La holding NJJ de Xavier Niel (Free) a racheté le groupe Paris-Turf pour un million d'euros. L'homme d'affaires prévoit la fermeture du site d'Aix-en-Provence et le licenciement des trois-quarts des salariés.
Leurs visages sont défaits. Certains crient leur désarroi en faisant des allers-retours d'une démarche énervée. D'autres restent médusés, comme paralysés par la nouvelle.
Ils l'apprennent à l'instant. Le tribunal de commerce de Bobigny vient de retenir l'offre de Xavier Niel pour la reprise du groupe Paris-Turf.
Environ 70 licenciements prévus
Ce dernier jour de juin 2020, les salariés du site aixois de Paris-Turf ne l'oublieront jamais. Ils savent que les trois quarts d'entre eux vont être licenciés.Cela fait partie du plan de NJJ, la holding personnelle de Xavier Niel, qui rachète Paris-Turf pour un million d'euros.
"C'est du gâchis", déplore Stéphane Longubardo, délégué CFDT Groupe Paris-Turf.
"Tout ça à cause d’une direction qui n’a jamais rien compris aux courses, et qui ne sait pas ce qu'est la presse.
Nous... les joueurs, nos lecteurs, notre métier, on les connaît par cœur".
Assis autour d'une table d'extérieur, un groupe d'hommes et de femmes accusent le choc.
"Et voilà, c’est fini", dit une femme d'une quarantaine d'années.
"Je suis déçue, c’est une belle injustice" lance une autre.
"On le savait mais, mais ça fait mal quand même", reprend sa voisine.
On s’attendait à ça depuis le début. Les dés étaient pipés, les administrateurs étaient contre nous. C’est toujours celui qui a le plus d’argent qui gagne malheureusement. Mais enfin, on avait encore un petit espoir".
Fermeture du site d'Aix-en-Provence
Le fondateur d’Illiad (Free) prévoit l’arrêt des éditions papier des quotidiens Bilto et Tiercé magazine, et des mensuels Stato, Cheval Magazine et Cheval Pratique. Tous sont des titres du groupe Paris-Turf.Il prévoit également l’arrêt de l’activité sur Aix-en-Provence où étaient fabriqués les magazines, et l’arrêt de l’impression à Vitrolles.
Xavier Niel pourrait mettre en œuvre des « synergies d’impressions » avec la Provence et Nice-Matin, dont il est récemment devenu actionnaire.
"Il compte conserver une trentaine d'entre nous (sur la centaine de salariés), qu'il voudra sans doute répartir dans les autres journaux. Mais on n'est pas du bétail tout de même", poursuit le délégué syndical.
Les employés du site aixois en étaient à leur huitième jour de grève, pour obtenir de meilleures conditions de reprise.
J'espère qu'on sera nombreux à lui poser des questions
Anthony Maarek, directeur général de NJJ, vient les rencontrer ce matin.
"Il va nous expliquer sa stratégie, et j'espère qu'on sera nombreux à lui poser des questions", souhaite Stéphane Longubardo. "Mais on souhaite aussi lui expliquer ce qu'est notre site d'Aix, ce qui a permis de faire la richesse de notre groupe. Ce travail des petites mains, les tarifs modérés qui étaient appliqués".
Quant à Xavier Niel, ce rachat du premier groupe de presse hippique de France, renforce le développement tentaticulaire de sa holding dans l'univers des médias.
L’homme d’affaires est également co-actionnaire du groupe Le Monde et vient de reprendre France-Antilles.