Municipales 2020 : pour ou contre le second tour des élections dès juin, la question divise à Marseille

36 élus de grandes villes demandent la tenue du second tour des Municipales d’ici au 28 juin. Parmi eux, le maire de Nice, Christian Estrosi ou la candidate à la ville de Marseille, Martine Vassal. Pour d'autres, c'est encore "mettre la pression au détriment des conditions sanitaires".

Annie Hidalgo à Paris, Christian Estrosi à Nice, Michèle Lutz à Mulhouse ou encore la présidente de la métropole Aix-Marseille-Provence, Martine Vassal, candidate à la mairie de Marseille.

Comme eux, ils sont une trentaine d'élus à vouloir déconfiner les élections municipales avant la fin du mois de juin.

"Alors que notre pays vient d'entamer l'étape cruciale du déconfinement, des millions de Français attendent d'avoir un maire, une équipe municipale et communautaire en place, capable de prendre des décisions capitales pour nos écoles, nos transports, nos emplois", écrivent-ils dans les colonnes du JDD.  

Pour les signataires, la réouverture des écoles scelle la possibilité de préparer les bureaux de vote et de relancer des élections pour 22,5 millions de Français, brutalement arrêtées le 16 mars, au lendemain d'un premier tour organisé sur fond de crise sanitaire.

"Dans l'hypothèse d'une seconde vague épidémique à l'automne, comme le prévoient certains experts", indiquent ces élus, "nos établissements publics seraient bien plus efficaces s'ils étaient définitivement installés et stabilisés".

L'argument se veut économique. L'élection doit permettre de relancer la commande publique, en panne depuis l'ajournement du second tour et elle ne pourra se faire "que si les grandes villes et les intercommunalités ont la capacité de lancer des investissements publics indispensables".

Cette tribune paraît alors que l'exécutif doit trancher la semaine prochaine sur la tenue fin juin du second tour des élections municipales.

Si la vie reprend, si les conditions sanitaires sont réunies, la démocratie ne peut pas rester confinée.

Mais le gouvernement souhaite s'assurer d'un consensus politique large sur la date afin d'éviter les critiques qui ont accompagné la tenue du premier tour en mars. Cette décision doit s'appuyer aussi et d'abord sur un rapport du Conseil scientifique, attendu en début de semaine.

"Si la vie reprend, si les conditions sanitaires sont réunies, la démocratie ne peut pas rester confinée", a estimé François Baroin, le président de l’Association des maires de France. 

Le gouvernement a donné son feu vert à l'installation à partir du 18 mai des conseils municipaux élus lors du premier tour des élections municipales. Au total, ce sont plus de 30.000 communes en France qui sont concernées, sur un total de près de 35.000. 

Dans 4.922 communes, l’élection municipale n’est pas encore jouée. Si l'hypothèse de tenir le 2e tour fin juin, vraisemblablement le 28, devait être écartée, cela impliquerait de refaire l'intégralité du scrutin, à l'automne voire en mars 2021. De quoi faire pencher la balance, pour une élection bouclée avant l’été.

Le confinement démocratique a eu lieu lors du 1er tour

A Marseille, Michèle Rubirola ( Printemps Marseillais) est arrivée en tête du scrutin avec 23,4% des votes devant Martine Vassal( LR) 22,3% et Stéphane Ravier (RN) 19,5%.

"Avec 70% d'abstention lors de ce scrutin, on peut douter de la sincérité de ce 1er tour. Les gens ne se sont pas déplacés par crainte du virus", explique Stéphane Ravier candidat du Rassemblement National à Marseille, maire sortant des 13e et 14e arrondissements.

Contrairement à la présidente de la Métropole et du Département, il souhaite que "les élections se déroulent en septembre ou en octobre. Il faut laisser aux citoyens le temps de se relever psychologiquement de cette crise", détaille l'élu de l'opposition.

"J'aurai souhaité qu'on laisse ce conseil scientifique travailler et décider dans la quiètude et sans pression. Cette tribune dans le JDD n'a qu'un but de la part de la caste des élus en place depuis bien trop longtemps: mettre la pression pour la tenue du second tour au détriment des conditions sanitaires et de la santé des concitoyens", déplore Stéphane Ravier.

L'élu se dit abasourdi "devant le cynisme des signataires de la tribune, lorsqu'ils pointent le gaspillage d'argent public avec l'éventuelle annulation du 1er tour et l'organisation de deux scutins. De l'argent qu'ils voudraient soi-disant redistribuer aux soignants sous forme de prime. Ces mensonges sont cyniques, indécents de leurs parts".

Pour lui, "il faut surtout laisser les esprits s'apaiser, et laisser les électeurs revenir aux urnes par envie et non par obligation, sinon le taux d'abstention sera la même".

Le vote électronique, solution ?

