RECIT. Guerre en Ukraine : le convoi de l'espoir arrive au camp de réfugiés de Medyka (épisode 3/5)

Cette fois, ils y sont. Parti d'Allauch dans les Bouches-du-Rhône, jeudi bien avant l'aube, le convoi de l'espoir est au camp de Medyka en Pologne, à la frontière ukrainienne. Bientôt, des réfugiés, femmes et enfants, repartiront avec eux.

Sur la route, on aperçoit des convois solidaires venus de partout : Espagne, Sicile ou encore Allemagne. Des drapeaux et une plaque étrangère en guise d’indice.

Tous convergent vers un même couloir humanitaire : Medyka, une ville polonaise située à la frontière ukrainienne. 

Quand nous arrivons sur place, nous sommes directement happées par la longue file d’attente, sans fin, de réfugiés. Essentiellement des femmes, des enfants, des personnes âgées.

Des familles qui tentent de monter dans des bus sans même savoir où ces derniers les mèneront. Fuir le pays est leur priorité, qu’importe le moyen et la trajectoire.

Armée d’un mégaphone, une femme semble donner des instructions à la foule. Les policiers, eux, chargent les bagages dans les soutes.

Aucun filtre, les animaux sont même acceptés en tant que passagers. Des chiens tenus en laisse et des chats dans leur cage s’apprêtent à faire le grand voyage avec leurs maîtres.

Stéphane, lui, a les yeux rivés sur son téléphone. Parmi tout ce monde, des centaines voire milliers de réfugiés, il doit retrouver Nastia, son ex belle-sœur ukrainienne.

Son seul point de repère : une photo reçue de sa part plus tôt dans la journée, la simple devanture d’un magasin. Non expert en technologie, nous le guidons à pied jusqu’au point GPS.

Une fois devant, Stéphane patiente quelques minutes avant de se jeter dans les bras de son amie. Ils s’enlacent un instant sans se dire un mot. Puis Nastia lui lâche un grand "merci", en français.

Il l’accompagne jusqu’à sa tente. À l’intérieur, ses enfants et le reste de sa famille qui feront partie du convoi retour, dans le fourgon de Stéphane. C’est avec une certaine pudeur qu’il revoit le fils de Nastia. Quand il l’a connu, il était haut comme trois pommes. Aujourd’hui, il a grandi et vient de fêter ses 12 ans.

Medyka, c’est un endroit où les ONG se sont installées pour venir en aide aux ukrainiens qui viennent tout juste de franchir la frontière, quelques mètres plus loin. Des leur arrivée, ils peuvent trouver refuge dans de grandes tentes à l’effigie des associations.

"Vous trouvez ça normal qu’on ne soit que sept français sur place quand tous les autres pays sont représentés par les ONG ? La France doit se réveiller !", hurle un homme, le drapeau bleu blanc rouge en guise de cape accroché à ses épaules.

Il dénonce le manque d’investissement physique des ONG françaises. Sur place, l’association Médecins du monde tient cependant un stand.

Plus loin, sur un banc, une jeune femme aux cheveux longs jaune doré, comme la couleur des champs de blé, partage un repas chaud avec ses deux garçons. Une soupe avec des morceaux de viande qui ne semble pas plaire à son plus jeune fils, a en croire sa grimace.

Les caddies chargés de couvertures, trois secouristes en combinaison rouge vif déambulent dans l’allée, cherchant du regard les personnes dans le besoin avant de leur tendre un plaid roulé.

Des boissons chaudes sont également distribuées. Il fait -5°C.

Des bulles de savon apparaissent dans l’air. C’est un enfant qui s’amuse à souffler dans son tube. Un bébé, dans sa poussette et un bonnet lui couvrant presque les yeux, tente de les attraper.

Alors que je regarde une petite fille, un nounours en peluche serré contre son ventre, son grand frère âgé de moins de 10 ans, me regarde et me fait signe de la tête. Je lui souris et poursuis alors mon chemin, avec le souvenir d’un garçon humble et protecteur à l’esprit.

En tant que journaliste, c’est la première fois que je vivais une telle scène : des réfugiés de guerres réunis dans un vaste terrain entouré de champs.

Ces hommes et ces femmes, avec des valises enveloppées de film plastique et des sacs à dos, sont en train de vivre le pire. Les médias présents, de nombreux photographes et quelques télévisions, s’en approchent timidement, sans être trop intrusifs, ni frôler les limites.

Des piles de vêtements à même le sol ou étendus sur des penderies de fortune sont triés par des ukrainiens qui tentent de s’approprier de nouvelles affaires et probablement une nouvelle vie.

Chamboulement dans le programme : Stéphane, lui, m’annonce qu’il récupère finalement 11 réfugiés supplémentaires à Varsovie pour les emmener avec lui jusqu’en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. Il est 19 heures, le soleil vient de se coucher.

De notre côté, nous prenons la route, avec Jean-Michel, habitant de Salon-de-Provence. Parmi ses passagers ukrainiens : Tania et sa fille de 4 ans, Yana. Elle porte un manteau argenté et ne veut pas lâcher sa peluche : un huskie assorti à sa veste.

Après quelques minutes, elle finit par se mettre à l’aise. Un casque sur les oreilles, les yeux rivés sur un écran de téléphone, elle savoure une barre chocolatée devant un dessin animé. Une combinaison de ski mauve pour ne pas avoir froid, elle vient se blottir dans les bras de sa mère.

Tania, elle, se réchauffe à l’aide d’un plaid rouge, la même couleur que celle des joues rebondies de Yana, allongée sur ses genoux. Une veste en cuir, les cheveux sombres et un piercing fin sur le nez, elle est exténuée. Un long voyage les attend.

(Re)lire l'épisode 1 : le convoi de l'espoir, l'aventure humaine d'une famille partie  aider des réfugiés 

Relire l'épisode 2 : le convoi de l'espoir en Pologne vers la frontière ukrainienne

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