VIDÉO. Comment la nouvelle signalisation SNCF veut faire préférer le train de Marseille à Vintimille

Entre les trains de fret et ceux transportant touristes ou travailleurs, la ligne entre Marseille et Vintimille en Italie sature et tous les plans pour augmenter la cadence sur cet axe méditerranéen passent par un changement du système de signalisation.

C'était une première sur une ligne de chemin de fer "classique" en France : la pose, mi-novembre à Cagnes-sur-Mer, de quatre aiguillages high-tech et la mise en place d'un système de signalisation européen. 

Il a fallu couper les rails et enlever des portions de 150 mètres comprenant les anciens aiguillages vieux de 60 ans. Le chantier de terrassement a été colossal pour reconstituer le ballast mais également pour le stabiliser avant la pose du nouvel équipement. Les avantages pour les voyageurs devraient être rapidement perceptibles.  "

Il y aura un meilleur confort de circulation. Avec ces nouveaux aiguillages informatisables, on pourra avoir une meilleure régularité et fiabilité des trains

Karim Touati, directeur territorial SNCF Réseau PACA. 

Une gestion en temps réel 

"Au-delà d'être un projet technique, c'est surtout une volonté d'amélioration de la performance sur le corridor ferroviaire le long de la Méditerranée, qui va de Barcelone (nord-est de l'Espagne) à Venise (nord-est de l'Italie)", explique à l'AFP Jean-Pierre Serrus, vice-président chargé des transports à la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Côté français, les travaux ont commencé à l'été 2022 et doivent permettre la mise en place progressive du système paneuropéen de signalisation ERTMS (European Rail Traffic Management System) entre fin 2027 dans les Alpes-Maritimes et 2030 dans les Bouches-du-Rhône.

Déjà installé sur les lignes à grande vitesse, ce système place la signalisation à l'intérieur de la cabine du conducteur et permet une gestion en temps réel de l'espacement entre les trains, explique Jacques Paulet, directeur du programme de modernisation de l'axe Marseille-Vintimille chez l'opérateur français SNCF Réseau.

Actuellement, les messages passent par des signaux lumineux installés tous les 2 km le long des voies, 2 km étant la distance nécessaire aux trains de fret, les plus lourds et les moins modernes, pour s'arrêter en toute sécurité.

Mais les trains grandes lignes et les TER qui sillonnent cet axe majeur sont plus performants et peuvent s'arrêter en sécurité sur 700 mètres. Avec une signalisation en temps réel, on pourra donc en faire rouler davantage sur la même voie. Un centre de contrôle en cours de construction à Marseille assurera la gestion des connexions par signal radio avec chaque train. Au total, entre ce centre, l'équipement des voies et des rames, l'ensemble du projet est évalué à 750 millions d'euros, financés par l'Etat, SNCF Réseau/SNCF, l'Union européenne et la région Provence-Alpes-Côte d'Azur.

Une des lignes françaises les plus fréquentées

De l'autre côté de la frontière, l'Italie a lancé un programme de 3,2 milliards d'euros pour équiper près de 5 000 km de lignes de l'ERTMS. L'axe Gênes-Vintimille doit franchir le pas en 2028 selon RFI, l'entreprise chargée du réseau ferré italien. De quoi relancer les projets de liaison directe Nice-Gênes.
Mais le défi majeur des prochaines années sera de convaincre un maximum d'habitants et de visiteurs de préférer le train à la voiture, en proposant un service plus complet et régulier.

Il faut 4H45 pour assurer ce voyage actuellement :

Pour l'instant, les pétitions d'usagers mécontents se multiplient, en particulier sur la portion Grasse/Cannes-Nice-Monaco-Vintimille, la ligne régionale la plus fréquentée de France après les cinq lignes franciliennes de RER. Trains trop courts et bondés aux heures de pointe, retards en série à cause de défauts d'entretien...

Même si les embouteillages ne rendent pas la route attractive, le quotidien des utilisateurs du rail est compliqué sur la Côte d'Azur.

Nouveaux aménagements à venir

Pour y remédier, le passage à l'ERTMS avance avec le projet de ligne nouvelle Provence-Alpes-Côte d'Azur (LNPCA), qui prévoit des nouvelles rames, des aménagements de gares et de voies, jusqu'à la construction d'une gare à l'aéroport de Nice et le percement d'une gare souterraine à Marseille-Saint-Charles à l'horizon 2035. Il accompagnera aussi à terme le projet de Services express régionaux (SER, proche des RER) connectés aux autres moyens de transport dans les aires métropolitaines de Marseille, Toulon et Nice.

"On vise le passage d'un train tous les quarts d'heure à un train toutes les 10 minutes, voire plus. C'est à ce prix-là qu'on peut viser un report modal et une décarbonation profonde de la mobilité de nos concitoyens", explique Jean-Pierre Serrus. Auparavant, l'ouverture à la concurrence doit permettre d'augmenter de 75% le nombre de TER fin 2024, avec davantage de trains tout au long de la journée. Mais aux heures de pointe, le trafic est déjà au maximum des capacités : pour mettre plus de trains, il faudra attendre la nouvelle signalisation.

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