Alors que l'éxécutif doit trancher sur la tenue du second tour des élections municipales fin juin, à Trets et Greasque, deux petites communes des Bouches-du-Rhône, les les pour et les contre s'affrontent entre enjeu sanitaire, arguments politique et économique.
La tenue du second tour des élections municipales fin juin divise. Dans un contexte d'urgence sanitaire, les maires sortants de Trest et de Gréasque, communes des Bouches-du-Rhône, ont des avis différents.
Encore en poste en raison de la pandémie de coronavirus, Jean-Claude Féraud (Divers Droite), maire de Trets n'y est pas favorable. 15 km plus loin, Michel Ruiz (Divers Centre), maire de Gréasque, veut au contraire "organiser fin juin un 2nd tour sans risque, comme le premier".
Enjeu sanitaire prioritaire
Tous les deux candidats à leur réélection, Jean-Claude Féraud et Michel Ruiz place l'enjeu sanitaire comme une "priorité" d'un éventuel second tour.Médecin, le maire de Trest, commune de 10.919 habitants, plaide plutôt pour des élections en septembre.
"Nous devons rester prudents car le virus existe encore, il est encore là. L’heure n’est pas du tout de penser aux élections, les gens n’ont pas les élections en tête. Ils seront peut-être moins dans le risque, moins dans la pensée d’une deuxième vague, si les choses vont mieux, ils auront peut-etre plus l’esprit à aller voter", indique Jean-Claude Féraud.
Le maire de Gréasque, "conscient des risques sanitaires", préfère lui une organisation rapide du scrutin dès le mois de juin.
"Nous sommes prêts à organiser un second tour sans risque, comme le premier que nous avons organisé, qui s’était très bien passé. Les règles que nous avons appliquées, nous les appliquerons avec encore plus de prudence", explique Michel Ruiz.
L'argument économique dans la balance
Ce dernier avance également l'enjeu économique. Actuellement à l'arrêt, les projets de construction doivent avant tout passer entre les mains des élus locaux."Les communes sont des donneurs d’ordre sur les travaux publics, beaucoup de projets sont arrêtés et compte tenu de la situation économique fragilisée par cette pandémie, il est urgent que l’activité reprenne", affirme le maire de Gréasque, commune de 4.217 habitants.
Sur le volet économique, Jean-Claude Féraud est plus mesuré.
"On rouvre les écoles, parce qu’il faut libérer l’économie c’est très bien, mais y’a quand même un ordre général qui est : Restons prudents. Si jamais il y avait une deuxième vague courant juin, ça serait une catastrophe, faudrait revenir en arrière, au confinement", tempère le maire de Trets.
Accepté, si imposé
Mais malgré ses réticences, Jean-Claude Féraud acceptera la décision de l'éxécutif. L'élu, candidat à sa réélection rouvrira les bureaux de vote."Les élections ne sont pas dans les esprits des Tretsois comme ailleurs, après si on doit les faire le 21 ou le 28 juin on le fera", souligne l'élu.
De son côté, Michel Ruiz va même plus loin en relevant "l'urgence" d'un second tour. Il a obtenu lors du premier tour 48,81 %.
"Il est urgent que le conseil municipal se mette en place et puisse travailler dès la rentrée prochaine, si on se met en place dès le mois de juin, l’été sera passé et on pourra voter un budget et s’attacher à réaliser les projets", déclare le maire de Gréasque.
Eviter un confinement démocratique
Au premier tour des élections en mars, la participation avait été de 54,91 % à Gréasque contre 49,15 % à Trets.Avec le second tour, les élus souhaitent "éviter un confinement démocratique". Oui mais voilà, ils ne l'entendent pas de la même oreille.
Pour le maire de Gréasque, il faut voter pour déconfiner la démocratie.
"Notre taux de participation est faible, même s'il fut de 60 % chez nous. Tous les candidats ont subi les conséquences de l’abstention. Les gens demandent à participer dès juin. Mettons en place les conseillers municipaux le plus rapidement possible pour que les équipes puissent fonctionner et ainsi on respectera la démocratie. La démocratie ne peut pas être confinée", dit Michel Ruiz.
Alors que pour Jean-Claude Féraud, arrivé troisième au 1er tour, l'absention par peur du virus est une forme de confinement démocratique.
"On évoque la démocratie, d’habitude sur Trets on a une participation de 69 %. Je pense qu’on arrive à un déni de démocratie puisque tous les gens qui ont peur, ne vont pas voter. Un peu plus tard, nous serons plus libérés sur le plan intellectuel et sur le plan médical. Il y aura une vraie représentation démocratique", selon le maire de Trets.
Des habitants partagés
Au niveau des habitants et des commerçants, les réactions sont également partagées. Les aspects sanitaires et économiques rentrent en ligne de compte pour l'organisation du second tour."Juin c’est le bon moment, septembre ça serait un petit peu tard. Nous avons besoin de savoir dans quelle direction nous allons", indique une boulangère de Gréasque.
"Vu le contexte je n’irais pas. C’est trop tôt, vu les contaminations qu’il y a eu", rétorque une habitante de Trets.
Enfin d'autres souhaitent carrément un nouveau premier tour à partir de septembre.
"Moi je trouve ça scandaleux, déjà qu’il y ait eu le premier tour. Je me déplacerai, mais je vois pas pourquoi on le ferait en juin alors qu’on est en urgence sanitaire. Et puis, pourquoi faire un second tour, alors qu’il y a eu plus d’une semaine entre les deux tours. On doit tout refaire", déclare un habitant de Trets.