La vice-procureure Nathalie Vergez a requis deux ans de prison avec sursis et 20 000 euros d'amende contre Christian Duval, ancien directeur de l'Institut d'études politiques (IEP) d'Aix-en-Provence.
Une peine de deux ans de prison avec sursis a été requise vendredi 16 février au tribunal judiciare d'Aix-en-Provence contre l'ancien directeur de l'Institut d'études politiques (IEP) de la ville, accusé d'avoir délivré de faux diplômes dans une affaire qui avait failli valoir à l'école l'expulsion du prestigieux réseau "Sciences Po". Le ministère public a aussi requis 20 000 euros d'amende contre Christian Duval. Contre son ancien adjoint, Stéphane Boudrandi, la vice-procureure Nathalie Vergez a requis un an de prison avec sursis et 5.000 euros d'amende.
Des partenariats controversés
Les deux hommes sont poursuivis notamment pour "fourniture frauduleuse de document administratif" et "escroquerie". La procureure leur a reproché dans son réquisitoire d'être "venus vendre le renom de l'IEP", indiquant que 765 étudiants avaient été impactés. L'affaire avait été révélée en 2014 par le site d'investigation Marsactu, entraînant la démission de Christian Duval.
Directeur de l'IEP depuis 2006, il avait multiplié, moyennant finances revenant à l'établissement, des partenariats avec des écoles ou organismes, en France et à l'étranger. Des "Sciences Po" île Maurice ou Arménie avaient ainsi vu le jour, avant que le directeur ne mette soudainement fin à ces contrats très controversés en interne. En France, des instituts de formation, bénéficiant de "conventions", offraient à leurs élèves un diplôme, semblant émaner de l'IEP, tout en facturant les cursus jusqu'à 8 000 euros.
L'ancien directeur "mettait qui il voulait, où il voulait"
Christian Duval s'est "égaré de son rôle et de ses missions" dans une affaire qui a provoqué "un véritable séisme", a estimé la procureure. "L'affaire a éclaté par les faux diplômes, mais de l'enquête qui en est née, sesont révélés un nombre de dysfonctionnements absolument incroyable", a indiqué Romain Kail, avocat de l'IEP, partie civile.
Il a dénoncé "un mode d'exercice de pouvoir qui a été totalement dévoyé". Durant le procès devant le tribunal correctionnel d'Aix, ont notamment été évoqués des procès verbaux de conseil d'administration considérés comme faux et des irrégularités dans la passation d'un marché pour le site internet de l'IEP. Egalement dans le dossier, un emploi contractuel accordé au fils de Christian Duval et l'accession de son épouse au poste de responsable du service financier de l'école,dans un contexte "d'entre-soi" où le directeur "mettait qui il voulait, où il voulait", a déploré le ministère public. Des peines de 2.000 euros d'amende ont été requises contre quatre employées ou ex-employées administratives poursuivies pour "faux" ou complicité.