Au moment où le gouvernement français annonce la relance massive du nucléaire, les salariés de l'IRSN de Cadarache s'inquiètent d'une possible disparition.
Les salariés de l'IRSN sont inquiets, ils étaient environ une centaine à manifester tôt ce lundi 20 février sur le site de Cadarache, alors que le gouvernement doit déposer ce même jour un amendement au projet de loi d'accélération du nucléaire afin de supprimer l'institut de radioprotection et de sûreté nucléaire.
"Vous êtes au courant de ce qui nous arrive?", demande une salariée à un automobiliste en distribuant ses tracts. "La volonté de Monsieur Macron de dissoudre l'IRSN", enchaîne son collègue. "Ça a été un coup de massue, mardi dernier, nous avons eu une annonce de notre directeur général, montre en main, en quatre minutes", raconte Alain Pelletier, au micro d'Estelle Mathieu et Valérie Bourg sur place.
C'est la destruction de quelque chose qui marche.
Claude Jamont retraité de l'IRSN
"Détruire ça, c'est détruire le système où il y a une osmose depuis des années, sur l'expertise et la recherche et franchement c'est la destruction de quelque chose qui marche", Claude Jamont retraité de l'IRSN.
L'institut existe depuis vingt ans. En France, il est non seulement chargé de l'expertise scientifique du nucléaire, mais aussi des recherches sur la sécurité ou encore la radioprotection. Avec ses huit sites dont deux dans le sud de la France, il emploie 1750 salariés.
La ministre de la Transition énergétique Agnès Pannier-Runacher a fait savoir sa volonté de faire fusionner l'IRSN avec deux autres organismes en répartissant ses missions entre l'autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) et le Commissariat à l'Energie Atomique (CEA).
"Cette fusion pour nous signifie trois choses, premièrement une perte d'indépendance, ça signifie aussi une perte au niveau de l'ouverture et de la transparence parce qu'en 20 ans l'IRSN a créé une transparence envers la société civile et puis pour nous c'est un risque de perdre nos compétences", explique Philippe Bourachon, représentant de l'intersyndicale à nos journalistes.
Les salariés de l'institut criagnent un affaiblissement de l'expertise sur le nucléaire. "Aujourd'hui l'IRSN est reconnu, l'ASN est reconnue, dissoudre l'un dans l'autre nous inquiète par rapport au contrôle du nucléaire qui est forcément nécessaire", alerte Laurent Millon, secrétaire CGT du CEA Cadarache.
Une autre manifestation est prévue cet après-midi à Paris, près du ministère de la Transition énergétique.