Une association de passionnés d'histoire a entrepris des travaux de rénovation d'une ancienne poudrière de la Seconde guerre mondiale pour sauver ce patrimoine militaire des Alpes-Maritimes. Une cagnotte en ligne a été lancée.
C'est l'histoire d'une poudrière qui se délabre sans faire de bruit. Mais les membres de l'association Riviera 44, des passionnés d'histoire, ont décidé de mettre le feu aux poudres pour la rénover.
Une cagnotte en ligne a déjà permis de récolter 395 euros sur les 1 000 euros nécessaires.
L'association a récupéré cette poudrière auprès de la mairie du Moulinet, petite commune de 262 habitants. Il s'agit d'un prêt pour un bail de 5 ans avec obligation de faire les travaux car la collectivité n'avait pas les moyens de les faire.
Le poudrière se situe entre le col de Turini et le camp d'Argent. Il y a deux entrées avec des portes en bois.
Il est difficile de deviner le site lorsque l'on passe en voiture.
Refuge historique
Ce site présente surtout un intérêt historique et stratégique. La poudrière a été construite en 1902, terminée en 1920 et occupée en 1940 par les Allemands, puis par les Américains.
Car c'est un refuge historique qui n'était pas seulement réservé au stockage de munitions !
Peu de vacanciers qui vont au ski à la petite station de camp d'Argent connaissent cette page d'histoire.
Pendant la Seconde guerre mondiale, les Allemands qui fuyaient Nice, se sont réfugiés sur le plateau d'Authion.
Des combats oubliés
Yvan Vieillard-Baron, de l'association Riviera 44, précise que "beaucoup de photos ont été faites par les Allemands et les Américains car cette poudrière a servi de base de départ pour les raids américains sur les Allemands".
Des combats oubliés : de septembre 1944 à avril 1945, il y a eu 400 morts : 300 côté allemand et 100 côté français.
Une bataille qui s'est déroulée un mois avant l'arrêt des combats de la Seconde guerre mondiale. Cet endroit permet de redécouvrir le cadre de ces événements.
Une salle remplie de stalactites
Les membres de l'association ont aussi découvert que c'était un endroit très humide, surtout au printemps et à l'automne.
Une salle est même remplie de stalactites, l'eau coule sur le sol, une source traverse l'ancienne poudrière. Un berger a pu aménager un abreuvoir en contrebas. Pas vraiment l'endroit idéal pour entreposer de la poudre !
A l'intérieur, une grande salle se situe au fond de la poudrière et il y a de plus petites sur les côtés. La surface totale est estimée à environ 300 mètres carré.
Yvan Vieillard-Baron explique :"On a déjà fait pas mal de travaux depuis un an de nettoyage et de remise en état. C'était très délabré, squatté, dégradé. Ça avait été longtemps fermé, la végétation avait pas mal poussé. On a réussi à assainir et à tout nettoyer pour retrouver l'aspect d'origine. La cagnotte en ligne, c'est pour avoir les fonds nécessaires."
Pièce, pommade, fioles et cartouches
Au moment de ce grand nettoyage, il y a eu de petites pépites : "On a retrouvé des vestiges de la 2ème guerre mondiale comme une pièce de 1 franc avec l'inscription "travail-famille-patrie" datée de 1943, un tube de pommade américaine et des fioles de rations américaines pour rendre l'eau potable, des cartouches, un manche de couvert américain (tous les soldats US avaient un set de couverts) et énormément de déchets de l'autre côté de la route."
Aujourd'hui, l'association a besoin de fonds pour effectuer les travaux de rénovation.
Sur son compte Facebook, l'association précise que le moindre euro sera utile : "travail de ferronnerie, ponçage et peinture des portes blindées, maçonnerie sur le parvis et la facade, confection de dalles pour la goulotte d'évacuation des eaux, remise en état de la fontaine."
"Sur les traces des troupes américaines et allemandes"
Habituée des reconstitutions de la Seconde guerre mondiale, l'association Riviera 44 participe à des commémorations dans le Var et les Alpes-Maritimes.
Mais aussi pour le 11 novembre ou encore des reconstitutions de la guerre d'Algérie, de la guerre d'Indochine... pour mieux les comprendre.
"C'est un endroit qui nous permettra à terme pour organiser des soirées de reconstitution sur les traces des troupes américaines et allemandes", explique Yvan Vieillard-Baron.
Dès que les travaux seront terminés, ce site militaire pourrait servir de "musée vivant" le temps d'un week-end ou pour des journées commémoratives.