La ville de Jouques figure parmi les premiers "territoires zéro chômeurs" expérimentés depuis 2016. Le projet de loi de finances 2024 prévoit une baisse de la subvention allouée à ce dispositif, de quoi inquiéter l'entreprise à but d'emploi de la commune du Pays d'Aix fondée grâce à cette loi.
Au galop depuis 2016, l'Élan de Jouques devrait se voir contraint de réduire ses coûts de fonctionnement en 2024, face à une baisse de la subvention de l'État. Cette entreprise à but d'emploi (EBE) a vu le jour en 2016 à l'issue d'une expérimentation votée à l'unanimité par l'Assemblée nationale : la création de 58 "Territoires zéro chômeur de longue durée".
Ce programme offre à ces EBE la possibilité d'embaucher en contrat à durée indéterminée des personnes éloignées du marché du travail. C'est dans ce cadre que l'Élan de Jouques est né mais sept ans plus tard, son fonctionnement est menacé.
Un "bon élève" au niveau national
Le gouvernement a annoncé dans un arrêté imposé par le ministère du Travail qu'il allait réduire son niveau de prise en charge des emplois créés dans ces "territoires zéro chômeur". Concrètement, 7% du salaire brut ne sera plus financé par l'État, soit une diminution de 122 euros par mois pour un SMIC à temps plein. En France, 3600 personnes ont retrouvé un emploi grâce à ce dispositif dont 89 à l'Élan de Jouques.
Un crève-cœur pour le maire de la commune, Éric Garcin, qui a signé une tribune dans Libération demandant l'investissement de 20 millions d'euros supplémentaires (à l'échelle nationale) pour cette expérimentation. "C'est un choix social que doit faire le gouvernement, tranche l'édile. Il faut choisir si on veut vraiment aider les gens à sortir de la misère. Jouques fait partie des premières communes engagées dans ce programme en 2016, l'Élan fait partie des bons élèves au niveau national, mais je signe cette tribune par solidarité avec les autres territoires."
Un trou budgétaire à combler
À l'heure actuelle, l'entreprise à but d'emploi du Pays d'Aix n'est pas en difficulté financièrement, malgré le "trou dans notre budget de fonctionnement que cet arrêté va inévitablement provoquer" selon Ludwig Rouault, directeur de l'Élan. Les salaires vont réduire, et on va peut-être devoir augmenter les tarifs de nos prestations à l'avenir. Sur le transport à la personne ou la laverie par exemple, il va falloir rajouter quelques euros pour compenser cette perte."
Cette société pas comme les autres compte aujourd'hui 53 salariés. Son identité pourrait évoluer face à cette baisse de subvention détaille Ludwig Rouault : "C'est dommage pour l'ADN de notre entreprise, regrette-t-il. On n'a pas vocation à développer des activités et du chiffre d'affaire. Même s'il va falloir trouver notre autonomie, nous ne sommes pas une entreprise à but lucratif malgré tout."
"Ils travaillent sur des missions où personne ne viendrait"
Eric Garcin insiste surtout sur le rôle social de l'Élan. "À la mairie, ils travaillent sur des missions où personne ne viendrait, assure le maire de Jouques. Ils sont très souples et souvent disponibles. Sur notre Mémorial National des Harkis, certains panneaux ont été construits sur des supports posés par cette entreprise. Ils ont élaboré tout ça dans leur atelier de bois en un temps record. D'autres entreprises le font, mais pas sur la commune qui est très isolée, et pas à un prix aussi raisonnable."
En moins de 10 ans, l'entreprise à but d'emploi du Pays d'Aix est devenue le premier employeur de la commune de Jouques.