"Mère nature est mère veilleuse" est une méthode mise au point du côté d'Aix-en-Provence dans les Bouches-du-Rhône par deux femmes pour les mères qui subissent la charge mentale. Une quinzaine de maternités sont partenaires. Car de la santé mentale des mères, dépend celle de toute la famille.
"Mère-nature est mère-veilleuse" est une méthode mise au point par une mère de famille débordée et sa complice spécialiste des risques psychosociaux. Leurs propos permettent aux femmes de se dégager d'une charge mentale excessive, aggravée par les injonctions d'être une mère parfaite que véhicule notre société.
Elles ont déjà convaincu une quinzaine de maternités partenaires et ne comptent pas en rester là, car de la santé mentale des mères dépend celle de toute la famille.
Des journées marathon
Julie est ostéopathe et mère d'une enfant en bas âge. Entre la préparation des repas faits maison, l'emmener chez la nourrice, aller au travail puis revenir en fin de journée et s'occuper de sa fille. C'est une organisation très maîtrisée.
"Il y a des jours où tout se passe bien, et puis il y a des jours où ce sont des pleurs et de la fatigue. Il y a des soirs où c'est plus compliqué pour l'endormissement. Il faut malgré tout après notre journée de travail et notre fatigue, être 100% disponibles pour eux et être patient et c'est vrai que ce n'est pas toujours évident, mais quand vous voyez son sourire cela rattrape tout", reconnait Julie Salinas, mère de Léontine.
Comme pour la plupart des femmes, la pression sociale est forte aussi dans l'injection d'approcher la perfection dans tous les domaines. " faire ses petits pots pour éviter la nourriture industrielle, cela fait partie de la charge mentale", admet Julie.
Compartimenter entre maison et travail
Dans son cabinet d'ostéopathie, Julie reçoit des futures mamans, avec des parcours parfois pas faciles pour être enceinte.
"Le parcours a été un peu long, avec beaucoup d'angoisses, de peur de ne pas arriver jusqu'au bout", explique Laure-Anaïs, future mère et patiente de Julie Salinas.
Pour alléger sa charge mentale, elle a appris à séparer de manière étanche sa vie de mère de famille et de thérapeute.
Julie soulage ses patientes du poids qui les entrave physiquement. Certaines subissent aussi beaucoup de pressions mentales.
"J'ai pas mal de patientes qui font des burn-out, on est confronté à tout cela et conseiller ces femmes, ces mères, en discuter. Sur le corps, cela se ressent énormément, ce sont des mamans épuisées. Il faut savoir lâcher prise, et laisser certaines choses de côté. Accepter d'être fatiguée et laisser le conjoint gérer cette partie-là. Et c'est ce pour quoi on travaille sur les ateliers avec mère-nature , cela permet de prendre du recul sur la vie de tous les jours, pour gérer au mieux sans craquer en fait", explique Julie Salinas.
Ateliers et discussions
Lors des séances en groupe, les femmes viennent échanger, sur ce qu'elles ressentent, ce qu'elles ont réussi à mettre en place et trouver un espace d'écoute.
"Selon vous pour améliorer le quotidien, vous avez des idées?", demande Nathalie Galloux experte en prévention des risques sociaux.
" Je me lève avant mes enfants, je prends ce moment pour moi au calme avec un café, pour bien démarrer la journée. avant j'étais réveillée par les enfants et c'était de suite la folie, et je n'avais pas de temps pour moi", explique une des participantes.
"C'est intéressant, car vous avez pris soin de vous", explique Nathalie Galloux.
Les créatrices de mère-nature est mère-veilleuse ont appuyé leur programme sur de nombreuses études révélatrices des risques de dépression qui pèsent sur les mères.
Elles se sentent obligées d'être parfaites.
"25% des femmes nos disent qu'elles ne sentent pas à la hauteur, qu'elles n'y arrivent pas. C'est embêtant pour la santé psychique de nos mamans", détaille Nathalie Galloux experte en prévention des risques sociaux.
" Quand mon bébé est arrivé, je n'ai pas su demander de l'aide. Du coup mon conseil ce serait ça, ne pas hésiter à formuler clairement ses besoins", évoque une autre participante de ces ateliers.
" On ne s'intéresse aux mères que lorsqu'elles craquent, peut-etre aussi parce que les mères ne tirent pas assez fort la sonnette d'alarme, il faut de l'audace et du courage aussi, pour dire ben moi je n'y arrive pas", fait remarquer Nathalie Galloux.
"C'est un sacré défi"
La méthode est enseignée avant la naissance, à la maternité de l'Etoile à Aix-en-Provence, au cours de séances prénatales auxquelles sont pleinement associés les pères.
"Il ne faut pas tomber dans les travers des générations précédentes, ne pas reproduire les mêmes schémas. C'est un sacré défi. Et ensuite, c'est au quotidien, comment on fait pour répartir toutes les tâches, la présence, réussir à s'organiser. Cela devient de plus en plus militaire pour ne pas se laisser dépasser et profiter un peu plus", témoigne Simon, père de deux enfants.
La prise en compte de la charge mentale des parents est déjà considérée par une quinzaine de maternités comme un enjeu de santé publique pour le plus grand bonheur des nouveaux nés.