Le projet Hyvence prévoit de poser 500 hectares de panneaux solaires flottants sur les étangs de Lavalduc et d'Engrenier, à Fos-sur-Mer. L'objectif : alimenter en électricité une usine d'hydrogène pour décarboner le bassin industriel. Les opposants dénoncent le choix du site, sur l'un des derniers espaces verts de la ville.
Poser 500 hectares de panneaux solaires flottants sur les étangs de Lavalduc et d'Engrenier, à l'est de Fos-sur-mer (Bouches-du-Rhône), et construire une usine de production d'hydrogène juste à côté : voilà dans les grandes lignes le projet "HyVence", porté par la société Geosel, spécialisée dans le stockage souterrain d'hydrocarbures, et RTE, le gestionnaire du réseau public de transport d'électricité.
Comme avec Gravit'Hy et H2V, deux autres projets de production d'hydrogène à Fos-sur-Mer, et la giga-usine de panneaux solaires que la société Carbon veut implanter, l'objectif est de remplacer progressivement les énergies fossiles dans le bassin industriel.
Mais le projet suscite déjà une forte opposition chez certains riverains, inquiets à l'idée de ne plus avoir accès à l'un des derniers espaces verts de la ville. Une "marche citoyenne" est prévue dimanche 17 mars, avant l'ouverture de la concertation publique, le 27 mars, jusqu'au 20 mai. Voici quelques chiffres pour en comprendre les enjeux.
500 hectares de panneaux photovoltaïques
Le projet "HyVence" prévoit de recouvrir 80% des étangs de Lavalduc et d'Engrenier, à l'est de Fos-sur-mer, avec des panneaux photovoltaïques, soit une surface équivalente à 700 terrains de football. En parallèle, une usine de production d'hydrogène doit être installée sur le plan d'Aren, juste à côté de l'étang d'Engrenier. L'objectif : alimenter en énergie les nombreuses industries situées à proximité.
Mais l'emplacement fait déjà grincer des dents certains riverains : "Ils ont choisi le dernier poumon vert de Fos-sur-Mer", dénonce Jean-Louis Sanial, du collectif "Sauvons les Etangs", à l'origine d'une pétition contre le projet signée par près d'un millier de personnes. Les pétitionnaires redoutent notamment la condamnation d'un sentier de promenade entre les deux étangs et "la perte d'espaces naturels très fréquentés", dans l'est de la ville jusqu'alors préservé.
En ce qui concerne la biodiversité, en revanche, "l'impact semble à première vue relativement limité", selon Stéphane Coppey, administrateur chez France Nature Environnement (FNE) dans les Bouches-du-Rhône. La concentration en sel "très élevée" empêche certaines plantes, les tortues cistudes et même les poissons de s'y épanouir, ce qui limite l'attrait de la zone pour les oiseaux, indique le dossier mis en ligne dans le cadre de la concertation.
15 000 tonnes d'hydrogène
L'usine installée sur le plan d'Aren doit permettre de produire 15 000 tonnes d'hydrogène par an, un carburant présenté comme un élément majeur de la transition vers la neutralité carbone. Le gaz sera produit par électrolyse, un procédé qui décompose l'eau en dioxygène et dihydrogène gazeux grâce à un courant électrique.
Selon les porteurs de projets, ce courant sera produit grâce à de l'électricité "renouvelable", celle produite par les panneaux voltaïques, ainsi que de l'électricité "bas carbone" : "typiquement de l'électricité nucléaire", lit-on encore dans le dossier de concertation préalable.
Ce dernier point inquiète particulièrement Stéphane Coppey, de France Nature Environnement : "L'hydrogène devrait être produit exclusivement grâce aux panneaux photovoltaïques sur les étangs", fait valoir l'administrateur de l'association. FNE a déjà émis des réserves concernant les projets H2V et Gravit'Hy, qui prévoient aussi de produire de l'hydrogène pour alimenter le bassin industriel de Fos-sur-Mer. L'association estime en effet que la production d'électricité nécessaire pour faire marcher les usines est trop importante.
700 à 800 gigawatt-heure
Grâce aux panneaux photovoltaïques, Geosel entend produire 700 à 800 gigawatt-heure (GWh) par an, "soit l’équivalent de la consommation domestique de 400 000 habitants", selon le dossier de concertation préalable.
Un système de raccordement électrique sera mis en place entre le parc photovoltaïque, l’unité de production d’hydrogène et la sous-station électrique. Un poste électrique de raccordement au réseau électrique sera aussi installé "soit au niveau du plan d’Aren, soit à proximité du bassin d’Engrenier", lit-on encore.
700 millions d'euros
L’investissement nécessaire est chiffré à environ 700 millions d’euros pour réaliser le projet, raccordement électrique compris, "dont environ deux tiers seraient affectés à la réalisation du parc photovoltaïque et un tiers à la mise en place d’une unité de production d’hydrogène", précise le dossier de concertation. Geosel entend mobiliser ses actionnaires, obtenir des fonds publics et éventuellement de contracter une dette auprès de la banque, mais "les dispositifs de financement ne sont pas finalisés à ce jour", précise la société.
30 emplois
400 emplois seront mobilisés pour construire le parc photovoltaïque et l'usine de production d'hydrogène, selon les porteurs de projets. Et à terme, une trentaine d'emplois directs seront nécessaires pour faire fonctionner le site. La mise en exploitation d'HyVence est prévue pour 2029.