Vence : des collégiennes en jupe et en top court pour dénoncer une atteinte à leur liberté de s'habiller

Le mouvement avec le #liberation 14 septembre. Il est né du ras-le-bol et de la colère des collégiennes choquées de devoir changer de tenue dans leur établissement scolaire. Short, jupe, crop top et décolletés n'ont plus le droit de cité. Une adolescente de Vence (Alpes-Maritimes) témoigne. 

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La jeune collégienne de 3ème est choquée, sa mère désemparée et les copines solidaires. A Vence (Alpes-Maritimes), plusieurs adolescentes ont décidé de suivre l’action annoncée sur les réseaux sociaux avec le hashtag #14septembre#revolution feministe et #bordanombrilchallenge.

C'est un appel à se rebeller pour affirmer leur tenue. Une tenue jugée de plus en plus souvent non conforme dans les établissements scolaires, les collèges et les lycées. En cause ? Pas le port du masque, mais celui du short, d'un top à bretelles ou encore d'une jupe plus ou moins courte au collège. 

L'objectif de cette opération est de faire réagir, lancer le débat et montrer leur ras-le-bol. Certaines collégiennes ont pris une photo de groupe en jupe et haut court devant leur établissement ce matin. Elles dénoncent : "nous n'avons pas accès à l'école".

"Tenue correcte"

Stéphanie, mère de Lucile élève de 3ème témoigne : "le 2ème jour après la rentrée, ma fille est arrivée en jogging au collège avec un haut qui laissait voir 1cm de ventre. L'établissement m'a appelé." Pour le collège, ce n'est pas une « tenue correcte ». Elle répond à la CPE : "Vous voulez qu’elle vienne en burka ?" Et la mère de famille s'insurge : "Je trouve qu’on rabaisse les filles car on leur dit qu’elles sont libres mais c'est faux. On est en 2021, on se bat, on s'est battus pour leurs droits. En France, il y a la liberté au niveau de la religion et sociale mais pas la liberté de s’habiller."

Crop top

Sa fille a 14 ans, elle est confrontée au problème depuis la 6ème. Récemment, l'objet du litige ? Un crop top, un haut court qui peut laisser apparaître le nombril. Lucile raconte : "Ce matin j'allais rentrer en cours, la CPE m'a pris mon carnet et a appelé mes parents pour qu'ils m'apportent d'autres affaires." C'est la 3ème fois depuis son entrée au collège.
La plupart des collégiennes de 4ème et 3ème a vu l'appel ce week-end sur Instagram. Vers 10h00 ce lundi matin, les collégiennes de Vence sont allées se changer dans les toilettes pour enfiler leur "tenue interdite". Avec le risque d'avoir des heures de colle. Elles portaient un top court et elles étaient en jean.

Une surveillante les a fait venir dans le bureau de la CPE. La conseillère principale a échangé avec le petit groupe "de manière bienveillante pour rappeler le règlement intérieur et redire qu'il faut une tenue correcte : "on ne s'habille pas en tenue de plage pour aller en cours".

Relâchement


De manière générale, les CPE constatent un relâchement dans les tenues pour les filles comme pour les garçons. Sans doute un effet du confinement et des mauvaises habitudes prises à la maison. "Nous on leur apprend à s’habiller correctement car ils seront convoqués pour l’oral du brevet. On rappelle aussi à l'ordre des garçons dont on voit le caleçon qui dépasse. On ne tient pas de discours sexiste, on déplore ce genre de discours", précise l'une des CPE. 

Des situations qui se répètent. A la rentrée, une amie de Lucile n'a pas pu rentrer en cours car elle portait un jean troué. Elle affirme :

C'est pas à nous de changer, c'est aux garçons. Il fait 30 degrés dehors, on va pas se mettre en combinaison de ski ! Franchement, ça me choque, on a le droit de s'habiller comme on veut ! Quand les garçons viennent en short, on ne leur dit rien".

Lucile, élève de 3ème à Vence.

Malgré cette action, elle est déjà désabusée : "peut-être qu'on refera des trucs comme ça, mais je ne sais pas si ça servira à quelque chose."

"Faire culpabiliser les jeunes filles"

Désorientée et choquée, la mère de la collégienne a contacté l'association « Ni putes, ni soumises » ce lundi 14 septembre pour savoir comment faire et comment réagir. Elle aimerait qu'il y ait une homogénéité au niveau national. Car derrière ces nombreuses remontrances, elle pense que l'idée est de "faire culpabiliser les jeunes filles". 

Un pantalon et un tee-shirt

En attendant, ce matin elle a dû apporter un pantalon et un tee-shirt à sa fille ce matin car elle portait une jupe à petits pois jugée trop courte. Elle se souvient qu'à son époque, elle pouvait mettre des jupes et des robes dans son collège sans déclencher un avertissement, un coup de téléphone à ses parents ou même des heures de colle. Ce matin, sa fille a raté une heure de cours.

Soutien de Marlène Schiappa

Cette action a reçu le soutien de la ministre chargée de la citoyenneté Marlène Schiappa : "en tant que mère, je les soutiens avec sororité & admiration"  

Journée de la jupe

L'idée d'une journée avec des "vêtements féminins" n'est pas nouvelle. En 2006, "une journée de la jupe" est partie d’un groupe d’élèves de 1ère, en Ille-et-Vilaine, qui revendiquaient le droit de porter des vêtements féminins sans subir de remarques désobligeantes. Leur idée a été reprise par différentes associations et soutenue par de ssyndicats enseignants.

Sensibiliser les CPE

Une action popularisée par le film "La Journée de la jupe" (2009), avec Isabelle Adjani dans le rôle d’une enseignante qui veut rendre obligatoire le port de la jupe pendant une journée. Objectif : lutter contre le machisme des élèves. Mais ce lundi 14 septembre, l'idée était plutôt de provoquer et de sensibiliser les CPE et les principaux de collège aux tenues féminines considérées trop souvent comme indécentes. 

 
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