Signataire de la tribune dans le JDD, Martine Vassal, présidente de la Métropole Aix-Marseille, présidente du Conseil départemental et candidate Les Républicains estime que les conditions sanitaires seront réunies fin juin.

"Nous allons avoir les plages qui vont rouvrir fin mai, donc on peut raisonnablement penser qu’on peut aller voter le 28 juin. (...) Il faut que notre démocratie soit préservée, donc il faut permettre à ce que l’expression démocratique puisse se faire".

La candidate a été elle-même atteinte du Covid-19, et soignée par les équipes du Professeur Raoult à l'IHU. Des assesseurs, présidents de bureaux et électeurs avaient été aussi touchés par le Covid-19 lors du 1er tour.

"La campagne va être différente à la fois sur les thématiques et sur la façon de faire campagne. Ce n’est pas parce que vous avez eu cette maladie que vous êtes complètement immunisés, on n’en sait rien aujourd’hui. Donc ce qui est important c’est de continuer à porter le masque dans les lieux fermés et surtout garder les gestes barrières", explique la candidate adoubée par Jean-Claude Gaudin pour incarner sa succession.

"Aujourd'hui il faut qu'on réussisse ce déconfinement et si les conditions sanitaires sont respectées, je ne vois pas pourquoi on ne pourrait pas aller voter", insiste l'élue.

Pour la candidate à la mairie de Marseille, le vote électronique pourrait aussi être une solution.

"A l’heure où on a fait un bond en avant sur le télétravail et la visio-conférence, pourquoi on ne ferait pas le vote électronique pour permettre à ceux et celles qui ont peur de sortir de chez eux, à ceux qui ne peuvent pas se déplacer de voter".

Un déconfinement maîtrisé, des élections possibles

"Le gouvernement a décidé de rouvrir les écoles, bientôt ce sera le tour des plages, parcs, jardins et les bars et restaurants le 2 juin. Dans ces conditions je ne vois pas pourquoi nous ne pourrions pas aller voter fin juin sauf si la situation sanitaire change d'ici là", indique Michèle Rubirola, arrivée en tête au premier tour des municipales à Marseille.

Selon la candidate du Pintemps Marseillais, également médecin, "la vie est en train de reprendre petit à petit et les gens se déplacent de nouveau donc cela veut dire que le gouvernement estime que c'est sans risque. Mais je ne souhaite pas que l'économie prime sur la santé de nos concitoyens"

"En suivant scrupuleusement les consignes sanitaires, avec masques, gants, gel et en appliquant la distanciation social et les gestes barrières, comme à l'école, le jour du vote cela ne devrait pas poser de problème", estime Michèle Rubirola.

Pour la représentante du Printemps Marseillais, "il y a aura le Marseille d'avant la crise sanitaire et sociale et le Marseille d'après. Le second tour sera complètement différent car tout est différent à présent".

Tout recommencer en Mars 2021

En position d'outsider, le maire honoraire des 4ème et 5ème arrondissement de Marseille et Sénateur, Bruno Gilles a une vision plus large de la situation.

"L'échec du premier tour avec un taux d'abstention record, le déconfinement à peine commencé, et une crise sociale et économique en perspective pour les semaines et mois à venir, nous laisse penser qu'un report en mars 2021 serait encore la solution la plus sage", explique le Sénateur des Bouches-du-Rhône, dissident LR.

Sa position est la même qu'au lendemain du premier tour et le début du confinement.

" Il faut se préoccuper en premier de régler la question sanitaire, puis sociale et enfin économique avant de penser aux enjeux politiques, le maire actuel peut encore rester un an de plus".

Selon lui, "le report permettra aussi de laisser les électeurs se concentrer sur la vie quotidienne et de ne pas se précipiter sous le coup de l'émotion en juin, peut-être vers les extrêmes ou d'être encore plus dans la défiance et que le taux d'abstention soit encore plus important que le 15 mars dernier".  

L'état d'urgence est en cours jusqu'au 10 juillet, et aucune élection ne peut se tenir dans ces conditions, selon lui. Bruno Gilles envisage difficilement de faire campagne, avec un masque et des gants, de ne pas tenir de réunions publiques. 

"Comment envisager des élections sereines en si peu de temps, avec la crainte de ne pas avoir assez de personnes pour jouer les assesseurs, les présidents de bureaux de votes, sans être équipés de masques ou de gel, sans faire campagne, avec des électeurs encore angoissés, à quoi cela rimerait ?".

Si sa proposition de tout recommencer en mars 2021 n'était pas retenue, Bruno Gilles demandera au Préfet de Région d'organiser les élections dans de grands espaces "afin de pouvoir mobiliser la police, pour faire respecter les sens de circulation, les distanciation sociales etc...un espace comme le parc Chanot serait idéal pour éviter les petits lieux confinés, commes dans certaines écoles de quartier". 
 
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