La société Carbon porte un projet d'implantation d'une giga-usine de panneaux solaires de 60 hectares sur la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer. La phase de concertation préalable a débuté le 11 septembre et va se poursuivre jusqu'au 30 octobre.
La start-up française Carbon envisage de construire sa première usine de fabrication de produits photovoltaïques "made in France" sur la commune de Fos-sur-Mer, sur le Grand Port Maritime de Marseille.
Le projet est entré dans le processus de concertation préalable le 11 septembre sous l’égide de la Commission nationale du débat public (CNDP). La population locale a jusqu'au 30 octobre pour poser ses questions sur ses enjeux.
France 3 Provence-Alpes répond à 5 questions à savoir sur la future giga-usine.
Qu'est-ce que ce projet de giga-usine?
Cette giga-usine est la première du genre en France, et aussi en Europe. Carbon veut maîtriser toute la chaîne de valeur de la production de cellule et de panneaux photvoltaïques, pour réduire la dépendance de la France à la Chine. Les installations comprendront sur un peu plus de 60 hectares : trois bâtiments de production, des entrepôts et espaces de stockage, divers bâtiments techniques et tertiaires ou encore des espaces verts.
L'industriel lyonnais veut en faire à terme la plus importante usine de production de panneaux solaires en Europe. Le maire de Fos, René Raimondi, ambitionne de créer sur sa commune "la Silicon valley d’une cinquième révolution industrielle : celle de l’industrie durable".
Pourquoi ce projet fait-il autant parler ?
Le coût de ce projet colossal est estimé à 1,5 milliard d’euros. La mise en service est prévue au deuxième semestre 2025, avant une montée en puissance graduelle d'une année, au terme de laquelle une production d'électricité d'origine solaire de 5 gigawatts sera produite chaque année. Elle pourra générer plus de 3000 emplois directs, selon Carbon.
"Cette fabrication de panneaux photovoltaïques qui va du lingot (de silicium) jusqu'au module, c'est un processus intégré global qui n'existe pas aujourd'hui en Europe", a souligné le président du conseil de surveillance du GPMM, Christophe Castaner, aux yeux de qui c'est un "outil de reconquête de souveraineté nationale et européenne".
Pourquoi Carbon a-t-il choisi Fos-sur-Mer ?
L'industriel lyonnais explique que "les terrains de 60 hectares en capacité d’accueillir un site industriel ne sont pas nombreux".
Le groupe Carbon a retenu le site de Fos pour ses atouts : il est "idéalement situé sur la côte méditerranéenne au sein du Grand Port Maritime de Marseille", il dispose de connexions aux grandes infrastructures routières, des liaisons ferroviaire, fluviale et maritime directes. Enfin, il se situe au cœur d’un bassin d’emploi attractif.
En quoi consiste la concertation préalable ?
C'est la première phase règlementaire, qui doit mener à la construction de la giga-usine de Fos. La concertation préalable doit informer le public du projet et lui permettre de participer en posant des questions sur les enjeux du projet porté par la société Carbon. La phase de concertation a débuté le 11 septembre et s'achèvera le 30 octobre.
Une réunion d'ouverture s'est tenue le 12 septembre à Fos. Cinq autres seront organisées pour dans des communes du pourtour de l'Etand de Berre permettre aux habitants de débattre de l’opportunité, des objectifs et des caractéristiques principales du projet. La première réunion publique sera précédée d'une visite sur le terrain envisagé pour la construction de l'usine. Une inscription préalable est obligatoire.
Le périmètre de la concertation préalable englobe les 21 communes de l’arrondissement d’Istres.
Le projet est-il critiqué ?
Le site sera classé Seveso en raison de la consommation électrique annuelle estimée à 1,2 TWh et le stockage des matériaux.
Le mastodonte est critiqué pour sa gourmandise en eau. Pour fonctionner, la giga-usine a besoin de 2,7 millions de m3 d’eau douce par an, soit “la consommation annuelle d’une ville de 30 000 habitants”, selon Marsactu. Le site d'information pose aussi la question de l'alimentation en électricité du site.
Pour l’Association de défense et de protection du littoral du golfe de Fos, la construction de cette giga-usine et le flux important de poids-lourds alimentant l'usine implique de réaménager les axes routiers. Se pose aussi le problème du déplacement des 3000 personnes travaillant sur le site et les 500 000 tonnes qui quitteront l'usine chaque année.
Le maire René Raimondi, a lancé un manifeste, signé par des maires du périmètre concerné et des industriels, comme ArcelorMittal, et adressé en juillet au président de la République. Les signataires demandent à l’État d’investir urgemment dans le réseau routier du site industrialo-portuaire de la zone de Fos.