500 hectares de panneaux solaires sur des étangs : on vous explique pourquoi le maire de Fos-sur-Mer renonce finalement au projet

D'abord favorable, René Raimondi a demandé le 19 avril le retrait immédiat du projet d'énergie photovoltaïque flottante sur les étangs de Lavalduc et d'Engrenier, alimentant une usine de production d'hydrogène.

La concertation n'est pas terminée, mais le parc solaire flottant ne verra pas le jour à Fos-sur-Mer (Bouches-du-Rhône). Le maire (DVG) René Raimondi a demandé "le retrait total et immédiat du projet HyVence" sur les étangs de Lavalduc et d'Engrenier, a-t-il annoncé le 19 avril dans un communiqué.

Cette centrale prévoyait 1,5 millions de panneaux répartis sur 500 hectares et l'installation d'une usine d'hydrogène, classée Seveso sur le plan d'Aren, entre les deux étangs. "Ce projet avait du sens en étant 100% vert et circulaire, mais il n'est pas question qu'il soit une controverse au sein de la famille fosséenne", explique le maire d'abord favorable au projet avant de s'aligner sur les maires voisins d'Istres, Port-de-Bouc, Saint-Mitre-les-Remparts, qui y sont opposés.

France 3 Provence-Alpes vous explique pourquoi le maire de Fos-sur-Mer renonce finalement au projet.

Qu'est-ce que le projet HyVence ? 

Le projet "HyVence", contraction des mots hydrogène et Provence, est porté par la société Geosel, spécialisée dans le stockage souterrain d'hydrocarbures, et le gestionnaire du réseau public de transport d'électricité RTE. Son objectif est de produire une énergie décarbonée pour remplacer progressivement les énergies fossiles dans le bassin industriel. 

"HyVence" prévoit un parc photovoltaïque de 1,5 millions de panneaux solaires sur 500 hectares, recouvrant 80% des étangs de Lavalduc et d'Engrenier. L'équivalent de 700 terrains de football.

Parallèlement, une usine de production d'hydrogène à bas carbone doit être installée sur le plan d'Aren, entre les deux étangs. Cette usine doit permettre de produire 15 000 tonnes d'hydrogène par an, afin d'alimenter en énergie les nombreuses industries voisines.

Le démarrage de la production était programmé pour 2029.

Pourquoi les riverains y sont-ils opposés ?

Alors que la concertation publique a débuté le 27 mars et se poursuit jusqu'au 20 mai, plusieurs collectifs de riverains s'opposent au projet. Une "marche citoyenne" a eu lieu le 17 mars. 

"Ils ont choisi le dernier poumon vert de Fos-sur-Mer", dénonce Jean-Louis Sanial, du collectif "Sauvons les Etangs", à l'origine d'une pétition contre le projet qui a récolté près de 1 500 signatures. Pour les opposants, l'installation de ces panneaux "menace l'équilibre délicat" d'un "écosystème précieux, abritant une biodiversité riche et variée" dans les étangs de Fos-sur-Mer.

Selon Stéphane Coppey, administrateur chez France Nature Environnement (FNE) dans les Bouches-du-Rhône, "l'impact semble à première vue relativement limité". La concentration en sel "très élevée" empêche certaines plantes, les tortues cistudes et même les poissons de s'y épanouir, ce qui limite l'attrait de la zone pour les oiseaux, indique le dossier de la concertation préalable consultable en ligne.

Pourquoi le maire de Fos a changé d'avis ? 

D'abord "contre". Dans un communiqué, René Raimondi rappelle qu'à son retour à la mairie, il s'était déclaré non favorable au projet HyVence "au regard des sacrifices déjà consentis par les Fosséens sur leur territoire".  L'édile expliquait ainsi vouloir préserver "tel quel" l'est de la commune.

Ensuite "pour". Le maire de Fos a ensuite changé d'avis, en prenant conscience de l'importance de la décarbonation et des projets d'énergies renouvelables dans le contexte du réchauffement climatique. "C'est ainsi que j'ai changé d'opinion sur HyVence car ce projet est avant tout un projet d'énergie renouvelable", écrit l'édile dans le communiqué.

Finalement "contre", même si le maire pense toujours qu'"il fallait le faire". Les maires de Port-de-Bouc, Saint-Mitre-les-Remparts et Istres s'étant tour à tour positionnés contre le projet, René Raimondi renonce à se battre seul, alors que souligne-t-il auprès de France 3 Provence-Alpes, "ce n'est pas mon projet". Les Fosséens non plus n'en veulent pas. "Dont acte", dit-il. "A partir du moment où les habitants disent 'non', c'est aussi que le porteur de projet n'a pas fait preuve de pédagogie suffisante". Pour lui, ce genre de projet ne peut pas voir le jour sans l'assentiment des populations. 

Le maire s'avoue cependant "un peu déçu" parce qu'il faut selon lui "réagir contre le réchauffement climatique", et "tout est bon à prendre". "Si on n'agit pas et si on considère que c'est toujours chez le voisin qu'il faut que ça se fasse, on n'avancera pas".

"A Fos, on est dans une zone qui a déjà beaucoup souffert avec 7500 hectares déjà consacrés à l'industrie", argumente le maire qui reconnaît que ce projet à l'est posait problème.

Quels sont les autres projets prévus à Fos ?

Trois autres projets sont en cours au sein de la zone industrialo-portuaire de Fos-su-Mer. Gravit'Hy est un projet de production de fer réduit bas carbone, et H2V, une usine de production d'hydrogène vert.

Par ailleurs, la société Carbon porte un projet d'implantation d'une giga-usine de panneaux solaires de 60 hectares. La phase de concertation préalable, qui a débuté en septembre, se poursuit jusqu'au 30 octobre. Ce jeudi 18 avril, une nouvelle étape a été franchie avec le dépôt formel de la demande de permis de construire auprès de la Mairie de Fos-sur-Mer.

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