une des plus hautes dunes de l’Erg Chebbi !
Un symbole fort pour montrer leur soutien à @RubanRose et aux femmes qui se battent contre le #cancerdusein ! pic.twitter.com/CpMf1xBRfo
Marjorie, Angélique et Fabienne ont ainsi contribué à la levée de fonds pour plusieurs associations. Ni une, ni deux, mais bien trois causes auxquelles elles ont souhaité s'associer. Soit la lutte contre le cancer du sein, ainsi que l'association des Enfants du désert, qui oeuvrent en faveur de l’accès à l’éducation des enfants du sud marocain et dont les dons se sont élevés à plus de 30.000 euros à la fin du trek.
Li Ratapignata a également effectué un don de 500 euros à Princesse Paloma. « Nous avons décidé de soutenir une association locale. Pour Paloma, qui a 16 ans, et qui est atteinte d’une maladie neuro-dégénérative ». Elle était présente lors du départ du trio, à l'aéroport de Nice.
Gilles, son papa, est un ami d’enfance d’Angélique. « On était au collège ensemble et on était très proches. Le hasard a fait que l’on s’est retrouvé sur Facebook, au moment de cette aventure. J’ai découvert qu’il avait une fille, et qu'elle avait ce gros souci de santé. Ca a été comme une évidence pour nous trois, il fallait qu’on la soutienne. » précise-t-elle.
Dur retour à la réalité
Difficile d'atterrir au retour du Maroc. Au sens propre, comme au sens figuré. Nouveau retard au décollage et arrivée tardive à Nice. Le mental de nos trois Azuréennes a du mal à se reconnecter à la réalité. « Je n’ai pas repris tout de suite le travail, mais depuis quelques jours je suis dans ma bulle, je suis encore là-bas. Je revois plein de choses. J'avais des ampoules partout aux pieds mais on oublie tout, on ne pense à rien. On a des buts, des balises, c’était très motivant » se rappelle Fabienne une fois de retour à Contes. Et Angélique de confirmer : « C’est tellement extraordinaire ce que l’on a vécu ». La sensation d'avoir découvert la solidarité est partagée par ces trois aventurières du désert. Toutes les femmes là-bas avaient un défi à relever. Elles ont su dépasser le leur « en fermant toutes les portes, notamment celles de douleur ». C'est une oasis de fierté pour Marjorie, Angélique et Fabienne. L'idée d'une prochaine participation lors du trek 2022 au Sénégal les a effleurées, mais c'est déjà complet !