En septembre 2022, une sonde envoyée par la NASA a pu dévier la trajectoire d'un astéroïde. Deux ans plus tard, l'astrophysicien azuréen Patrick Michel pilote la mission européenne chargée d’étudier conséquences de cette collision.
Tout a commencé, il y a 2 ans. Du jamais vu dans l'histoire de l'Humanité. Une sonde envoyée depuis la Terre, à une vitesse de 23 700 km/h, soit 6 fois la vitesse d'une balle de fusil, est entrée en collision avec un astéroïde de 150 km de diamètre environ, situé à 10 millions de kilomètres. Ce vaisseau nommé DART piloté par la NASA, n'était pas plus gros qu'un réfrigérateur. Le corps céleste percuté, lui, se nomme Dimorphos.
Exactly two years ago was one of the most emotional moments of my life watching DART impacting asteroid Dimorphos. A dream started in 2005. What an incredible achievement by @JHUAPL @NASA #HeraMission is ready to go back 🚀 https://t.co/SQbjhFJNkD pic.twitter.com/8DAqnvAn64
— Ian (@deepbluedot) September 26, 2024
Aujourd'hui,il faut pouvoir tirer toutes les conclusions possibles de cet essai grandeur nature afin d'en déduire un modèle scientifique. Pour cela, il manque des éléments incontournables. C'est l'objet de la nouvelle mission, nommée HERA, dont un des responsables scientifiques est l'astrophysicien azuréen, Patrick Michel : " En fait, on n'a pas les images de "l'après" (collision) Donc on a besoin d'un détective qui va retourner sur la scène du crime et nous dire exactement ce qui s'est passé."
Est-ce que cet astéroïde a sur sa surface un cratère produit par l'impact ? Si oui de quelle taille de quelle profondeur ? Ou alors est-ce qu'on a complètement déformé l'astéroïde ?
Patrick Michel, directeur de Recherche au CNRS - Observatoire de la Côte d’Azur, Université Côte d’Azurà France 3 Côte dAzur
Afin d'étudier Dimorphos, qui s'est révélé être l'équivalent d'un fragile amas de gravats cosmiques, la sonde spatiale HERA a été construite en 3 ans avec à son bord, deux petits satellites d'observation, 2 drones commandés depuis le satellite. Du jamais vu à cette distance.
Selon Patrick Michel, c'est la structure même de l'astéroïde est le facteur qui influence le plus la façon dont il réagit à un impact :" Il nous faut pouvoir mesurer ses structures internes pour pouvoir interpréter". La mission HERA de l'Agence spatiale européenne partira en octobre afin de l'examiner plus en détails.
Dévier les astéroïdes pour sauvegarder la planète
Bien que ce ne soit pas le risque le plus élevé pour la Terre, au regard des tremblements de terre ou des tsunamis, les "attaques" de stéroïdes sont très sérieusement envisagés.
Ce qu'on cherche à faire, c'est d'offrir un plan robuste aux futures générations pour pouvoir faire face à se risque le jour où il se concrétisera.
Patrick Michel, directeur de Recherche au CNRS - Observatoire de la Côte d’Azur, Université Côte d’Azurà France 3 Côte d'Azur
Pendant ce temps, dans un laboratoire situé au Nouveau-Mexique, des chercheurs américains viennent de réaliser une expérience sur un astéroïde de 12 millimètres de large. La taille d'une bille. Ils l'ont exposé à des rayons-X, "le faisceau le plus brillant dans le monde", selon les déclarations du premier auteur de l'étude, Nathan Moore, à l'AFP. L'essentiel de l'énergie produite par l'explosion nucléaire est sous forme de rayons-X, ce qui signifie que dans l'espace, faute d'atmosphère, il n'y aurait ni onde de choc, ni boule de feu.
Les chercheurs ont conclu qu'une explosion nucléaire serait suffisante pour infléchir la course d'un astéroïde de 4 kilomètres de diamètre. Le modèle utilisé suppose une bombe d'une mégatonne, plus de 60 fois plus puissante que celle de Hiroshima. Et qui devrait détonner à quelques kilomètres de sa cible, mais à des millions de kilomètres de la Terre.
À condition d'être prévenu suffisamment à l'avance !