Cet été, pour la 2e édition des dîners insolites, 20 grands chefs dressent leurs tables dans des lieux exceptionnels, rarement accessibles au public. Le temps d'un repas, le chef aixois Ludovic Aillaud a redonné vie aux ruines du château de Boulbon, fermé depuis la Révolution française.
Perchées dans les hauteurs du village de Boulbon, les ruines du château féodal passent presque inaperçues. C’est dans ce cadre sublime que le chef aixois Ludovic Aillaud a assuré son service le temps d'une soirée, le 9 juillet, à l'occasion des dîners insolites, servis jusqu'au 29 juillet à travers les Bouches-du-Rhône.
"Il faut être Boulbonnais ou Tarasconnais pour connaître le lieu", affirme le cuisinier Emmanuel Perrodin, directeur artistique de la deuxième édition de ces rendez-vous gastronomiques estivaux lancés en 2019 par Provence Tourisme.
Entre deux assiettes à préparer, Ludovic Aillaud raconte le défi que représente à ses yeux ce dîner. "J’ai déjà cuisiné en plein air, mais là, c’est exceptionnel. Dans un tel contexte, on est plus dans l’art que dans la cuisine : on raconte une histoire", explique le chef du restaurant L'Epicurien.
Le chant des cigales et les coussins placés sur des bottes de foin en guise de sièges confèrent au dîner une atmosphère presque rustique.
La découverte d'un patrimoine remarquable
L’architecte et maçon Dominique de Lavergne a rendu possible l’organisation de ce repas inédit. Propriétaire de l'édifice depuis 2007, il a entamé sa restauration avec l'association Boulbon Château Passion. Pour Emmanuel Perrodin, historien de formation, c'est le véritable archétype du "Don Quichotte".
Au menu de ce repas : une foccacia aux olives, des associations audacieuses telles que cette courgette farcie avec du lard et du poulpe, pour un accord entre terre et mer, ou encore un millefeuille aux pêches de vigne.
"On est vraiment dans l’odeur du paysage", décrit Emmanuel Perrodin en cuisinant.
Une vue imprenable sur la plaine du Rhône
"Entre tous les assaisonnements qui rappellent tout de suite la Provence et la valorisation des vins locaux, c’est à la fois d’une grande simplicité et une véritable découverte gastronomique !", se réjouit Claudine, en pleine dégustation de sa pintade à la brousse du Rove avec un vin du domaine Château Cremade. Un beau cadeau de la part de ses enfants !
Au moment du dessert, les lumières sur les murs du château remplacent le coucher de soleil. Michel Perrodon, qui habite à deux kilomètres de Boulbon, s’émerveille de "l’ambiance magique posée par l’éclairage des ruines de nuit".
Les convives ont pris place à deux longues tables en bois, taillées dans une même pièce, qui donnent au dîner des allures de banquet. "Ça ressemble un peu à La Cène !", plaisante un client en s’installant.
Pour ce dîner insolite, un seul menu. Les assiettes sont servies sur de grandes planches de bois, par des serveurs en salopette bleu, dans une mise en scène presque théâtrale.
Isabelle Brémond, présidente de Provence Tourisme, souligne le caractère exclusif et éphémère de l’événement qui le rend d’autant plus précieux. "La table ne sera plus là demain", rappelle-t-elle.
Jean-Pierre Tribouiller est un habitué des dîners insolites depuis leur lancement. Pour lui, c’est avant tout un moment de fraternité. "Comme on est tous collés, on rencontre des gens qu’on ne connaîssait pas", confie-t-il.
Des dîners très prisés
Après deux expériences culinaires à la Digue du Large ou à l’Abbaye de Montmajour, le Marseillais a déjà acheté ses places pour deux autres dîners insolites.
"C’est presque dommage que ça se fasse connaître !", glisse-t-il. Et pour cause : tous les dîners insolites affichent complet jusqu’à la fin de juillet.