Un maçon est jugé depuis ce lundi au tribunal d'Aix-en-Provence pour avoir allumé involontairement un incendie qui a ravagé plus de 2600 hectares en août 2016. Il risque jusqu'à 5 ans de prison. Les victimes qui demandent réparation devront attendre 2022.
2655 hectares brûlés, plus de 200 bâtiments touchés. 447 plaintes déposées. Des dégâts estimés à près de 65 millions d'euros. Et un coût de 1,2 million d'euros pour le Service départemental d'Incendie et de secours (Sdis) des Bouches-du-Rhône mobilisé pendant dix jours.
Devant le tribunal correctionnel d'Aix-en-Provence, c'est l'heure des comptes pour Mostafa El Fathi, 40 ans, maçon de son état et responsable du plus gros incendie qu'aient connu les Bouches-du-Rhône ces 50 dernières années.
Tout ça pour un mégot jeté sur un chantier, le 10 août 2016. Un geste qui n'est pas "si anodin que ça", pour Maître Jean-Philippe Nouis, "parce que si on fait preuve de civilité, c'est des choses qu'on ne fait pas surtout dans notre région".
L'avocat représente la commune de Rognac et cinq personnes d'une même famille qui ont perdu trois maisons dans l'incendie.
Attisées par un vent violent et la sécheresse, les flammes avaient parcouru quinze kilomètres, jusqu'à 83 mètres par minute, pour s'arrêter aux portes de Marseille.
"Une négligence gravissime"
Clément Beraud, avocat du Sdis 13 pointe "un dossier exceptionnel mais qui part d'une négligence gravissime" mettant en jeu "des sommes astronomiques "
Pour lui, "le prévenu, qui a reconnu les fait, n'a peut-être pas encore pris conscience de la gravité de son geste".
"Si je pouvais revenir en arrière...", a déclaré Mostafa El Fathi, qui encourt cinq ans de prison et 75.000 euros d'amende.
Dans ce procès hors-norme, 437 personnes, institutions ou entreprises demandent réparation.
A l'ouverture de l'audience, l'avocat de la compagnie d'assurance Areas a contesté la validité du contrat couvrant les dommages produit par la défense. Ce volet civil de l'affaire sera étudié le 5 mai 2022. Les victimes attendront pour que la justice statue sur leurs demandes d'indemnisation.
Le procès se poursuit au pénal jusqu'à mercredi.