Il avait jeté un mégot sur un chantier, plus de 2 000 hectares avaient brûlé. Au tribunal correctionnel d'Aix s'ouvre ce lundi 15 novembre le procès hors-normes du responsable présumé de l'un des plus grands incendies du département, survenu en 2016.
C'est un procès marqué par l'immense décalage entre l'insignifiance d'un acte et la gravité de ses conséquences. Au tribunal correctionnel d'Aix-en-Provence débute demain à 9h l'audience du maçon soupçonné d'avoir provoqué l'un des plus grands incendies des Bouches-du-Rhône depuis 1973.
Le prévenu, Mostafa El Fathi, avait négligemment jeté son mégot sur le chantier de Rognac, sur lequel il travaillait le 10 août 2016, déclenchant un incendie qui avait grignoté 2.655 hectares de terrain. Le maçon avait alors tenté d'éteindre lui-même le feu avec un tuyau d'arrosage, en vain. C'est lui qui avait prévenu les pompiers.
Ce jour-là, le danger de feu était à son niveau maximum, couleur noir, avec un “risque météorologique extrême”. Des conditions qui ont permis au feu de se propager très rapidement et massivement. Poussé par un mistral à 85 km/h, l’incendie avait rapidement atteint les communes de Vitrolles, des Pennes-Mirabeau, ne s'arrêtant qu'aux portes de Marseille.
Des chiffres impressionnants
Pendant trois jours, le prévenu sera jugé pour "destruction involontaire ayant causé des dommages à l’environnement“ au cours d'un procès dont les chiffres donnent le tournis.
L’incendie avait mobilisé près de 2 000 pompiers. 8 personnes avaient été blessées, brûlées ou intoxiquées. De nombreux habitants avaient dû être évacués, 26 maisons avaient été détruites et 93 autres touchées.
447 plaintes ont été déposées par des riverains, des entreprises ou encore des institutions, comme la ville d'Aix-en-Provence, de Gardanne ou des Pennes-Mirabeau. Les dégâts sont estimés à 63 millions d'euros.
"Faire passer un message"
Le Service départemental d’incendies et de secours (SDIS) des Bouches-du-Rhône est l'un des plaignants. Une plainte surtout là pour "marquer le coup".
"Nous voulons faire passer un message. On veut montrer aux gens que chacun de leur geste peut avoir des conséquences désastreuses, qu’il faut être vigilant. Le procès de demain montre bien le décalage entre un geste insignifiant et des conséquences colossales. Et quand on voit tous les gens qui continuent de jeter leurs mégots par la fenêtre de la voiture...”, déclare le lieutenant-colonel Dumas, chef du pôle action anticipation du service.
Le SDIS ne pourra être dédommagé qu'à hauteur de 6 000 euros sur les 1,2 million d'euros que lui a coûtés la catastrophe. Reste à savoir si le procès marquera assez les esprits pour contribuer à sensibiliser les vacanciers et les habitants imprudents aux risques d'incendie.