Nathalie Perotti comparaît ce vendredi devant les assises d'Aix-en-Provence pour avoir tué son concubin, père de ses deux enfants, de 15 coups de couteau le 1er juillet 2015. Pour sa défense, elle affirme avoir voulu se libérer d'un homme qui la battait depuis des années.
Ce vendredi devant la cour d'assises d'Aix-en-Provence s'ouvre le procès de Nathalie Perotti jugée pour l'assassinat de son concubin, Bernard Asciak.
Les jurés y verront-ils une "autre affaire Jacqueline Sauvage", du nom de cette femme battue qui a tué son mari et a été en partie amnistiée par François Hollande ?
Ou au contraire verront-ils dans la quantité importante de calmants volontairement administrés à la victime par l'accusée, la preuve d'un meurtre avec préméditation passible de la réclusion criminelle à perpétuité ?
Le 1er juillet 2015, Bernard Asciak, 53 ans est tué de 15 coups de couteau dans la maison familiale, située dans le quartier Saint-Loup à Marseille. Nathalie Perotti, 50 ans au moment des faits, reconnaît avoir porté ces coups mortels.
Sa version est simple : c'était "lui ou moi". Cette femme décrite comme discrète et gentille n'explique pas autrement son geste, après 33 ans de vie commune avec Bernard Asciak dont elle a eu deux enfants.
La version d'une femme battue sous emprise
Son avocat, Me Victor Gioia dépeint un enfer conjugal, un quotidien fait de coups, de brimades et d'insultes.
"Des Madame Perotti, vous en croisez dans le métro ou dans la rue, ce sont des silhouettes frêles, matraquées dans le secret des alcôves, auxquelles on ne fait pas attention", explique l'avocat.
Un mort est attendu et le rendez-vous avec la mort, la plupart du temps, c'est la femme"
Me Victor Gioia, avocat de Nathalie Perotti
Pour Me Gioia, Nathalie Perotti était "emprisonnée dans une prison qui ne peut pas s'ouvrir parce que c'était d'abord une prison psychique; plusieurs fois elle a essayé de prendre ses distances, de quitter cet homme, mais il était d'une violence au-delà de la norme".
"C'était une femme soumise à une maltraitance le jour, la nuit, une violence quotidienne, devenue quasiment le liquide amniotique de la famille et notamment des enfants".
Pour expliquer le passage à l'acte ce jour-là, Me Gioia évoque le caractère devenu encore plus "irascible et agressif" de Bernard Asciak à la suite d'un accident de scooter trois semaines plus tôt.
Pour lui, "si elle avait voulu tuer, elle aurait utiliser un produit mortel".
La sœur de la victime partie civile
Pour les proches de la victime, rien ne justifie le geste de Nathalie Perotti. La sœur de Bernard Asciak s'est constituée partie civile. Son avocate Emmanuelle Istria balaie d'emblée tout comparaison avec l'affaire Jacqueline Sauvage.
"On n'est pas du tout dans le procès Jacqueline Sauvage dont les enfants ont été violés, souligne Me Istria, là c'est une femme qui avait une vie tout à fait normale, elle partait en vacances, elle a travaillé pendant 10 ans, elle avait des tas d'espace de parole où les choses auraient pu être dites".
Même s'il y avait des difficultés certaines dans le couple, elle avait beaucoup d'autres moyens que de le tuer.
Me Emmanuelle Istria, avocate de la sœur de Bernard Asciak
"Mais il y avait peut-être d'autres intérêts qui l'empêchaient de se séparer de lui, ajoute Me Istria, les vraies raisons ne sont peut-être pas celles évoquées".
"Ils n'étaient pas mariés et tous les biens du couple étaient à son nom à elle, on était loin du mari persécuteur et odieux qu'elle nous dépeint", assure l'avocate.
Pour l'accusation, la question de la préméditation sera au centre des débats. "Ma conviction est faite, même lorsqu'elle dit : "il aurait compris que je lui avais administré des médicaments et il m'aurait tuée", je n'y crois pas un instant parce que si elle a cette peur à ce moment-là, elle sort de la maison et elle va se réfugier à la police en disant "j'ai drogué mon mari, j'ai peur qu'il se passe quelque chose", il y avait de multiples façons de s'en sortir".
Selon Me Istria, les médicaments avaient bien "pour but de le rendre un peu plus vulnérable".
Incarcérée et libérée à plusieurs reprises, Nathalie Perotti comparaît libre, sous contrôle judiciaire, après neuf mois de détention provisoire.
Le procès doit durer jusqu'au 14 juin.