Inondations dans le Pas-de-Calais : un tel phénomène de crues peut-il se produire en Provence ?

Près de 900 zones présentant un risque d'inondations sont répertoriées dans notre région, touchée à de nombreuses reprises ces trente dernières années par des épisodes de crues dramatiques. Pour autant, un scénario tel que celui que connaît le Pas-de-Calais "n'est pas envisageable à l’identique dans notre région" selon un spécialiste.

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Plus de 240 communes reconnues en état de catastrophe naturelle, une vigilance rouge maintenue ce mardi 14 novembre pour de nouveaux risques d'inondations : le Pas-de-Calais est confronté à des crues record, le cumul de pluie à l'échelle du département ayant presque atteint 250 mm – soit 250 litres d'eau par m2 – en trois semaines. Un tel scénario est-il envisageable en Provence ? La réponse est mitigée.

Dans notre région, les inondations constituent un risque majeur, associé au caractère "extrême" du climat méditerranéen, qui alterne sécheresse estivale et violentes précipitations automnales. L'Observatoire régional des risques majeurs recense 899 zones vulnérables impactées par "l'aléa inondation" en Provence Alpes Côte d'Azur.

"Si des pluies brutales s'abattaient comme dans le Nord de la France, on ne serait pas touchés de la même manière", explique Antoine Nicault, coordinateur et animateur du GREC Sud. Selon cet expert, les explications sont à la fois météorologiques, géologiques et structurelles : "Dans le Pas-de-Calais, les caractéristiques du territoire sont différentes, la géographie n'est pas la même et le département est vraiment au niveau de la mer, avec des coefficients de marées. À marée haute, l'eau ne s'évacue pas".

Autre différence, selon Antoine Nicault, l'urbanisation n'a rien de commun avec la Provence, " il n'y a rien pour faire barrage à l'eau, pas de haies, ni de digues." Et enfin, indique l'expert, la particularité de ces inondations est surtout " de combiner deux phénomènes, crues éclairs et crues lentes, à cause des précipitations qui durent".

"Les épisodes d'intempéries vont s'intensifier"

Les crues, selon la définition du BRGM, qui étudie leurs mécanismes depuis 2001, sont des événements qui trouvent leur source à la fois en surface et sous-terre : ruissellements, écoulements et saturation des nappes, porosité des sols, capacité relative de la rivière à évacuer cette eau, les facteurs sont multiples. Une équation multifactorielle, à laquelle il faut ajouter désormais la donnée "réchauffement climatique".

On ne va pas devoir partir de là où on habite pour se protéger des crues, mais il va falloir revoir la façon dont on habite nos territoires

Antoine Nicault, coordinateur du GREC Sud

France 3 Provence-Alpes

Pour Antoine Nicault, " il faut s'attendre à une intensification de ces épisodes de fortes précipitations", en raison de la hausse des températures de l'air et de la mer, ce qui va nécessiter une adaptation.

Selon lui, la question de l'habitabilité ne se pose pas tout de suite, "on ne va pas devoir quitter nos habitations, mais commencer à déplacer des infrastructures, des maisons, des activités très exposées au risque".

De nombreux drames en 30 ans

Depuis 2016, une campagne de prévention "pluies intenses, inondation" est lancée par la préfecture de la région , tous les ans à l'automne dans l'arc méditerranéen, pour former et informer les citoyens susceptibles d'être confrontés à ces épisodes météorologies dangereux.

Des mesures de précautions qui s'imposent. Dans le Vaucluse, les Bouches-du-Rhône, le Var et les Alpes-Maritimes, les catastrophes climatiques se sont multipliées ces trente dernières années, faisant de très nombreuses victimes et d'importants dégâts matériels parfois irréversibles.

Encore vivace dans les esprits, un traumatisme collectif demeure : celui de Vaison-la-Romaine en septembre 1992, lorsque l'Ouvèze a brutalement quitté son lit, emportant tout sur son passage, balayant un camping qui n'avait pu être évacué malgré l'alerte. Le bilan fut de 39 morts.

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