#SciencesPorcs : "L'an dernier, j'ai été violée", à Sciences Po Aix les témoignages se multiplient

Sur les bancs de Sciences Po Aix, la parole se libère autour du harcèlement sexuel, des agressions et du viol. Depuis quelques jours, les témoignages se multiplient sur les réseaux sociaux autour du hashtag #SciencesPorcs.

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Sciences Po Aix n'échappe pas au hashtag #SciencesPorcs, qui secoue les Instituts d'Études politiques depuis quelques jours. Dans le prolongement du mouvement #MeToo, des étudiantes de Sciences Po dénoncent les agressions sexuelles dont elles auraient été victimes au cours de leur cursus.

Sur les réseaux sociaux, les témoignages affluent par dizaines. Parmi les établissements les plus cités, celui d'Aix-en-Provence n'est pas en reste. Et les récits sont explicits.

Anonyme, une jeune femme commence son message par : "L'an dernier, j'ai été violée par un élève de ma promotion". Les mots sont forts. S'en suit une longue missive où l'étudiante décrit son mal-être et le combat qu'elle a mené pour se reconstruire.

La culture du viol est omniprésente dans les grandes écoles.

Une étudiante de Sciences Po Aix

Une autre internaute se confie : "Ancienne étudiante de Sciences Po Aix, je sais que nous sommes nombreuses à avoir été victimes d'agressions sexuelles pendant nos années là-bas. Lors de mon week-end d'intégration, un autre étudiant a profité du fait que j'étais totalement ivre pour m'agresser sexuellement alors que j'étais inconsciente. [...] La culture du viol est omniprésente dans les grandes écoles".

Le nombre de témoignages est abondant, pourtant tous vont dans le même sens. Avec un point commun : les jeunes femmes dénoncent non seulement une agression, mais aussi une omerta au sein de l'institution.

Voici quelques extraits : "À Sciences Po Aix, on a des cas comme ça. Des profs qui agressent sexuellement des étudiantes en soirée. Quand l'administration est prévenue, ils décident de le muter [...] Du côté des étudiants, on a eu un cas de viol il y a quelques années. La victime est une de mes amies proches et quand on l'a signalé à l'administration, ils nous ont répondu que ça risquait de poser problème parce qu'il voulait passer à l'ENA".

Des discours acérés, qui incriminent directement l'école réputée pour former les élites. Ce déferlement de récits est entre autres relayés par la page Instagram "Mauvais Genre".

Cette association étudiante de Sciences Po recueille la parole des étudiants et diffuse les témoignages anonymes. Sa présidente dénonce le silence des institutions : "Tout le monde est au courant. Ces agressions-là, ces viols, ce sont des secrets de Polichinelle. Tout le monde est au courant".

Il n'y a pas de culture de l'impunité.

Rostane Mehdi, directeur de Sciences Po Aix

Face à ces accusations, la direction se défend de toute "loi du silence" et assure prendre les choses en main. "Il n'y a pas de culture de l'impunité", affirme le directeur Rostane Mehdi.

"À chaque fois que l'on a été saisi d'un cas - mais il faut que nous soyons saisis, les cas qui ne sont pas portés a notre connaissance restent évidemment sous le radar - ce cas est systématiquement traité", affirme Rostane Mehdi.

"Nous avons engagé un vrai travail de professionnalisation de l'écoute. Professionnaliser l'écoute, c'est d'abord être capable de recueillir la parole, et c'est un métier".

Sur Instagram, le compte officiel de l'école a répondu directement aux accusations en rappelant que "Sciences Po Aix prend très au sérieux le sujet des violences sexistes et sexuelles".

L'école rappelle également qu'un service d'écoute des victimes existe déjà. Une solution insuffisante selon les nombreux commentaires sous la publication.

Justine, une internaute, écrit : "On ne veut pas de pansements sur les blessures, on veut des mesures pour éviter que ça recommence. Il vaut mieux prévenir que guérir !"

Le mouvement, qui prend de l'ampleur dans l'ensemble des Sciences Po en France, a fait régir de nombreux politiques. Entre autres, Frédérique Vidal, la ministre de l'Enseignement supérieur. Elle apporte son "soutien absolu" aux victimes, et salue le courage de ces prises de parole.

Elle assure avoir échangé avec les directeurs d'IEP, pour les encourager à accompagner les victimes vers la justice, "de manière à ce qu'aucun de ces actes décrits ne reste impuni".

Sur Instagram, le mouvement s'organise. Le collectif "Nous toutes" prépare un séminaire en ligne pour libérer davantage la parole. La conférence se tiendra sur la plateforme Zoom, lundi 15 février à 20h.

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