Le rapport annuel du Haut comité pour le logement des personnes défavorisées est consacré à Marseille. Ces rapporteurs évoquent une "crise humanitaire" dans la cité phocéenne. Des carences dans la lutte contre l'habitat indigne sont notamment dénoncées.
Le Haut comité pour le logement des personnes défavorisées, paru le jeudi 21 novembre, dénonce, en matière de mal-logement à Marseille, "une continuité de défaillances systémiques des dispositifs et des acteurs publics".
L'organisme rattaché à Matignon et présidé par Marie-Arlette Carlotti, élue d'opposition (Parti Socialiste) à la mairie de Marseille, consacre son rapport annuel à la cité phocéenne.Synthèse du rapport du Haut Comité sur l’habitat indigne à Marseille pic.twitter.com/vb1sZjnmu1
— HCLPD (@Hclpd1) November 21, 2019
"Avec plus de 3.000 personnes délogées en un an selon les recensements officiels, à Marseille, la crise du logement est devenue une crise humanitaire", explique Marie-Arlette Carlotti.
Aucune politique pour traiter les 40.000 logements indignes
Selon le rapport, "malgré des alertes données de toute part depuis de nombreuses années, les acteurs publics n'ont jamais mis en oeuvre une politique permettant de traiter les 40.000 logements indignes et d'assurer le droit au logement des 100.000 personnes y habitant".Du côté de la majorité municipale, Yves Moraine, maire des 6e et 8e arrondissements de la ville, affirme "ne pas avoir eu le rapport, seulement révélé par voie de presse".
"Le système du traitement de l'habitat indigne est complexe, partagé entre les différentes institutions. Ces remarques ont été déjà faites dans de précédents rapports. Il faut aujourd'hui simplifier, clarifier les procédures pour que ça fonctionne mieux", déclare Yves Moraine.
L'élu va même plus loin. "Madame Carlotti dénonce une situation mais n'a pas permis son amélioration alors qu'elle avait des prérogatives au niveau de l'Etat".
La gestion municipale d'après-crise pointée du doigt
Le rapport évoque également "une gestion chaotique de la crise avec 678 ménages encore hébergés en attente de retour dans leur logement ou d'attribution d'un logement social".Yves Moraine rejette catégoriquement cette analyse.
"La municipalité a réussi à gérer cette crise sans précédent en faisant face au relogement de près de 3.000 personnes. Nous avons mis tous les moyens avec une efficacité et une humanité", dit Yves Moraine.
77.477 demandes de HLM
Un total de 77.477 demandes de HLM sont en souffrance, selon l'AFP, dans la métropole Aix-Marseille-Provence, où peu de communes respectent leurs obligations en la matière, la faute notamment à "la persistance d'un manque de volonté politique"."De nombreux ménages sont contraints d'habiter dans des logements insalubres et dégradés du centre ancien de Marseille", déplorent les rapporteurs, en demandant davantage de logements "très sociaux, mais sans que ceux-ci ne soient cantonnés dans les quartiers Nord de la ville, les plus populaires".
Face aux critiques, Yves Moraine évoque "1.300 à 1.500 logements sociaux sur les 5.000 construits cette année à Marseille, soit 25 à 30%".
Les services de l'Etat visés
Si l'inaction de la mairie est pointée, les services de l'Etat sont également visés : "La question se pose de savoir pourquoi le préfet ne s'est jamais substitué à la municipalité ouvertement défaillante", en matière d'arrêtés de péril comme d'insalubrité, "engageant potentiellement sa responsabilité".Pour "sortir de la crise à court et long terme", le Haut conseil formule également 20 propositions, allant de la construction de davantage de logements sociaux à la "sortie de l'incurie des pouvoirs publics" en matière de résorption de l'habitat indigne.