Incendies : "On est conscients que c'est un métier dangereux", témoigne un instructeur de Canadair après la mort de deux pilotes en Grèce

Un bombardier d'eau s'est écrasé, mardi, en luttant contre d'immenses feux en Grèce. Alors que les Bouches-du-Rhône sont placées en alerte rouge pour les incendies, un instructeur détaille les risques que les pilotes de bombardiers d'eau encourent lors de leur combat face aux flammes.

Les images, terribles, ont fait le tour du monde. Un bombardier d'eau de type Canadair s'est écrasé mardi, 25 juillet, en Grèce alors qu'il luttait contre un incendie de forêt dans le sud de l'île d'Eubée. Ses deux pilotes sont morts, a annoncé le ministère grec de la Défense. L'accident s'est produit alors que des centaines de pompiers et au moins quatre avions luttaient contre les flammes sur cette île proche d'Athènes et que la Grèce est en proie à des incendies incontrôlables et à des températures caniculaires depuis dix jours.

Bien qu'il connaisse très bien ce genre de situations périlleuses, Fabrice Quintaine, instructeur et commandant de bord de Canadair basé à Nîmes-Garons, ne souhaite pas commenter ce drame car il n'est pas habilité à s'exprimer sur une enquête en cours.

En revanche, les risques qui existent à piloter ce type d'engins dans les incendies, il y est confronté à chaque fois qu'il doit intervenir sur un feu. Les Bouches-du-Rhône sont classées en alerte rouge face aux incendies, depuis mardi 25 juillet. En cas d'incendie important, Fabrice Quintaine pourrait intervenir, notamment sur des zones inaccessibles aux moyens terrestres. "On est tous conscients que c'est un métier dangereux, souffle-t-il, contacté par France 3 Provence-Alpes. Ce n'est pas toujours l'objectif, qui est risqué, parfois, c'est l'approche."

S'adapter au terrain

Pour effectuer un largage efficace, les pilotes doivent se positionner à une trentaine de mètres (110 pieds) de leur objectif, à une vitesse compatible avec l'ouverture des portes de leur avion. "Un petit 200 km/h, précise le pilote. Pour cela, il nous faut gérer notre énergie. On a un cas général, à partir duquel on s'adapte. Le schéma s'adapte en fonction du relief, des obstacles, du vent, des fumées qui peuvent nous gêner."

Lors d'une intervention sur un incendie, les Canadair volent en groupe, appelés "noria". "On amène tous notre eau. Le chef de noria se met d'accord avec le pompier chef des opérations de secours et décide de l'objectif pour l'ensemble noria."

L'importance de l'entraînement

"Pour éviter les difficultés, nous sommes comme des pianistes avant un concert. Si vous voulez être bon le jour du concert, il faut pratiquer. Dans notre cas, cela signifie s'entraîner à suivre les bonnes trajectoires, les bonnes procédures."

Durant la saison hivernale, les pilotes s'entraînent sur les terrains proches de la base de la Sécurité civile, située à Garons, dans le Gard. Quand ils changent de département ou de région, ils sont confrontés à des terrains toujours différents.

Selon Fabien Quintaine, il faut environ sept ans à un pilote qui entre à la sécurité civile comme commandant de bord, pour obtenir la qualification optimum. 

Le dernier crash mortel de bombardier d'eau en France remonte à 2019. Dans son rapport sur l'accident, le Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile (BEA) avait pointé pointe le manque d'effectifs et de formation des pilotes.

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