Ce que l’on sait de la vague d’interpellations d’activistes écologistes après une action contre une cimenterie Lafarge de Provence

Quatorze personnes ont été placées en garde à vue, mardi, dans le cadre d’une enquête menée à la suite d’une action qui avait ciblé en décembre 2022 un site à Bouc-Bel-Air.

Une importante opération dans le milieu écologiste en pleine polémique autour de la prochaine dissolution du mouvement Les Soulèvements de la Terre. Quatorze personnes ont été placées en garde à vue, mardi 20 juin, dans l'enquête sur l'action menée en 2022 contre une cimenterie Lafarge de Provence par des activistes écologistes.

France 3 Provence-Alpes fait le point sur cette affaire qui remonte à décembre dernier dans un climat tendu autour des activistes écologistes.

Des interpellations menées à Notre-Dame-des-Landes et dans la région marseillaise

Ces arrestations ont été effectuées en Loire-Atlantique et notamment à Notre-Dame-des-Landes, où divers militants écologistes ont élu refuge au sein de l'ex-ZAD (zone à défendre), selon le parquet d'Aix-en-Provence, mais également "dans la région marseillaise", précise une source proche du dossier à l’AFP.

Les personnes interpellées sont soupçonnées de "dégradation en bande organisée par moyen dangereux", "dégradation en réunion" et "association de malfaiteurs", a expliqué le parquet à l'AFP. Il n'a cependant pas voulu préciser l'identité ni le profil des personnes interpellées qui sont toutes, à l'exception d'une, actuellement en garde à vue à Levallois-Perret (Hauts-de-Seine).

Une affaire que remonte à décembre 2022

Ces interpellations, menées par les policiers de la Sous-direction antiterroriste (Sdat), en lien avec la section de recherches de la gendarmerie, interviennent à la suite d'autres effectuées au début du mois lors desquelles une quinzaine de personnes avaient été arrêtées dans le cadre de cette enquête menée par deux juges d'instruction. Toutes ces personnes avaient cependant été "remises en liberté à l'issue de leur audition" et sans suite judiciaire, a précisé à l'AFP le parquet d'Aix-en-Provence.

En décembre dernier, plusieurs dizaines d'activistes du climat avaient pris pour cible une cimenterie située à Bouc-Bel-Air (Bouches-du-Rhône) du groupe Lafarge, accusé d'être un gros "pollueur" au niveau mondial, en y occasionnant d'importants dégâts.

Dans une vidéo de cette opération, postée à l'époque sur plusieurs sites, on apercevait des dizaines de personnes vêtues de combinaisons blanches à capuche marcher sur un sentier. Sur d'autres plans, des militants vêtus des mêmes combinaisons s'en prenaient à une caméra de surveillance à coups de marteau ou à un tuyau à coups de hachette.

Un texte anonyme accompagnant cette vidéo avait revendiqué l'action contre le "cimentier-pollueur" en précisant que celle-ci avait été menée par "200 personnes (qui) ont envahi et désarmé par surprise l'usine Lafarge de la Malle à Bouc-Bel-Air".

Une opération qui intervient en pleine polémique autour des Soulèvements de la Terre

A l’époque, le mouvement informel les Soulèvements de la Terre (SLT) avait salué cette action "contre le géant écocidaire du béton" sans pour autant la revendiquer. "Nous avons décidé de relayer dès maintenant ce communiqué, la vidéo (...), en espérant que cette action déterminée et qui en appelle à d'autres, trouve l'écho qui lui est dû", pouvait-on lire sur leur site.

Mais le parquet d'Aix-en-Provence n'a pas voulu établir de lien entre ces arrestations et SLT, dans le collimateur du gouvernement qui doit prononcer sa dissolution mercredi en Conseil des ministres comme l'a confirmé le ministre de l'Intérieur, Gérald Darmanin, mardi, à l'Assemblée nationale.

Répondant mardi à une question du député Renaissance Thomas Rudigoz qui dénonçait les violences survenues entre forces de l'ordre et militants écologistes lors de la manifestation contre la liaison ferroviaire Lyon-Turin, le ministre de l'Intérieur a défendu le décret de dissolution des SLT en faisant valoir qu'"aucune cause ne justifie qu'on blesse des policiers et des gendarmes".

En octobre, lors d'une première manifestation contre les "méga-bassines" à Sainte-Soline (Deux-Sèvres), le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin avait fustigé "l'écoterrorisme" des auteurs de violences en pointant du doigt ce groupe, présenté comme appartenant à la mouvance de l'ultragauche.

SLT est un groupement "de fait", c'est-à-dire pas formellement déclaré comme association auprès des pouvoirs publics, né en janvier 2021 dans l'ex-ZAD de Notre-Dame-des-Landes et devenu l'un des acteurs principaux de la contestation écologiste "radicale". Il revendique des actions d'occupation ou parfois de sabotage au nom de la défense de l'environnement.

Depuis l'automne dernier à Sainte-Soline, le collectif multiplie les actions : en mars une nouvelle fois dans les Deux-Sèvres, en mai à Rouen contre un contournement autoroutier de la ville, à Saint-Colomban (Loire-Atlantique) le 11 juin contre l'exploitation du sable, et le week-end dernier contre la liaison ferroviaire Lyon/Turin.

Un rassemblement prévu mardi soir à Marseille

Des interpellations sont vivement critiquées par Jean-Luc Mélenchon. Les militants des Soulèvements de la Terre sont "réprimés comme des terroristes qu'ils ne sont pas", a dénoncé mardi sur Twitter, le leader de La France insoumise.

Un rassemblement est prévu devant la préfecture de Marseille mardi soir à l’appel d’Europe-Ecologie-Les Verts, la Ligue des droits de l’Homme, mais aussi les Soulèvements de la Terre pour dénoncer ces arrestations, a appris France 3 Provence-Alpes.

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